Selon les résultats de l’enquête annuelle sur les besoins de main-d’œuvre des entreprises, les difficultés à trouver des salariés s’accroissent. Le secteur agricole et l’agroalimentaire n’échappent pas à la tendance.
Le 13 avril dernier, le directeur territorial de Pôle Emploi Moselle partageait son analyse des résultats de la dernière enquête annuelle sur les besoins de main-d’œuvre (Bmo). «Une enquête utile pour beaucoup d’acteurs» selon Fabrice Nourdin, puisqu’elle «permet d’avoir une connaissance du marché de l’emploi là où la statistique donne habituellement une information au travers du rétroviseur». En effet, les entreprises ont été interrogées entre octobre et novembre 2021 sur leurs projets de recrutement en 2022.
En progression
Premier fait marquant, le nombre de projets de recrutement progresse en Moselle de 17 %.. Et sur les 32.484 projets de recrutement affichés par les entreprises de Moselle pour 2022, l’agriculture représente 710 projets, dont 60 % sont des emplois saisonniers. Ces projets de recrutement agglomèrent des postes de salariés agricoles, horticoles, viticoles et arboricoles, des conducteurs d’engins agricoles et quelques techniciens et ingénieurs. Ces projets sont localisés, pour près de la moitié d’entre eux (300) dans le bassin houiller et le pays de Bitche. Viennent ensuite le sillon mosellan (180 projets) et le pays de Sarrebourg (180 projets). Concernant l’agroalimentaire, les entreprises mosellanes revendiquent 730 projets de recrutement en 2022, dont 14 % de saisonniers. Ces projets dans l’agroalimentaire sont localisés, pour une petite moitié (290), dans le bassin houiller et le pays de Bitche. Viennent ensuite le sillon mosellan (240 projets) puis le pays de Sarrebourg (100 projets).
Recrutements difficiles
L’autre fait marquant révélé par l’enquête Bmo réside dans la difficulté avec laquelle les entreprises appréhendent ces futurs recrutements. Ce critère progresse de 15 % par rapport à 2021, «Un plus haut historique depuis 2013», précise le directeur territorial de Pôle Emploi Moselle. C’est d’ailleurs, «le sujet central de cette enquête», rappelle Fabrice Nourdin, puisque «les entreprises sont questionnées sur la façon dont elles jugent leurs projets de recrutement». Et là, se sont 68,9 % de ces projets qui sont perçus comme difficiles par les entreprises mosellanes. Notre territoire se distingue du Grand Est. La perception de cette difficulté s’avère plus accrue en Moselle (+ 10 %), un constat à mettre au crédit de l’attractivité du Luxembourg. Pour le secteur agricole, c’est un bon tiers des recrutements qui sont jugés difficiles à pourvoir (33,8 %) en Moselle. Lorsque les employeurs sont questionnés sur les raisons de la complexité du processus de recrutement, ils évoquent en priorité le manque de candidatures et des profils de candidats éloignés des missions.
«Dynamique positive»
Malgré une «dynamique positive» dans la création d’emplois en agriculture, la Fnsea s’inquiète des «risques de pénuries à venir de main-d’œuvre», dans un communiqué daté du 21 avril. La Fnsea souligne que le nombre de projets de recrutement s’élève à «257.400» en 2022 pour la France. Ces projets représentent ainsi près de 10 % des projets de recrutement, tous secteurs confondus en France, devant ceux de la restauration, de l’entretien ou encore de l’aide à domicile. De plus, le secteur «poursuit sa progression dans la création d’emplois permanents avec 6.100 postes de plus qu’il y a un an dans des métiers variés (ouvrier agricole, responsable de cultures, ingénieur agronome, maraîcher...)», se réjouit le syndicat majoritaire. Pour autant, la moitié des projets de recrutements sont jugés «difficiles» par les employeurs. Sans surprise, les filières viticoles et arboricoles -très gourmandes en main-d’œuvre- sont les plus en recherche de candidats avec «120.000 postes à pourvoir». Par ailleurs, le métier «d’agriculteur salarié et ouvrier agricole» est «le cinquième (…) le plus recherché» avec «75.000 projets de recrutement», selon une infographie complémentaire de la Fnsea. Dans un contexte de crise sanitaire puis internationale qui aura rappelé l’impérieuse nécessité de maintenir une production en France, l’attractivité des métiers agricoles s’invite au cœur de nos enjeux nationaux.