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Tensions et inquiétudes

Plus de 400 millions d’euros mobilisés pour les éleveurs porcins. Photo Yannick Derhille
Plus de 400 millions d’euros mobilisés pour les éleveurs porcins. Photo Yannick Derhille

Vendredi 17 juin se tenait l’assemblée générale d’Interporc Grand Est à Marly. À cette occasion, Caroline Tailleur, directrice adjointe d’Inaporc, était invitée pour faire un point de conjoncture et évoquer les différentes actions de l’interprofession nationale.

Dans son mot d’accueil, le président, Jean Kauffmann, a apprécié le fait de pouvoir enfin se retrouver après deux ans sans se rassembler, du fait des conditions sanitaires. Malgré tout, c’est dans un contexte tendu et complexe que ce dernier exercice s’achève, avec une situation économique fortement impactée par le coronavirus et la guerre en Ukraine. Après une présentation des comptes de l’association et de l’activité en Grand Est, Caroline Tailleur a développé les différentes actions d’Inaporc.

La directrice adjointe de l’interprofession nationale a débuté par un point de conjoncture sur la filière porcine. Ce début d’année 2022 voit se poursuivre une tension sur les matières premières engendrée par les mauvaises récoltes en 2021 et le contexte géopolitique Ukraine-Russie. Les conditions climatiques de ce printemps ne présagent pas d’embellie, notamment en raison du déficit hydrique et des aléas climatiques.

Dans le même temps, les prix ont connu une remontée intense avant de se stabiliser en mars. L’offre européenne en porc reste élevée mais en recul et la France se situe au troisième rang au niveau des abattages. Le fait marquant du premier trimestre 2022 est le recul de près de 60 % des exportations vers la Chine par rapport à 2021. Ce phénomène s’explique principalement par la situation Covid-19 encore très compliquée en Chine et qui empêche tout commerce, en raison de la fermeture des ports et de nouveaux confinements.

Le budget des ménages sous pression

Caroline Tailleur évoque également la forte inflation en 2022 qui risque d’avoir un impact sur la consommation. Le budget des ménages se retrouvant sous pression, les sources d’économies sont rares. Au-delà des dépenses obligatoires telles que l’énergie, la mobilité ou le logement, les consommateurs vont devoir composer avec leur budget pour l’alimentation. Les produits carnés, qui représentent 20 % du poste alimentaire, ainsi que la restauration hors domicile risquent d’être impactés.

C’est dans ce contexte que les producteurs ont intérêt à pouvoir répercuter la hausse de leurs coûts de production sur leurs prix de vente, mais encore faut-il que le consommateur soit au rendez-vous en bout de chaîne.

Les travaux d’Inaporc

Dans la suite de sa présentation, Caroline Tailleur a détaillé les différents plans de soutiens mis en place pour la filière porcine. Avec l’aide à la trésorerie, l’aide à la structuration, le plan de résilience et les prises en charge des cotisations sociales, ce sont plus de 400 millions d’euros mobilisés pour les éleveurs porcins.

La démarche «Le porc français» a également été détaillée afin d’expliquer la volonté forte de montée en gamme. La mise en œuvre finale de cette nouvelle démarche de qualité devrait arriver d’ici 2024.

Un point sanitaire a également été abordé, concernant la fièvre porcine africaine. La situation, en juin 2022, demeure inquiétante en Italie et en Allemagne avec le virus aux portes de la France. Deux sources de contaminations sont possibles, les déplacements de sangliers depuis l’Italie, mais également le transport du virus par les activités humaines, que ce soit par les véhicules, les aliments ou encore les matériels contaminés.

La mobilisation de tous les acteurs reste de mise et a permis notamment l’obtention du zonage qui, face à un premier cas français, garantirait la possibilité de continuer à exporter à partir des zones indemnes.