Alors que le conflit entre la Russie et l’Ukraine entre dans son deuxième mois, la profession agricole, au-delà des perturbations économiques qu’elle subit de plein fouet, s’organise au travers d’initiatives solidaires. L’exemple d’une agricultrice du Pays de Sarrebourg.
Il y a quelques jours, dans le cadre des travaux du congrès de la Fnsea, Christiane Lambert avait organisé un échange en visioconférence en direct d’Ukraine. Invitée à témoigner devant les délégations venues de toute la France, Mariia Didukh, secrétaire générale de l’Ukrainian National Agrarian Forum (Forum national agricole ukrainien), livrait un témoignage bouleversant de la situation de ses compatriotes agriculteurs en temps de guerre. Cet échange faisait suite à l’intégration de l’Ukraine -par la voie d’une procédure d’urgence proposée à la présidente de la Fnsea- au sein du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne), qui regroupe les principales organisations syndicales agricoles européennes.
Semer la nuit
Remerciant les agriculteurs français et européens pour leurs opérations de solidarité, Mariia Didukh a confirmé que ses collègues agriculteurs ne pourraient sans doute pas cultiver plus de 50 % de la Sau du pays. «Les paysans sortent la nuit pour semer, mais sans garantie». En réalité, les agriculteurs ukrainiens manquent de carburant, d’alimentation animale, en particulier dans les élevages laitiers. La réalité de la situation en Ukraine, c’est aussi le flux migratoire de populations terrorisées qui fuit cette zone de guerre aux portes de l’Union européenne. La France accueille une partie de ces familles en détresse. C’est le cas des Sœurs de la Divine Providence dont la maison mère est installée à SaintJean-de-Bassel, dans les locaux historiques d’une ancienne commanderie ayant appartenu aux chevaliers de l’ordre de Malte jusqu’à la Révolution.
Situation d’urgence
La Moselle recueille ainsi, depuis les premiers jours qui ont suivi le début du conflit, trente-quatre femmes et enfants réfugiés. Les capacités d’accueil des installations des Sœurs de la Divine Providence ne présage pas de leurs dispositions à nourrir ces expatriés. Informée de cette situation d’urgence, une agricultrice du Pays de Sarrebourg a pris l’initiative d’offrir deux jeunes brebis. Vendredi dernier, Marie-Rose Appel a sollicité l’abattoir de Sarrebourg pour transformer son don en émincé et en merguez, contribuant ainsi à sa mesure, à l’élan de solidarité envers ces populations en difficulté. Les dirigeants de l’abattoir ont gracieusement mis cet outil de transformation, détenu par les agriculteurs mosellans, pour assurer la transformation des animaux et l’acheminement vers Saint-Jean-de-Bassel. Ainsi, le matin du 1er avril, l’intendante du couvent, Marie-Thérèse Roth, a réceptionné le don de l’éleveuse mosellane.
D’autres dons nécessaires
Marie-Rose Appel témoigne également du travail de la Communauté de Communes Sarrebourg Moselle Sud, dont elle est la première vice-présidente, «la collectivité accompagne ces personnes dans les démarches administratives nécessaires, elle les met en relation avec des personnes capables d’assurer un rôle d’interprète, et organise leurs déplacements vers d’autres communes où une plus grande autonomie des réfugiés peut s’envisager». Marie-Rose Appel et Gilles Becker, le président de l’abattoir, espèrent tous les deux que cette initiative se prolongera par d’autres dons nécessaires à l’accompagnement du travail des Sœurs de la Divine Providence.