Agriculture et culture, ouverture au monde, partenariat entrepreneurial, carte des controverses, expérimentation, les multiples facettes de l’enseignement agricole ont été présentées à la préfète de Région à l’occasion d’une leçon de choses au lycée agricole Hervé Bichat.
C’est à la découverte de «l’aventure du vivant» que la directrice du lycée agricole Hervé Bichat, avait invité Josiane Chevalier, préfète de la région Grand Est, ce mardi 26 septembre.
Caroline Cibert et ses équipes ont concocté un parcours initiatique valorisant les multiples facettes de l’enseignement agricole en s’appuyant sur l’offre de formations que propose l’établissement de Courcelles-Chaussy en Moselle.
Conduite comme une leçon de choses, au travers d’exemples concrets ponctuant cette matinée pédagogique, la présentation mise en scène par les apprenants a débuté par le foyer des élèves. Pas de doute, c’est autour d’eux que s’articulent les projets développés par les équipes de Caroline Cibert.
Le responsable du foyer des élèves s’est donc vu confier l’accueil des invités. Lourde responsabilité pour le jeune Gabin à peine sorti de troisième. L’émotion prendra le dessus devant le parterre d’invités. Et pour cause. Aux côtés de Josiane Chevalier, Richard Laganier, chancelier des universités, recteur de la région académique du Grand Est, Anne Bossy, directrice régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, Brigitte Torloting, vice-présidente du conseil régional du Grand Est, Fabrice Couturier, président de la Frsea Grand Est, ainsi que plusieurs personnalités locales.
Premier prix
Le passage par l’espace dédié à l’éducation socioculturelle, une particularité de l’enseignement agricole, a permis de mettre en avant une création culturelle récompensée dans le cadre d’un challenge dédié aux projets pédagogiques menés dans un cadre scolaire sur les thèmes de la météorologie et de l’adaptation aux changements du climat. Le film réalisé par les élèves du lycée agricole Hervé Bichat a décroché le premier prix du concours Éducagri.
Avec l’atelier suivant, l’équipe pédagogique, accompagnée de deux élèves, s’est attachée à battre en brèche une image d’Epinal, où l’agriculture manquerait d’ouverture. Axel et Jérémy ont témoigné avec enthousiasme de leurs expériences au Portugal. Des mobilités organisées dans le cadre d’Erasmus. Ce programme vise à donner aux étudiants, aux stagiaires ou au personnel pédagogique, la possibilité de séjourner à l’étranger pour renforcer leurs compétences. L’année scolaire 2022-2023 a permis dix-huit mobilités d’apprenants et vingt-deux mobilités de personnels. Italie, Belgique, Irlande, Espagne, accueillent nos jeunes en formation pour un partage de pratiques innovantes.
Autre support d’ouverture, le projet Sarre-Lor-Lux. Il permet, sur deux journées du mois de mai, un échange d’expériences entre jeunes professionnels en formation sur le thème de la création paysagère.
Quarantième rentrée
Au sein du même établissement, le centre de formation d’apprentis fête sa quarantième rentrée. Orientée sur les professions du paysage, de l’agriculture et plus récemment de l’agroéquipement, cette filière propose des cursus depuis le Cap jusqu’à la licence, entretenant des liens très étroits avec le monde de l’entreprise. Il y a certainement dans cette proximité une des explications du taux d’insertion professionnelle «bien supérieur à la moyenne», vanté par Caroline Cibert. La directrice témoignait d’un score de 92 %.
Même proximité pour le Centre de formations professionnelles aux métiers de l’agriculture et du paysage. La palette de l’offre de parcours de formations y est coconstruite avec les représentants de la profession agricole. Agriculture biologique, agriculture de précision, bilan carbone, gestion de l’eau, les contenus pédagogiques collent à l’actualité et s’adaptent aux dispositifs d’accompagnement d’une profession en pleine mutation. Exemple, l’ouverture d’un dispositif de formation en réponse à l’évolution de l’accompagnement de la Région Grand Est auprès des jeunes installés. La modulation de l’aide à l’installation récompense l’effort de formation dans les premiers temps de la vie professionnelle.
Espace de médiation
Le parcours de découverte des multiples facettes de l’enseignement agricole a permis de mettre en avant une expérience originale. Quatre élèves ont partagé leur expérience, dans l’étude de la place des zones humides et des milieux aquatiques en agriculture et à proximité des espaces urbains. Une zone humide réhabilitée s’est mutée en espaces de médiation entre les acteurs de l’environnement. Comment contribuer à la préservation d’un territoire en assurant une rentabilité pour l’agriculteur ? aux fins de concilier des points de vue parfois très éloignés, la méthode mise en œuvre s’établit sur l’élaboration de cartes des controverses.
L’expression des différences d’opinions et la formalisation des arguments des différentes parties prenantes ont été soulignées par le président de la Frsea. Fabrice Couturier saluait «un travail où, même si les priorités peuvent être partagés, les moyens d’y parvenir sont parfois différents». Il rappelait l’inquiétude de la profession agricole face à «la diminution des surfaces productives» et invitait à «contenir le phénomène de sacralisation des espaces».
Au cœur des établissements
La matinée s’est achevée par la visite de l’exploitation agricole placée au cœur des établissements de formation. Une proximité qui en fait un outil pédagogique impliquant étroitement enseignants et apprenants.
Et pour boucler la boucle «de la fourche à la fourchette», le repas partagé à la cantine scolaire permettait de mettre en avant le travail de la Région Grand Est sur l’Alimentation durable et autonome. Le lycée agricole Hervé Bichat participe à ce programme à caractère expérimental destiné à faciliter la mise en œuvre de la loi Egalim dans la restauration hors domicile. L’objectif ici consiste à accroître la part des produits locaux durables et de qualité dans le menu des élèves.