Groupama éclaire les décideurs des organisations professionnelles sur les risques spécifiques inhérents à la pose de panneaux photovoltaïques. Le dossier n’est pas mince et l’anticipation est conseillée, en intégrant la réflexion de l’assureur dès l’émergence du projet.
Les projets d’installation de panneaux photovoltaïques sur les exploitations agricoles vont crescendo. Avant de se lancer sur ce type d’investissement, les agriculteurs se doivent de s’informer sur les multiples facettes du dossier. Parmi elles, la question des risques et de l’assurance. Groupama Grand Est organise des réunions d’information, à l’échelle des délégations départementales qui en font la demande. «Notre volonté est d’accompagner l’exploitant, pour accepter le risque, dans un esprit de prévention» indique Jean-Louis Stemart, le vice-président de Groupama Grand Est.
Intervention complexe pour les pompiers
Éric Cunin, “préventeur” spécialisé énergies chez l’assureur vert, a d’entrée cadré le sujet. «57 % des accidents liés au photovoltaïque interviennent en agriculture. Un incendie sur quatre est d’origine électrique». Le départ de feu engendre l’incendie qui entraîne des bris de panneaux et de ses composants.
Des dommages résultent du risque électrique et un dégât des eaux peut intervenir par défaut d’étanchéité. L’intervention des pompiers se révèle complexe, en raison de risques supplémentaires, au premier chef celui de l’électrisation. Ces installations constituent un réseau à courant continu, induisant des paralysies musculaires beaucoup plus facilement que le courant alternatif. Elles produisent de l’énergie en permanence et le réseau, en amont des onduleurs, ne peut être placé hors tension. Étendues sur de grandes surfaces, elles représentent un ensemble important et sensible de connectiques. Lorsqu’un panneau s’enflamme, les soldats du feu sont démunis pour intervenir ; ils privilégient la protection de l’habitat voisin.
Groupama impose une visite préventive obligatoire pour toutes les surfaces supérieures à 500 m², les élevages hors sol, les bâtiments à température dirigée, les chambres à atmosphère contrôlée et lors de la présence de méthanisation ou de matières inflammables. Pour rendre assurable une activité photovoltaïque, les modules doivent être conformes à la norme correspondant au type de panneaux. L’assureur recommande de réaliser une étude et la pose par une entreprise certifiée. «Vérifier la qualification Qualibat, Quali Pv et la santé financière des prestataires» souffle Éric Cunin. Le guide Ute C15- 712-1 intègre toutes les prescriptions techniques détaillées relatives aux matériels des installations photovoltaïques.
L’expert s’arrête un instant sur la pose des onduleurs «pour risques standards». Il décrit plusieurs cas de figures : en extérieur à plus de 1 m de tout bâtiment n’abritant pas de matières facilement inflammables ; ou en extérieur, sur la paroi du bâtiment, à condition qu’elle soit incombustible et non-propagatrice de chaleur ; ou à l’intérieur, fixés sur une paroi incombustible et non conductrice de chaleur, et placés dans un local technique spécifique. La présence d’un extincteur CO2 à proximité est requise dans tous les cas. La réserve incendie est aussi un plus.
Maintenance à ne pas sous-estimer
Les bâtiments d’avant 1997 sont susceptibles de contenir de l’amiante, ce qui, le cas échéant, les exclut de pouvoir y poser des panneaux. Les organes de coupure d’urgence doivent être très visibles et accessibles en permanence. Et le bon sens mérite parfois d’être rappelé : ne jamais stocker d’éléments inflammables à proximité et à l’intérieur des armoires électriques et du local dédié aux onduleurs. Le préventeur insiste, par ailleurs, sur la nécessité d’éviter d’implanter les panneaux sur des bâtiments hébergeant une activité majeure dont le préjudice pourrait s’avérer conséquent, en cas de sinistre. «En cas de construction neuve, la distance conseillée entre deux bâtiments est de 20 mètres pour limiter le risque de propagation d‘un incendie, recommande Éric Cunin. Les locaux et armoires électriques doivent être verrouillés pour empêcher un risque d’accident ou de malveillance».
Anticiper son projet
La maintenance n’est pas à sous-estimer. Un contrat est nécessaire pour surveiller une installation qui vieillit et enlever la poussière. «Il doit être conservé et renouvelé» indique le conseiller, avant de mettre en garde face «à de nouveaux poseurs», un certain nombre d’intervenants n’offrant pas les garanties de qualité et de fiabilité que l’on est en droit d’attendre, d’un installateur de panneaux photovoltaïque. «Il existe de gros écarts entre entreprises pour la finalisation des projets».
Jean-Louis Stemart insiste sur la nécessité d’anticiper un projet et d’associer l’assureur dès l’enclenchement du processus ; en particulier au moment de finaliser le financement. Il pourra ainsi faire valoir des éléments primordiaux comme la qualité de l’onduleur, avec Sav, la qualité des cuivres, la desserte du réseau, le chemin de câble et la maintenance. À une question posée par un participant, Groupama évalue entre 1,50 € et 2,50 € du m² de panneaux photovoltaïques, le coût de la prime d’assurance annuelle, en fonction de l’évaluation du risque de la configuration du projet.
Beaucoup d’appelés, peu d’élus
À la différence de la méthanisation, tous les projets photovoltaïques ne sont pas obligés de passer par le réseau consulaire. Toutefois, les exploitants concernés se rapprochent souvent des Chambres d’agriculture, pour obtenir un chiffrage. Ils sont ainsi orientés à la fois vers la banque et l’assureur. Le réseau a aussi mis sur pied des formations spécifiques qui ont rencontré un certain succès.
Beaucoup d’appelés, peu d’élus… Un projet photovoltaïque sur dix aura des chances d’être concrétisé. En effet, il est nécessaire que les postes du réseau de transport électrique soient capables de les intégrer. Or, plus la zone est rurale, plus les postes source sont saturés, précise-t-on chez Enedis. Plusieurs années d’investissements sont nécessaires à faire évoluer la situation.