Les organisations agricoles régionales ont rencontré le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, le 9 septembre.
Fabrice Couturier, président de la Frsea Grand Est et Maximin Charpentier, président de la Chambre d’agriculture régionale, ont rythmé les débats entre Marc Fesneau et les différents responsables agricoles présents, lors de sa venue sur la foire de Châlons.
Massifier l’accompagnement des agriculteurs
Maximin Charpentier a rappelé l’importance de la souveraineté alimentaire et la nécessité de ne pas perdre de vue la nécessité de produire. «2,3 milliards d’humains sont actuellement en insécurité alimentaire sur la planète», souligne-t-il. Et de rappeler que l’agriculture de la région Grand Est lutte contre cette situation en alimentant près de 15 millions de personnes pour une population régionale de 5 millions d’habitants.
Conscient de l’impact du changement climatique et des nombreuses transitions à venir, il considère que l’enjeu est d’accompagner le plus grand nombre d’agriculteurs en massifiant le conseil. «À partir de 60 fermes pilotes, le réseau des Chambres d’agriculture souhaite accompagner près de 12.000 exploitations vers de nouvelles transitions».
100 % de surfaces productives
Dans ce contexte, Fabrice Couturier a rappelé qu’il était indispensable que 100 % des surfaces agricoles restent productives. Il fait allusion à l’incompréhension totale des agriculteurs à devoir potentiellement geler 3 à 4 % de leur Sau et ajoute qu’il est également plus que nécessaire de soutenir les moyens de production.
ll fait référence au renouvellement du glyphosate et aux 70 molécules phytosanitaires actuellement sur la sellette. Il répète le leitmotiv de la Fnsea, à savoir «pas d’interdictions sans solutions». Il fustige également l’écologie punitive qui freine beaucoup d’agriculteurs motivés en termes de biodiversité, notamment pour l’implantation de haies. «On décourage certaines initiatives alors qu’il faut, au contraire, soutenir les agriculteurs dynamiques». Il est évoqué également au ministre les problèmes de trésorerie à venir.
Soutenir l’installation
Les Ja Grand Est, représentés par Bastien Lombard, président de Ja 51, ont rappelé l’importance du parcours à l’installation comme clé de voûte pour tout projet d’installation et ont demandé au ministre d’être plus offensif dans le cadre de la future loi d’orientation pour proposer des mesures fiscales incitatives pour les cédants. «L’enjeu du renouvellement des générations est crucial pour les dix prochaines années», conclut-il.
Marc Fesneau souligne que la période inflationniste relance le sujet de la loi Egalim. Il réaffirme sa volonté de soutenir une juste répartition de la valeur en commençant bien sûr par les agriculteurs : «Les Gms doivent payer un prix correct aux agriculteurs en tenant compte des nouveaux coûts de production». Selon lui, s’il y a un renforcement de la précarité en France, il faut la traiter avec des mesures adaptées et prévues à cet effet. «Ce n’est pas aux agriculteurs d’être la variable d’ajustement». Il considère également que les agriculteurs doivent répondre à tous les marchés et à toutes les bourses, d’où la stratégie de continuer à produire aussi pour de l’entrée de gamme. Il est favorable à soutenir la production pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Il regrette que la pensée «décroissante» apparaisse dans un contexte où il faut, au contraire, répondre aux besoins agroalimentaires croissants de la planète.
Un lobbying pour ne pas geler les terres
Marc Fesneau dit comprendre complètement le message de la profession, refusant la mise en place de surfaces non productives. Il engage à ce sujet une démarche collective avec dix autres pays de l’Ue et souhaite pour sa part changer les règles plutôt que de demander des dérogations tous les ans. Ce dossier n’est pas encore réglé et le ministre souhaite obtenir des réponses favorables dans les prochaines semaines. Comme il l’exprime clairement : «à Bruxelles, on ne peut pas avoir raison tout seul, il faut créer des alliances de circonstance».
Concernant, l’installation et le renouvellement des générations, le ministre en fait une des plus grandes priorités nationales. Il souhaite la mise en place d’un guichet unique pour gérer toutes les installations, aidées ou non aidées, et ainsi mettre en place tout l’accompagnement nécessaire pour réussir ces futures installations. Il souligne que 50 % des installations se font sans Dja.
Conserver les moyens de production
Concernant le dossier phytosanitaire, il est favorable à la mise en place d’une stratégie pour accompagner le renouvellement de certaines matières actives avec des moyens dédiés pour la recherche et l’innovation. Il mesure l’impact brutal que pourrait avoir l’arrêt de produits phytopharmaceutiques sur la production. Néanmoins, il souhaite que ce chantier soit ouvert en concertation avec la profession pour réduire progressivement les impacts. Concernant le dossier glyphosate, la position de la France sera «abstention» ou «pour le renouvellement de la dérogation». Il mesure aussi l’impact réel d’un éventuel arrêt du glyphosate sur le maintien et le déploiement de l’agriculture de conservation.
Sur le sujet des haies, le ministre souhaite le maintien a minima des haies existantes dans l’Hexagone et bien sûr en développer pour de nombreuses raisons (carbone, biodiversité, etc.). Il souhaite assouplir la réglementation pour enclencher un nouvel engouement de la part des agriculteurs. Le ministre souligne que l’ensemble de ces dossiers sont abordés et travaillés de façon régulière à Paris avec Arnaud Rousseau et Hervé Lapie, respectivement président et secrétaire général de la Fnsea.