L’état sanitaire des troupeaux mosellans ne suscite pas d’inquiétude. Mais les regards sont tournés vers le sud-ouest. Les éleveurs se préparent à affronter l’éventualité d’une vague de Mhe, pour laquelle peu de solutions de prévention existent. L’année 2024 est celle où Gilles Canteneur tire sa révérence. Il présidait ce 16 avril, à Delme, sa dernière assemblée générale.
Les délégués du Gds de Moselle se sont retrouvés le 16 avril, à Delme, pour les travaux d’Assemblée générale. Premier temps fort de la journée, la présentation de la situation sanitaire du département que le président Canteneur a confiée au docteur Moget. Le chef du service Animal et Environnement s’est montré rassurant sur l’état sanitaire des troupeaux mosellans. Les maladies réglementées n’ont pas appelé de remarques particulières.
Un focus sur Influenza aviaire permettait de constater «une moindre pression virale dans le milieu». L’attention, sur cette pathologie, est aujourd’hui tournée vers «des cas sur bovins aux États-Unis, avec une hypothèse de transmission de bovin à bovin». Le docteur Moget a également rapporté, sur ce dossier, «une investigation sur le cas d’un passage à l’homme».
La Mhe dans tous les esprits
Dans ce contexte, les éleveurs ont témoigné de leur inquiétude concernant le développement de la maladie hémorragique épizootique (Mhe). Les premiers foyers de Mhe ont été déclarés en France à l’automne dernier dans des élevages de bovins du Sud-ouest. Depuis, elle progresse vers le Nord. «À quoi s’attendre ici ?» questionnent légitimement les délégués. Grande prudence dans la réponse du docteur Moget. «Je ne avancerai pas», prévient-il, «avec les maladies animales on est parfois surpris, on est très pessimiste et les situations s’arrangent presque toutes seules, et d’autres fois on se dit qu’il n’y a pas grand risque et ça apparaît tout d’un coup».
Pour cette maladie vectorielle, la progression sur notre territoire va beaucoup dépendre «des conditions climatiques, de l’activité vectorielle, mais aussi des échanges d’animaux qui sont des réservoirs». Difficile donc de prévoir.
Quoi faire dans l’attente ? Florence Sezeur, présidente du Gds Grand Est a incité les éleveurs «à êtres des sentinelles sur le terrain». «Les symptômes de la Mhe et de la Fco sont assez proches», s’ils sont observés, il s’impose «d’alerter sans délai son véto».
Sensibiliser et accompagner
Pour sensibiliser et accompagner les éleveurs, le réseau des Gds du Grand Est a pris «l’initiative d’un Webinaire ouvert à tous, le 26 avril de 10h à 12h, avec le témoignage d’un éleveur, d’un vétérinaire, et d’un gestionnaire Gds de cette maladie en Pyrénées-Atlantiques». L’objectif est «de savoir reconnaître les symptômes et d’avoir les bons réflexes», avertit Florence Sezeur.
Questionnée sur la prévention, la présidente du Gds Grand Est constate qu’aujourd’hui, les éleveurs doivent se résoudre à la seule «désinsectisation avant la mise au pré pour réduire le risque de piqûres par les moucherons». Dans la plaquette d’information diffusée par le Gds, il est rappelé que la désinsectisation n’est cependant «pas un instrument de lutte contre la maladie». Il n’en reste pas moins que la prévention contribue à protéger les animaux. Sur ce thème, le tout nouveau Ddpp, Rabah Bellahsene, s’est livré à un véritable plaidoyer en faveur de la mise en œuvre de la biosécurité. «Pour chaque espèce, pour chaque exploitation, on doit établir avec le vétérinaire, quels sont les risques d’introduction ou de diffusion des germes pathogènes», il affirme que cette connaissance «permet de mettre en place des mesures préventives». Et d’affirmer que «la biosécurité est la clef de la réussite et de la prévention qui doit être à l’esprit de l’éleveur, tous les jours».
Dans son rapport moral, Gilles Canteneur a associé Mhe et Fco 3, pour focaliser les éleveurs «sur les maladies à surveiller dans les mois à venir». «Comme pour un ciel gris qui annonce un orage dévastateur», le président du Gds a conseillé de «se mettre à l’abri», rappelant que pour la seule Mhe, «l’État soutiendra les éleveurs». Et d’ajouter, «pour la Fco 3, rien de prévu, et il n’y a pas de vaccin».
Un sujet sur lequel ont rebondi Christophe Niedercorn, secrétaire général adjoint de la Fdsea, et le Ddpp. «Il faut travailler à la création d’une banque d’antigènes au niveau européen» plaide le premier qui attend de la puissance publique une capacité d’intervention lorsque de nouvelles maladies touchent les élevages, «il ne faut pas que ce soient les seuls laboratoires [pharmaceutiques] qui fassent de l’argent». Le second voit dans cette initiative de banque d’antigènes, «la possibilité de réagir facilement» plus rapidement lors de «l’émergence de nouvelles maladies».