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VIANDE BOVINE : Il s’avère indispensable de donner de la perspective aux éleveurs

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Conformément à l’accord interprofessionnel, les indicateurs «Prix de revient» par l’Idéle pour le deuxième semestre 2023 ont été mis à jour. Ils sont disponibles sur le site Interbev. Photo DR
Conformément à l’accord interprofessionnel, les indicateurs «Prix de revient» par l’Idéle pour le deuxième semestre 2023 ont été mis à jour. Ils sont disponibles sur le site Interbev. Photo DR

 

Après des mois d’inflation, bien que les prix des matières premières aient enclenché une lente diminution, les indicateurs de prix de revient en viande bovine augmentent. Dans ce contexte, la Fnb fait plusieurs préconisations de nature à sécuriser la viabilité des exploitations de bovins viande.

Après des mois de hausse sur les cotations liée à un marché très dynamique, un virage s’est clairement opéré avec une forte pression à la baisse depuis l’automne dernier.

Il faut souligner que cette période de hausse sur les cotations était nécessaire pour répondre à la flambée des prix des matières premières et de l’envolée du prix de revient.

Aujourd’hui, le prix de revient poursuit son augmentation, ce n’est pas une surprise pour les éleveurs de bovins viande. En cause, la réforme de la Pac et le prix des matières premières poursuivant une trop lente diminution.

Plus que jamais, dans ce contexte, il est primordial que les lois Egalim s’appliquent au plus vite. Notamment sur le marché de la femelle et du broutard qui encaisse la plus forte pression.

Pour la Fédération nationale bovine (Fnb), «il s’avère indispensable de donner de la perspective aux éleveurs, avec la prise en compte du prix de revient interprofessionnel de référence».

Des coûts à la hausse

Après des mois d’inflation, bien que les prix des matières premières aient enclenché une lente diminution sur l’année 2023, les indicateurs de prix de revient en viande bovine augmentent de + 0,4 % sur le deuxième semestre 2023.

Ainsi, selon le traitement des données de l’Institut de l’Élevage, la baisse des aliments achetés (9,8 %), des engrais et amendements (36,6 %) de l’énergie et des lubrifiants (2,8 %), ne permet pas de juguler la hausse des prix de revient, impactés entre autres, par l’intégration des effets de l’application de la réforme de la Pac, qui implique pour les éleveurs bovins viande une diminution de leurs aides (de l’ordre de 8 centimes/kg).

Une offre limitée

La décapitalisation du cheptel bovin allaitant enclenchée depuis 2016, a été encore la tendance de l’année 2023. «Ce sont 98.000 vaches allaitantes en moins en moyenne sur l’année 2023 par rapport à 2022», constate la Fnb.

Dans le même temps, la consommation par bilan diminue globalement de 3,5 % à fin novembre 2023 par rapport à 2022. Cette tendance est plus marquée sur la deuxième partie de l’année. Maintenant ancrée dans le paysage de la filière bovine française, la décapitalisation poursuit son chemin (- 2,7 % sur un an) et se traduit par la poursuite de la tendance à la baisse des abattages, elle-même plus rapide que la baisse de la consommation.

La décapitalisation se traduit mécaniquement par une baisse des naissances de 141.000 animaux sur l’année 2023 (- 4,2 %). Cette baisse implique donc une réduction des effectifs d’animaux mis sur le marché.

Ainsi, avec l’offre réduite et une demande accrue pour l’engraissement sur le marché français, les exports d’animaux vifs se sont réduits de 7 % (tous marchés confondus), passant sous le seuil symbolique du million de têtes exportées.

«Dans ce contexte, avec une telle réduction de l’offre, et alors que la demande est dynamique, il ne peut y avoir qu’un effet favorable sur les cours», analyse la Fnb.

Des signaux clairement insuffisants pour les éleveurs

Sur le deuxième semestre 2023, malgré une offre limitée en animaux, les cotations ont connu de fortes baisses (- 5,7 % sur la période), toutes catégories animales confondues. Soit une baisse de 0,28 €/kg sur le Prix Moyen Pondéré entre la semaine 26 et 52.

Cette baisse a été d’autant plus marquée sur le marché de la femelle, que ce soit sur les vaches laitières où la pression à la baisse a été la plus marquée, mais aussi sur les vaches allaitantes.

D’un côté, un prix de revient qui augmente légèrement sur la dernière période, de l’autre, des cotations à la baisse… Pour la Fnb, le constat est simple «le niveau des prix payés producteurs ne permet encore et toujours pas de couvrir la hausse des charges subie par les éleveurs».

L’association spécialisée de la Fnsea pointe du doigt plusieurs incohérences.

«Sur le deuxième semestre 2023, l’écart entre le prix de revient interprofessionnel et la cotation ne diminue que sur la vache allaitante si l’on compare à 2018». «Comparé au semestre précédent (début 2023), cet écart entre cotations et prix de revient ne se réduit que pour le Jb, quand, pour la vache allaitante, il augmente de 0,10 €/kg et pour le broutard, il fait le grand écart et augmente de 0,29 €/kg».

Les signes attendus d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins, en cohérence avec les fondamentaux du marché «ne sont pas au rendez-vous sur ce deuxième semestre 2023», s’alarme la Fnb, qui dénonce «bien que les charges se stabilisent, les cotations gros bovins entrée abattoir ont vu une forte baisse s’opérer». Et de conclure, que «le prix payé producteur est donc toujours à perte, lorsqu’il est comparé au prix de revient».

L’indicateur prix de revient indispensable

Dans ce contexte, la Fnb fait plusieurs préconisations de nature à sécuriser la viabilité des exploitations de bovins viande. «Il convient, rappelle le syndicat, que dans le cadre d’Egalim 2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse». Et c’est le prix de revient interprofessionnel, dans cette proposition, qui sera le socle indispensable à toute négociation. Le résultat de la mécanique de prix issue de la négociation, et présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière.

Par la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a ainsi l’assurance de garder une viabilité économique sur son exploitation, face aux aléas extérieurs (flambée des matières premières, réforme de la Pac, hausse du Smic…).

Par le contrat, l’éleveur est aussi assuré, de mieux contrer les éventuelles pressions à la baisse, saisonnières ou non, appliquées par les opérateurs. La Fnb rappelle également que «la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans un contrat, amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement comme en 2022».