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Des perspectives d’embauche à court et moyen terme

La viticulture et les grandes cultures concentrent, à elles seules, près de 75 % des besoins en recrutement. Photo : Nicolas Masson
La viticulture et les grandes cultures concentrent, à elles seules, près de 75 % des besoins en recrutement. Photo : Nicolas Masson

L’étude prospective Emploi et Compétences agricoles en Grand Est confirme les besoins croissants et diversifiés en main-d’œuvre dans le secteur de la production. Avec des perspectives d’embauches significatives immédiates ou prochaines. Mais aussi la nécessité d’assurer le renouvellement des générations en adaptant les compétences et les formations.

Initiée par la Frsea Grand Est en partenariat avec la Chambre régionale d’Agriculture et avec le soutien financier de la Région, cette vaste étude prospective sur l’emploi et les compétences en agriculture a été réalisée en deux temps. D’abord en 2022, les évolutions des métiers et des compétences à l’horizon 2030 ont été observées. Les résultats de la seconde partie de l’étude prospective viennent d’être présentés à la Région et aux membres de la commission régionale Emploi Formation de la Frsea le 13 novembre dernier. Principaux résultats.

Recrutements importants à deux ou trois ans

Cette deuxième phase de l’étude avait pour objectif d’analyser les besoins en main-d’œuvre agricole en Grand Est à court et moyen terme et d’identifier les évolutions et les besoins spécifiques en formation des principales filières de la production. Il s’agissait également de réactualiser les besoins de 17.500 emplois salariés et non-salariés en Grand Est d’ici 2025 issus d’une étude précédente réalisée en 2016, afin d’informer et orienter les politiques publiques.

L’étude, menée par la Chambre régionale, s’est appuyée en grande partie, sur une enquête Gpec (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) menée en 2023 par la Frsea auprès de 875 employeurs et portant sur les besoins en emplois salariés. La Chambre régionale s’est également appuyée sur des données complémentaires (Msa, service Statistiques de la Draaf...).

Cette étude a été réalisée sur la base d’un panel représentatif d’enquêtes sur l’ensemble du territoire du Grand Est couvrant les principales filières de la production agricole (hors paysage-espaces verts, Eta, Cuma...). 43 % des entreprises prévoient de recruter, majoritairement en viticulture (55 %), en grandes cultures (à hauteur de 18 %) et en polyculture-élevage (7 %). Sans surprise, l’essentiel des besoins en recrutement se situe dans la Marne et en Alsace du fait de la forte implantation viticole.

En ce qui concerne les canaux de recrutement, les réseaux sociaux sont mentionnés prioritairement (55 %) ainsi que les réseaux personnels (31 %). Pour ce qui est des prescripteurs mobilisés, les entreprises concernées font appel à 33 % à France Travail, ce qui constitue une petite surprise, utilisent le bouche-à-oreille à hauteur de 27 %, les sites de petites annonces (Le Bon Coin) n’apparaissant qu’en troisième position (10 %), devant l’Anefa et l’Apecita.

Près de 60 % des employeurs n’envisagent pas, pour le moment, de formations pour leurs salariés. Seuls 22 % des employeurs prévoient de former leurs salariés, les autres étant indécis. En cas de formation, les besoins principaux concernent les formations obligatoires liées à la sécurité (Certiphyto, Caces…) et les formations techniques. Plus d’un tiers des répondants expriment un besoin de recrutement à court et moyen terme  dans les trois prochaines années. Ces résultats sont confirmés d’année en année par les enquêtes Bmo (Besoins en main-d’œuvre) réalisées par France Travail.

Les recrutements à venir concernent essentiellement le surcroît d’activité : plus de la moitié des recrutements sont liés à une augmentation de la productivité et au développement des exploitations. Seuls 18 % des entreprises qui recruteront à moyen terme le feront pour remplacer un départ d’associés ou de salariés. La viticulture et les grandes cultures concentrent, à elles seules, près de 75 % des besoins en recrutement. Cette forte demande concerne essentiellement des saisonniers, main-d’œuvre indispensable pour la viticulture, l’arboriculture, le maraîchage et les grandes cultures.

Favoriser le développement de l’emploi

Pour répondre aux besoins en recrutement exprimés dans cette étude et faire face au défi lié au vieillissement de la population agricole (près de 50 % des exploitants vont cesser leur activité d’ici 2030), l’étude met en avant la nécessité d’actions concrètes pour favoriser l’emploi dans le secteur. Cela passe notamment par :

- Le développement de formations adaptées aux besoins des employeurs et aux évolutions des secteurs,

- L’accompagnement des exploitations dans leur démarche de recrutement, en leur proposant des outils et des conseils pour optimiser leur stratégie de recherche de candidats et faciliter l’intégration et la fidélisation des nouveaux collaborateurs,

- La promotion des métiers agricoles et la valorisation de l’image du secteur de la production pour susciter des vocations et attirer de nouveaux talents.

À partir des besoins en main-d’œuvre salariés issus de cette étude et en y incluant la part des besoins en emplois non-          salariée, les besoins projetés à trois ans en Etp (équivalent temps plein) sont de l’ordre de 15.000 à 18.000 Etp hors saisonniers.

Cette étude a permis de confirmer les besoins croissants et diversifiés en main-d’œuvre salariée et non salariée dans le secteur de la production agricole avec des perspectives d’embauches significatives à court et moyen terme, en particulier dans la viticulture et les grandes cultures. Elle a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer le renouvellement des générations en adaptant les compétences et les formations aux défis actuels et futurs.