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Investissements des agriculteurs : le recul se confirme

Dans la filière porcine, les investissements rebondissent. Photo DR
Dans la filière porcine, les investissements rebondissent. Photo DR

Après une légère baisse en 2023, les prêts alloués aux agriculteurs par le Crédit agricole sont en net recul au premier semestre 2024. Avec en toile de fond, les difficultés des céréaliers et des viticulteurs et les menaces sanitaires sur l’élevage.

Les crises traversées par les filières céréalière et viticole pèsent sur les demandes de crédit qui reculent fortement depuis le début de l’année. Déjà en 2023, le montant des prêts accordés par le Crédit agricole aux agriculteurs était «en léger recul», a indiqué la banque lors d’une conférence de presse, le 17 septembre, au Space à Rennes. Il s’élève à 9,54 milliards d’euros, soit une baisse de 3,1 % par rapport à 2022. Ce recul est principalement lié à la baisse des investissements des exploitations céréalières. Dans les filières ovine, viticole et fruits et légumes, les investissements ralentissent également, après une forte hausse (+ 10 % en 2022). À noter, qu’après avoir reculé en 2022, les investissements dans la filière porcine rebondissent (+ 10,4 %), à contre-courant de la tendance générale. En revanche, dans la filière volaille, les investissements reculent pour la deuxième année consécutive.

La baisse globale des investissements en 2023 est néanmoins à relativiser. En effet, l’année 2022 a été une «année record», marquée par un rattrapage des investissements non réalisés pendant la crise Covid, explique Jean-Christophe Roubin, directeur du marché de l’agriculture à Crédit agricole SA. Cependant, la tendance baissière se confirme et s’accentue sur le début de l’année 2024. Les investissements sont en recul de 14,3 % sur l’ensemble des filières au premier semestre, soit 4,2 milliards d’euros de prêts accordés. La baisse est plus importante dans les filières en difficulté, comme les céréales (-22,6 %) et le vin (-23,4 %).

Une dynamique plus favorable en Bretagne

L’année 2024 est «très compliquée» pour les céréaliers spécialisés qui font face à «la plus mauvaise récolte de blé tendre depuis 40 ans» et à une «très forte volatilité sur les marchés des céréales», a expliqué Jean-Christophe Roubin. Dans les régions de polyculture-élevage, les agriculteurs ont pu «compenser par de meilleurs résultats sur le poste élevage», observe-t-il. En Bretagne, les investissements évoluent à l’inverse de la tendance nationale avec 935,4 millions d’euros de prêts alloués en 2023, soit une progression de 10,6 %.

Dans la région, les investissements ont été très dynamiques en lait (+ 18,5 %) et en porc (+ 17,8 %). Au premier semestre 2024, la baisse des investissements est plus modérée qu’au niveau  national (- 7 % contre - 14,3 %). Selon la secrétaire générale du Crédit agricole en Bretagne Michèle Guibert, cette dynamique plus favorable s’explique par une «embellie» dans les principales filières bretonnes et de meilleures conditions climatiques. Le Crédit agricole reste cependant prudent sur la poursuite des investissements qui dépendra de l’évolution de la situation sanitaire dans les élevages.