Dans la gestion des populations de nuisibles, toutes les initiatives permettant de contribuer à l’atteinte d’un équilibre agro-sylvo-cynégétique s’avèrent les bienvenues. En la matière, les réseaux sociaux ont trouvé une utilité pour un groupe d’agriculteurs et de titulaires du droit de chasse. La communication en est facilitée au service de l’efficacité.
«En Moselle, nous disposons du plus vaste arsenal au service de la gestion des populations de nuisibles», se félicite Marc Schlemer, responsable chasse et faune sauvage à la Fdsea. Mais pas question de se reposer sur ses lauriers, «nous sommes perpétuellement à la recherche de solutions complémentaires, dès lors qu’elles montrent de l’efficacité, pour la régulation des sangliers mais plus largement, tous les nuisibles, et plus fréquemment aujourd’hui les corvidés», affirme Marc Schlemer.
Dans cette période sensible des semis, les représentants du syndicalisme majoritaire se montrent particulièrement en veille dans la recherche d’expériences innovantes. Et cette fois, ce sont les réseaux sociaux qui ont apporté une solution en facilitant la circulation de l’information entre les acteurs d’un même secteur cynégétique.
«Nous avons été tranquilles ces derniers temps avec le sanglier, il y a peu de problèmes», mais la tranquillité des exploitants a été de courte durée, «ce sont les corvidés qui menacent plus fréquemment nos parcelles», constate Jean-Marc Barbé un exploitant impliqué dans le groupe.
Alors, pour ne pas attendre de constater les dégâts avant d’agir, plusieurs agriculteurs et quatre titulaires du droit de chasse partagent toutes les informations sur un fil de discussion répertoriant les événements relatifs aux travaux de semis ou aux signalements de présence de nuisibles. Ils utilisent le réseau social WhatsApp.
La messagerie du portable
WhatsApp est une application mobile multiplateforme qui fournit un système de messagerie instantanée chiffrée de bout en bout. Elle utilise aussi bien les réseaux de téléphonie mobile que l’Internet. Cette application est disponible gratuitement sur l’ensemble de ces supports. Pour le groupe qui nous intéresse, chacun utilise simplement son téléphone portable.
«Au départ, nous étions 3», se souvient Sébastien Schlegel, titulaire d’un droit de chasse. «C’était il y a 8 ans, 2 agriculteurs partageaient des informations avec moi pour améliorer la protection des cultures particulièrement au moment des semis».
Depuis, l’efficacité de la formule a fait des émules.
Ils sont 14 agriculteurs et surtout 4 adjudicataires engagés dans ce dispositif où toutes les informations sont mutualisées.
«Cela représente un territoire de chasse de plus de 2.500 hectares de plaine agricole qui s’étendent de Bertrange à Flévy» précise Sébastien Schlegel. Les agriculteurs jouent un rôle de sentinelles sur un parcellaire qu’ils parcourent très régulièrement. Aussi, les chasseurs peuvent intervenir plus rapidement, donc plus efficacement.
Une mutualisation efficace
«En mutualisant nos lots de chasse, nous avons la possibilité d’intervenir aussi bien en semaine que le week-end», se félicite Sébastien Schlegel. Les équipes de chasse optimisent leur temps disponible pour être réactives lorsque les agriculteurs sonnent l’alerte.
«Ce n’est pas toujours simple, particulièrement avec les corbeaux», rapporte Sébastien Schlegel, avec l’explosion des populations, «il faut se lever de bonne heure». Il témoigne aussi de «l’efficacité des formations au piégeage» organisées dans le cadre du plan de lutte collective en Moselle.
Preuve du succès de ce travail collectif, le développement du nombre d’agriculteurs et de titulaires de droit de chasse, en constante évolution. Mais aussi, témoigne Sébastien Schlegel, «à l’occasion des dernières adjudications, les agriculteurs ont soutenu les candidatures des adjudicataires impliqués», «c’est le résultat de l’efficacité du travail, et nos demandes de gré à gré ont reçu un accueil favorable dans les 4C».
Comme chaque année maintenant, à l’issue de la période sensible des semis, début juin, agriculteurs et adjudicataires se retrouveront. Dans une ambiance conviviale, facilitant le fonctionnement du groupe, ils feront le bilan de l’année écoulée autour d’un cochon à la broche.
Pierre DIVOUX