Première sortie officielle pour le nouveau président de la Frsea Grand Est, Fabrice Couturier, au pupitre du congrès de la Fnsea, à Angers, où il a revendiqué une agriculture de production et un accompagnement à la hauteur, pour les zones intermédiaires.
Fabrice Couturier est intervenu pour la première fois à la tribune de la Fnsea, depuis qu’il a été élu président de la Frsea Grand Est. L’élu mosellan n’a pas relevé d’expression sur l’agriculture, lors du discours du 22 mars du Chef de l’État. Seules trois priorités ressortaient des propos d’Emmanuel Macron : l’école, la santé et l’écologie.
Acteurs stratégiques
«Pourtant, ces priorités sont aussi les nôtres, et nous pouvons être des acteurs stratégiques dans leur accomplissement, considère le leader syndical du Grand Est. À une époque où des jeunes bacheliers savent à peine s’exprimer et écrire, où un nombre significatif d’entre eux croit que la terre est plate… L’école vat- elle encore former des agronomes ?» s’interroge Fabrice Couturier. Concernant la santé, l’espérance de vie continue à progresser en Europe, elle est même en France bien supérieure à celle de nos voisins : «la qualité des soins et de l’alimentation n’y serait-elle pas pour quelque chose ?» questionne-t-il.
Quant à l’écologie, l’amélioration de la biodiversité est une réalité pour les fermes. «Avec pour effet l’explosion des populations de prédateurs et de ravageurs ! Corbeaux, pigeons, grues, cygnes, blaireaux, rats musqués, loups…, impossible d’en dresser une liste exhaustive. Ils menacent nos cultures, nos animaux et décuplent les risques sanitaires, déplore le président de la Frsea. Une régulation efficace s’impose».
Fabrice Couturier réclame qu’on «fasse confiance aux paysans. Si l’on veut que l’agriculture participe à l’évolution de notre société, qu’on nous laisse travailler, qu’on cesse de nous supprimer nos moyens de production». Il affiche sa solidarité avec l’action syndicale récemment initiée par l’Île-de-France. «Nous y avons parlé ouvertement de l’utilisation de produits phytosanitaires. Nous devons lever les tabous. Avec prudence et discernement, bien sûr, mais c’est indispensable si nous voulons répondre efficacement, et en responsabilités, aux challenges de notre corporation».
Le combat du prix
Pour préserver sa compétitivité, l’agriculture doit être accompagnée dans les transitions. Les systèmes très spécialisés et performants ne doivent pas être pénalisés. Et sur le Grand Est, c’est «défendre dans nos zones intermédiaires, des systèmes de polyculture-élevage, des potentiels moyens, des territoires où les possibilités de production sont moins diversifiées».
Fabrice Couturier fustige «le double discours du gouvernement, et parfois de nos collectivités, où l’on nous vante la souveraineté alimentaire de la France, la nécessité de réaliser des investissements pour des systèmes plus vertueux… Alors que, parallèlement, on aggrave les distorsions de concurrence, on libéralise à tout va, et on entretient le mirage des clauses miroirs». Le responsable régional regrette aussi le «militantisme insupportable de certaines administrations, de certains instituts, d’associations avec lesquelles il faut être constamment autour de la table sur tous les sujets, alors qu’ils n’ont ni expertise, ni légitimité». Et de lancer un appel «restons forts, solidaires, et force de propositions», car de grandes échéances se profilent : loi d’orientation, directive nitrates, loi biodiversité, combat pour l’accès à l’eau, programmes Européens et Français de renaturation du territoire…
Fabrice Couturier n’oublie pas «le combat du prix. Plus vert, c’est plus cher. Si nous ne voulons pas être une fois de plus la variable d’ajustement, c’est le consommateur qui devra payer. Évitons l’obstination, l’obscurantisme politique, à ce sujet. Regardons la situation de l’agriculture biologique… Hélas».
Et de conclure sur la complémentarité des agricultures de la ferme France «cet avantage garantit la vitalité et la cohésion de nos territoires. Nous disposons d’un savoir-faire, nous travaillons, nous investissons, et nous en sommes fiers. Nous devons vivre dignement de notre travail, être respectés, et reconnus pour l’utilité publique de nos métiers».