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La place de l’agriculture dans la société

Une salle attentive aux différents points de vue du député Dominique Potier. Photo Lucile Hergat
Une salle attentive aux différents points de vue du député Dominique Potier. Photo Lucile Hergat

Jeudi 4 mai, s’est tenue, à Château-Salins une conférence animée par Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle. Son intervention a été organisée par une association locale «Castelanim». La réflexion principale de l’intervention reposait sur la place de l’agriculture dans la société en 2023. L’événement a rassemblé une centaine de personnes de tout âge et de tout horizon.

La soirée a été ouverte par Jean-Georges Heyermann, professeur de politique agricole, et acteur principal de la création de la licence professionnelle agronomique de Nancy-Brabois. Cela a permis de faire un point sur la répartition des agriculteurs dans la société et sur le territoire. «Dans la région, il y a 1 agriculteur pour 99 non-agriculteurs. Je pense qu’il est primordial d’apprendre à nos agriculteurs à expliquer leur métier, mais aussi à nos non-agriculteurs d’écouter et de les comprendre», introduit l’ancien professeur. Il a pu préparer la salle à l’intervention suivante.

L’intervention de Dominique Potier n’avait pas pour but de présenter un modèle idéal, car selon ses mots «le système parfait n’existe pas. Il faut des outils de production adaptés à chaque part de marché. C’est pourquoi, la diversité de l’agriculture fait sa force».

Une vie à plusieurs facettes

Avant d’être politicien, Dominique Potier est avant tout agriculteur, installé après des études agricoles sur une exploitation qu’il décidera de convertir en agriculture biologique. À l’époque, il fait donc partie des précurseurs du système. Sa passion pour l’environnement et ses connaissances en agronomie lui ont permis le développement de l’exploitation avec d’autres associés. Par la suite, ses engagements locaux et associatifs l’ont amené à la politique.

Ses deux combats principaux sont les suivants : il souhaite régulariser la mondialisation avec des lois européennes, que ce soit sur l’interdiction de faire travailler des enfants, ou encore sur une harmonisation des restrictions et interdictions sur les produits agricoles. Son second pilier reste en lien avec sa philosophie de vie ; la transition écologique et énergétique reste au cœur de son esprit.

Quel levier d’action possible ?

Le but premier de l’agriculture est de nourrir la population ; cet enjeu n’est pas négligeable. En théorie, la France peut être autosuffisante. Ce n’est pas le cas actuellement ; l’importation et l’exportation font partie intégrante de l’économie  actuelle. En France, le partage de la terre se fait entre 430.000 exploitants. D’ici 2030, 196.000 de ces agriculteurs seront en âge de prendre leur retraite. Le renouvellement des générations peut permettre un changement des productions. La régularisation du foncier sera plus que jamais au centre du débat.

Actuellement, des organismes existent mais on estime à deux tiers du marché foncier qui contournera cette loi de régularisation. «L’agrandissement d’une exploitation par la reprise de foncier profitera à une personne ou société mais appauvrira les autres. La diversification des productions, quant à elle, permet une augmentation de la valeur ajoutée sur une même surface» interpelle le député. La surface moyenne des exploitations est en effet passée de 52 ha en 2013 à 64 ha en 2023, ce qui montre le changement non négligeable de l’agriculture française.

Nourrir le monde en maintenant la fertilité des sols

Comme évoqué par Dominique Potier «la France a la capacité physique de nourrir sa population autant en termes de quantité que de qualité». Pour lui, la régularisation du foncier couplée à la régulation du changement climatique et les échanges commerciaux équitables seraient la clé d’un avenir durable. Sur le territoire, le nombre d’éleveurs est en perpétuelle baisse. Or, cette diminution de production évolue plus vite que la baisse de consommation de viande. Pour pallier cette carence mais aussi proposer des produits à moindre coût, la France est importatrice de viande. La qualité est souvent mise de côté, le bilan carbone d’une viande venant de l’autre bout du monde explose, et les moyens de productions sont différents.

Pour inverser la tendance, il n’y a pas de doute, l’élevage ne doit pas disparaître. Afin de produire en quantité suffisante sans augmenter le dérèglement climatique, la polyculture est une solution durable. Le but n’est toujours pas d’opposer les modèles agricoles, mais de trouver les avantages de chacun. Les productions ne doivent pas s’intensifier au nom de l’autonomie alimentaire et au détriment de l’agroécologie.

L’eau et l’énergie

L’agriculture peut permettre de retenir de l’eau, mais également de produire de l’énergie. L’eau, grand sujet d’actualité, au cœur de nombreux débats sans qui rien n’est possible. Sa consommation au niveau agricole se voit régulée et évolue dans cette optique de diminution. Le député explique : «l’agriculture est un acteur important dans les énergies ; aussi bien dans la consommation que dans la production. Le colza peut être transformé en carburant, les affluents d’élevage, grâce aux méthaniseurs en biogaz, mais également l’électricité par les panneaux solaires disposés sur les bâtiments agricoles».

Ces solutions permettent de voir l’avenir plus positivement. Ce ne seront peut-être pas les méthodes de demain, mais elles doivent contribuer à la pérennisation de l’activité agricole dans la société. Ces méthodes permettent également une opinion plus favorable des agriculteurs par les non-agriculteurs.

Le maître-mot solidarité

Dominique Potier a conclu son intervention en mettant en avant l’importance de la solidarité dans la société actuelle. Cette solidarité commence par l’entraide entre agriculteurs. Le député rappelle un exemple parlant, «lors de la sécheresse de 1976, le monde paysan s’était organisé. Des voyages entre la Moselle et la Marne avaient été mis en place. Les céréaliers n’avaient pas hésité à aider les éleveurs mosellans, durant cette dure période. Cette solidarité est primordiale». La seconde est, pour lui, la solidarité avec les non-agriculteurs. Chacun doit écouter et comprendre l’autre en faisant parfois des concessions sans être égoïste.

Et pour finir, toujours en accord avec les principes du député, il s’agit de la solidarité avec les autres nations. Les choix faits en agriculture dans le pays auront une répercussion sur les agriculteurs des autres pays.