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«L’épizootie de Fco n’est pas encore jugulée»

Fabrice Couturier, président de la Fdsea : «promouvoir la vaccination est un discours de responsabilité». Photo Pierre Divoux
Fabrice Couturier, président de la Fdsea : «promouvoir la vaccination est un discours de responsabilité». Photo Pierre Divoux

Dans le contexte de crise sanitaire liée à l’épizootie de Fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (Fco 3), les services de l’État ont entendu les demandes de la profession agricole et des acteurs des filières bovine et ovine. Fabrice Couturier en rapporte l’inventaire.

Le 4 avril, les services de l’État ont réuni une large palette des acteurs des filières bovine et ovine. Quel était la raison de cette rencontre ?

- Fabrice Couturier : «L’épizootie de Fco 3 frappe très durement nos élevages ovins et bovins. Depuis le début de l’été 2024, notre département est durement touché par cette crise sanitaire d’une ampleur dont nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences. Nous sollicitons le préfet de Moselle régulièrement depuis cet hiver pour alerter sur la gravité de la situation et actionner tous les leviers en capacité d’accompagner les éleveurs dans la détresse. Le 4 avril, nous avons pu entendre de nombreux témoignages révélateurs de la réalité de la situation. Nous sommes persuadés que l’ampleur des conséquences économiques a été sous-estimée. Mais nous avons surtout pu exprimer nos attentes de façon coordonnée et l’urgence de la situation».

- Que pouvez-vous nous donner comme chiffres pour évaluer la situation en Moselle ?

- F. C. : «Le Grand Est s’avère très durement impacté. La moitié des foyers dénombrés à l’échelle nationale, fin mars 2025, se situe dans les départements du Grand Est. La Moselle est le deuxième département le plus touché. L’état des lieux pour notre département est de 869 foyers Fco 3, dont 800 recensés en 2024 et déjà 69 nouveaux foyers en 2025.

Un autre indicateur est le nombre de dossiers déposés par les éleveurs sur la plateforme FranceAgriMer pour émarger à l’enveloppe des 75 millions d’euros que la Fnsea a négociée auprès de notre ministre. 641 dossiers d’indemnisation des mortalités sont enregistrés. À ce jour, les services de l’État nous confirment que 460 dossiers sont instruits pour une mise en paiement de 3,2 millions d’euros en Moselle au titre des pertes de 2024. Ce n’est pas un montant définitif. Il reste des dossiers à instruire et il faudra ajouter à ces sommes les indemnités correspondant aux veaux mort-nés que l’instruction initiale ne comptabilisait pas. Toujours sur cette même enveloppe, nous demandons à revaloriser le montant de l’indemnisation des veaux allaitants. Il nous faudra au moins 600 euros par veau».

- Pour les pertes après le 1er janvier 2025, quelle sera la prise en charge ?

- F. C. : «Difficile de vous répondre mais nous travaillons d’arrache-pied pour trouver des solutions. J’ai interpellé la ministre Annie Genevard, lors du congrès de la Fnsea, fin mars, sur le sujet. Rien n’est acquis mais nous continuons à mettre la pression.

J’ai également pris l’initiative d’une réunion régionale sur le sujet du Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (Fmse). Les éleveurs cotisent depuis de nombreuses années. Ils attendent maintenant un retour. Nous avons donc demandé la mise en place d’un programme d’indemnisation, dans le cadre du Fmse qui est cofinancé par l’État, pour indemniser les pertes liées à la Fco 3 dans le Grand Est.

- Quelle budget souhaitez-vous mobiliser auprès du Fmse ?

- F. C. : «Il faut savoir que chaque euro du Fmse permet d’aller chercher deux euros de plus sur les fonds publics. Mais pour ce qui est de l’enveloppe globale, pour 2025, il faudra avant tout évaluer précisément les pertes subies par les éleveurs. Nous avons donc besoin d’un observatoire alimenté en temps réel. Cet observatoire doit être alimenté par les données de la Bdni et toutes autres sources d’informations fiables. Cet observatoire doit pouvoir servir de référence pour évaluer les pertes directes et indirectes de l’épizootie.

Mais nous devons avoir à l’esprit que les aides ne couvriront pas les pertes. La vaccination reste notre seule arme efficace. Nous avons demandé l’expertise d’un programme de vaccination obligatoire pour les différents sérotypes de Fco et pour la Mhe avec prise en charge des vaccins par l’État.