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FDSEA : Les assemblées cantonales se poursuivent

Les adhérents de Fontoy expriment leur incompréhension face à l’empilement des réglementations européenne et franco-française. Photo Cédric Coillot
Les adhérents de Fontoy expriment leur incompréhension face à l’empilement des réglementations européenne et franco-française. Photo Cédric Coillot

Réglementations européenne et franco-française, pression des nuisibles, explosion des charges, les sujets de mécontentement se multiplient.

Très bonne participation des adhérents du canton d’Ars-sur-Moselle le 6 décembre dernier. Ils étaient plus de 50 % à se réunir dans la salle du Conseil municipal de Gravelotte pour leur assemblée générale, avec en ouverture des débats, un point de situation sur l’impact des nuisibles. À plumes ou à poils, les dégâts aux cultures, aux berges et même jusque dans les bâtiments d’élevage, prennent parfois une ampleur inquiétante. Corvidés, ragondins et castors, moineaux communs, le sujet a conduit à un inventaire, au travers du formulaire remis à chaque adhérent. «La précision de ce recensement est indispensable à l’argumentation des arrêtés préfectoraux de classement des espèces nuisibles», souligne Florent Dory, secrétaire général de la Fdsea.

Pour accompagner ce minutieux travail d’inventaire, depuis le second semestre 2023, une application est disponible sur les plateformes de téléchargement Ios et Android. Elle facilite le signalement des dégâts causés par la faune sauvage sur les exploitations agricoles. Développée par le réseau des Chambres d’agriculture, cette application permet d’enrichir une base de données dédiée à la pression de la faune sauvage sur les cultures et les élevages. Le sanglier n’est pas concerné par ce dispositif. Les dégâts imputables aux suidés étant gérés uniquement par le Fonds Départemental d’Indemnisation des Dégâts de Sangliers.

Lors de l’assemblée du canton de Fontoy, à Volmerange-les-Mines, elle aussi un succès de fréquentation (60 % des adhérents), Jean-Baptiste Kaiser insiste sur l’engagement des élus du canton dans la participation aux 4C : «aucune sollicitation sur une 4C n’est restée lettre morte». Le président de la Fdsea, Fabrice Couturier, se félicite pour sa part que «les représentants Fdsea ont siégé dans près d’un millier de 4C sur l’ensemble du département».

Le président du canton de Fontoy tire comme enseignement positif des 4C l’augmentation du nombre de réserves de chasse par les agriculteurs ajoutant qu’il faudra que ces derniers assument une pression de chasse suffisante. Fabrice Couturier ajoute que l’augmentation des réserves est aussi l’occasion d’associer dans les villages des jeunes qui voudraient chasser mais ont peu de moyens pour assouvir leur passion de la pratique de la chasse.

Nuisibles

La prolifération des ragondins et des castors le long des ruisseaux et des cours d’eau s’avère pour le secteur d’Ars-sur-Moselle, un phénomène nouveau. Les adhérents ont été sensibilisés aux risques de contamination par la leptospirose. On l’appelle communément maladie du rat. Dangereuse voire mortelle, elle est transmise à l’homme par l’urine de certains rongeurs, dont le ragondin. Depuis plusieurs mois, la Fdsea signale la recrudescence du rongeur auprès des autorités. «Au-delà du problème de santé publique, le ragondin s’avère la cause de prélèvements significatifs sur les récoltes», souligne Florent Dory, qui encourage à piéger cette espèce.

Jachère

Autre source d’inquiétude pour les adhérents d’Ars, l’obligation de jachère pour les assolements de 2024. L’adaptation à cette nouvelle contrainte, dont la Fdsea critique vivement les fondements, pose difficulté. «N’hésitez pas à étudier les particularités de vos situations personnelles avec les techniciens du service syndical de la Fdsea» explique Denis Simon, président cantonal. «Des solutions existent pour éviter de perdre 4 % du potentiel de production de nos fermes», souligne Denis Simon. La perte de compétitivité s’impose comme une préoccupation face à «la multiplication des contraintes réglementaires» que dénoncent plusieurs adhérents.

À l’exemple du septième programme de la directive nitrates dont les obligations pèsent de façon accrue sur les itinéraires techniques. Les débats se sont focalisés sur le cas du colza. «Les instituts techniques sont unanimes sur l’efficacité de la fertilisation au semis pour nos parcelles de colza», témoigne un adhérent. «En limitant la possibilité d’apport à trente unités d’azote supplémentaire sous forme minérale entre le 1er septembre et le 15 octobre, on ne favorise pas la réussite de cette culture essentielle dans nos rotations», prévient-t-il.

À l’évocation des nombreuses contraintes réglementaires actuelles ou futures, un adhérent du canton de Fontoy pousse un coup de gueule face à la hausse des charges : «pourquoi ne réagit-on pas plus face à la hausse des engrais, des phytosanitaires ou encore des machines ?» Fabrice Couturier, sans remettre en cause le constat, analyse les conséquences du conflit russo-ukrainien, inscrit dans la durée, qui entraîne de multiples effets dévastateurs sur l’agriculture européenne : «d’abord en termes d’inflation mais aussi en termes de concurrence directe sur le marché intérieur de l’Union européenne». Le président de la Fdsea se veut aussi réaliste face «à une volonté politique européenne pour maintenir des prix bas pour les produits alimentaires».

Aménagements routiers

Les agriculteurs du canton de Fontoy échangent avec le président de la Fdsea sur la problématique des aménagements routiers. De nombreux agriculteurs présents reconnaissent que  la circulation routière en proximité du Luxembourg pose problème aux habitants locaux comme à eux-mêmes. Un agriculteur explique devoir faire correspondre ses passages en tracteur sur la voie publique pour éviter les bouchons quitte à intervenir très tôt avant 6 heures du matin. Un autre explique attendre 10 à 15 minutes le matin pour pouvoir sortir de sa ferme. Si les agriculteurs sont d’accord avec les élus des collectivités, sur le constat, ils demandent à ces derniers de ne pas les oublier dans leurs réflexions sur les aménagements. Un agriculteur explique que pour aller au point le plus loin de sa ferme à 16 kilomètres devoir passer sur 22 ralentisseurs. Un autre exploitant remarque qu’avec ces aménagements, ce sont les agriculteurs qui ne sont plus en sécurité sur la route. Jean-Baptiste Kaiser demande à ce qu’il y ait la mise en place d’une charte qui oriente les collectivités sur des aménagements qui prennent en compte la problématique agricole.

Risques professionnels

Séquence prévention des risques à Gravelotte le 8 décembre avec une présentation de la solution offerte aux adhérents de la Fdsea pour la réalisation du Document unique d’évaluation des risques professionnels (Duerp). Denis Simon s’est prêté au jeu du sondage. Parmi les exploitations représentées, 80 % ne disposent pas du fameux Duerp. Pour ne pas laisser la situation «en plan», le président cantonal a proposé aux adhérents l’organisation d’une formation dédiée sur ce sujet sensible. Une initiative saluée qui doit prendre forme dès cet hiver. Sur le même thème de la sécurité au travail, la Fdsea a été sollicitée pour proposer une prestation groupée de contrôle des engins de levage. Le service syndical va étudier une proposition d’opération collective localisée.

Animation syndicale

Lors de l’assemblée du canton de Fontoy, le président cantonal Jean-Baptiste Kaiser explique à ses adhérents que le renouvellement de générations donne l’occasion de davantage utiliser les nouveaux outils de communication. Le président cantonal propose de constituer un groupe WhatsApp à l’échelle du canton pour gagner en réactivité et augmenter les interactions entre adhérents du réseau.