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FDSEA : Coût de l’énergie, contrainte et opportunité pour l’agriculture

Fabrice Couturier «souhaite analyser le marché de l’énergie en associant les acteurs capables d’aider à transformer les contraintes liées à l’explosion de nos charges, en opportunité». Photo DR
Fabrice Couturier «souhaite analyser le marché de l’énergie en associant les acteurs capables d’aider à transformer les contraintes liées à l’explosion de nos charges, en opportunité». Photo DR

Avec la préoccupation de conserver un potentiel de production en cohérence avec son environnement économique, la Fdsea dessine plusieurs trajectoires pour investir le champ de la production d’énergies renouvelables. Elle donne rendez-vous à ses adhérents à Metz ce vendredi 24 février.

Pour les particuliers mais bien plus encore pour les entreprises, le prix de l’énergie est une préoccupation. Et si les particuliers bénéficient, pour le gaz et l’électricité par exemple, de la protection du bouclier tarifaire, pour les entreprises les dispositifs d’accompagnement s’avèrent moins protecteurs. Pour quelques activités fortes consommatrices d’énergie, les dirigeants ont même dû stopper la production. Les exemples se multiplient dans le domaine industriel, mais l’agriculture n’est pas épargnée. Citons les producteurs d’endives mis en grande difficulté par la hausse du coût de l’énergie. Les producteurs de pommes de terre s’inquiètent également. Beaucoup ayant vu renégocier à la hausse leurs contrats d’électricité avec les opérateurs, voient exploser les coûts de stockage de leurs tubercules.

Plus généralement, au-delà de l’inflation des prix de l’énergie, les exploitations agricoles s’avèrent fragiles face aux menaces de coupure et de délestage en cas de pénurie.

Dans ce contexte, les agriculteurs se questionnent. La flambée des prix de l’énergie s’installe-t-elle dans la durée ? La volatilité des cours peut-elle encore s’amplifier ? En France, les prix de gros ont explosé en août 2022, dépassant les 1.000 euros le mégawattheure pour 2023, contre environ 85 euros un an plus tôt.

Contrainte et opportunité

Pas question de baisser le rideau pour le président de la Fdsea, même si l’agriculture, comme tout le monde, subit l’inflation. Au-delà d’un rôle de facilitateur d’accès aux dispositifs alloués par l’État pour atténuer le choc, Fabrice Couturier souhaite proposer aux chefs d’exploitations agricoles d’envisager des solutions. «J’ai proposé au conseil d’administration de la Fdsea d’analyser le marché de l’énergie en associant les acteurs en capacité de nous aider à transformer les contraintes liées à l’explosion de nos charges, en opportunité pour nos entreprises».

Une proposition unanimement  validée par les administrateurs  de la Fdsea, avec comme concrétisation immédiate, l’organisation d’une table ronde dédiée lors de la prochaine assemblée générale le 24 février à Metz. Fabrice Couturier rappelle cependant que «notre premier métier est de nourrir la population, et notre premier combat est celui de la défense de nos prix de vente», les agriculteurs ne doivent s’interdire de «saisir des opportunités de diversification». Le conseil d’administration souhaite cependant «rester attentif aux éventuelles conséquences indésirables», «à écarter, par anticipation».

Pour comprendre le marché de l’énergie, Fabrice Couturier s’est ataché l’expertise d’un acteur majeur. TotalEnergies prendra donc part aux travaux de la Fdsea. Compagnie multi-énergies mondiale de production et de fourniture d’énergies, TotalEnergies a d’ores et déjà confirmé sa présence au travers de la participation de Frédéric Lenoir, responsable “Partenaires Agricoles - Énergies Renouvelables” au sein de l’entreprise. Il proposera son analyse de la place de l’agriculture dans le marché de l’énergie. Il développera également l’approche de l’énergéticien dans l’analyse du potentiel d’un territoire.

Le Crédit Agricole de Lorraine sera de la partie en qualité d’organisation professionnelle agricole et financeur de l’agriculture dans le développement de cette opportunité que représente la production d’énergies renouvelables.

“Énergiculteur”

Enfin, Fabrice Couturier a fait appel à l’enseignant chercheur Yves Leroux. Professeur Ensaia-Université de Lorraine à Nancy.Yves Leroux est questionné sur la place de l’agriculture dans la production d’énergie. «Il est légitime de s’interroger sur la façon dont l’agriculteur, “énergiculteur” sera perçu dans la société», questionne le président de la Fdsea.

Avec la préoccupation de conserver un potentiel de production en cohérence avec son environnement économique, il voit se dessiner plusieurs trajectoires. «Serons-nous contraints à investir cette diversification dans nos activités ?». Une hypothèse réaliste si l’on décrypte les propos du président Emmanuel Macron le 28 janvier dernier. Le président de la République faisait un lien entre agriculture et énergie dans la future Loi d’orientation et d’avenir (Loa). Il envisage même de conditionner les aides à l’installation des jeunes agriculteurs (Dja), à des objectifs en matière de production d’énergie.

À l’opposé, «pour être là demain», au sens de la performance économique, «la production d’énergies renouvelables peut être une piste de diversification choisie répondant à des objectifs de sécurisation d’accès à l’énergie pour l’entreprise agricole, mais aussi pour son environnement en milieu rural». Les pistes de réflexion sont ouvertes. Rendez-vous le 24 février à Metz.