L’année 2023 a été marquée par l’acquisition du Moulin de Sarralbe en collaboration avec Sanders Nord Est. Ce nouvel investissement ouvre la voie à des débouchés en local, avec plus de 20 % des volumes qui partiront dans les circuits courts, en commercialisation de proximité.
Les années se suivent et se ressemblent, le président du Groupement des producteurs de blé (Gpb) de Dieuze-Morhange, Jean-Marie Guerber a ouvert ses travaux d’assemblée générale en relatant encore une fois le contexte général auquel sont confrontés l’agriculture et l’économie. «Les sujets d’interrogation du moment des français sont la souveraineté alimentaire, la crise énergétique, le dérèglement climatique, l’empreinte carbone ou encore l’inflation» explique le président.
Tous ces éléments impactent également l’agriculture et Jean-Marie Guerber se questionne sur le bien fondé de laisser une partie des terres en jachères, alors que les agriculteurs auront leur rôle à jouer dans la souveraineté alimentaire et sur le plan carbone.
Récolte 2022
Grâce à de bonnes conditions au moment des semis, les implantations d’automne ont permis de respecter les assolements prévisionnels. C’est au printemps, avec un stress hydrique apparu au mois de mai, que les espérances de rendements ont fondu. Au final, pour les céréales d’automne, les rendements sont tout juste moyens avec de la qualité alors que les colzas s’illustrent avec un rendement moyen de 33 q/ha et une excellente teneur en huile. Comme le rappelle le président, «cette culture garde tout son intérêt dans les rotations de notre région, même si c’est la levée qui reste déterminante». Les cultures de printemps, quant à elles, ont fortement été impactées par le climat. La collecte définitive de la coopérative s’établit ainsi tout juste dans la moyenne triennale à 77.036 tonnes, lorsque la production de céréales est en baisse de 8,8 % en Europe et 10,3 % en France. Pendant ce temps, la Russie établit un nouveau record de production.
Face à une forte concurrence, c’est un véritable phénomène de volatilité qui s’est installé et qui a généré une grande période d’incertitude. Malgré une baisse des cours qui s’est engagée quinze mois plus tôt, la coopérative a réussi à payer un prix moyen de 273 €/t pour les blés, 239 €/t en orge et 556 €/t en colza à plus de 92 % de ses adhérents qui ont choisi de faire confiance à leur coopérative plutôt que d’opter pour le prix de marché.
Acquisition du Moulin de Sarralbe
Le véritable fait marquant pour la coopérative est l’acquisition du Moulin de Sarralbe, via un investissement croisé avec Sanders Nord Est. Sanders étant majoritaire en aliment quand le Gpb l’est pour le moulin. En conséquence, comme le souligne le président Guerber, «20 % des blés collectés peuvent, dès à présent, être écoulés en local permettant ainsi de valoriser la qualité, la proximité, les circuits courts».
Les comptes annuels
Le chiffre d’affaires est en hausse de 9,28 % (42,4 M€), cette variation s’explique notamment par la hausse des prix des approvisionnements qui ont également été victimes du conflit russo-ukrainien (+ 22,6 %). La collecte régresse de 1,15 % en volumes, mais les prix payés aux apporteurs ont progressé.
Les charges d’exploitation connaissent une baisse de 13,5 % principalement grâce aux postes énergie et manutentions, face à la quasi-absence de séchage du maïs et du tournesol. Le résultat net comptable s’élève à 11.317 euros contre 406.835 euros pour l’exercice précédent.
Perspectives 2023
Le président a cloturé les travaux d’assemblée générale par la trajectoire qui se dessine pour le nouvel exercice. Le climat a encore eu un effet impactant sur les cultures mosellanes en 2023, avec un printemps froid et humide qui a précédé une longue sécheresse de sept semaines, sans une goutte d’eau, en pleine floraison. Les rendements s’en retrouvent fortement impactés, tant au niveau des blés et orges que des colzas dont les niveaux se retrouvent à celui du début des années 80.
Jean-Marie Guerber s’inquiète «des revenus 2023 qui sont annoncés mauvais, surtout pour les céréaliers, par les centres de gestion et la Chambre d’agriculture après avoir vécu de bonnes années en 2021 et 2022». Il explique enfin que «le conseil d’administration du Gpb, ainsi que le directeur, sont conscients de l’évolution du modèle coopératif et de ses champs d’action et assurent qu’ils sauront relever les défis qui se présentent à eux dans la réflexion et non la précipitation et dans l’intérêt des adhérents».