La règle du «zéro phyto» oblige les collectivités à repenser l’entretien de leurs espaces publics. Tandis que certain se tournent vers des substituts non chimiques, d’autres font le choix de l’éco-pâturage.
Depuis quelques années, la pratique de l’éco-pâturage connaît un développement exponentiel. En France, plus de 500 collectivités et organismes privés ont recourt à cette méthode alternative pour la gestion de leurs espaces paysagers.
L’éco-pâturage est une technique d’entretien des espaces verts par l’action des animaux. Absence de nuisances sonores et olfactives, entretien de zones difficiles, biodiversité retrouvée, valeurs pédagogiques et sociales… et avec une faible empreinte carbone, l’éco-pâturage est un agrément en faveur des paysages. Les moutons sont plus agréables que des tondeuses.
Proche du centre-ville
C’est le choix qu’a fait la ville de Sarrebourg en proposant à un éleveur d’entretenir une partie de la Zac du quartier Gérôme, proche du centre-ville. Initialement ce sont 3 ha qui sont concernés, surface qui peut être amenée à évoluer encore. À terme ces terrains sont destinés à être construits. Le projet a été mené en partenariat avec la Chambre d’agriculture de la Moselle dont les rôles ont été multiples : réflexion sur la faisabilité technique du projet, recensement des besoins, établissement des termes du contrat et bien sûr recherche d’un éleveur correspondant au profil défini.
Afin d’accueillir les animaux dans les meilleures conditions, la ville a fait installer des clôtures adaptées qui assureront la tranquillité du cheptel (chiens, personnes,…). L’abreuvement reste encore un point en suspens, en effet des bornes incendies auraient dû être mises à disposition mais l’opération n’est pas possible. Une autre solution est en réflexion. L’éleveur vient d’y installer une vingtaine de brebis, cheptel qui pourra évoluer en fonction de la quantité et de la qualité fourragère disponible. Le contrat, moyennant rémunération, impose une obligation de résultat pour que le site reste entretenu. Néanmoins, et ce n’est pas toujours le cas, la ville prendra en charge le broyage des refus et l’entretien des bordures. La ville de Sarrebourg, quant à elle, met l’accent sur la communication avec, entre autres, des pancartes d’informations. À peine installées, les brebis ont déjà suscité la curiosité des riverains dont certains ont souhaité s’impliquer en proposant par exemple de surveiller les animaux et d’alerter les éleveurs en cas de problème.
La ferme de la forêt
Audrey Langbour et Emmanuel Houpert sont éleveurs à la ferme de la forêt à Voyer. Le couple a choisi de proposer le service d’une partie de ses brebis à la ville de Sarrebourg. Cela leur permet de diversifier encore leur petite exploitation et de bénéficier d’un complément de fourrage. Les dernières années de sécheresse avaient contraint les éleveurs à réduire leur troupe par manque de fourrage. Ils possèdent aujourd’hui 150 brebis Lacaune avec lesquelles ils fabriquent du fromage vendu dans 4 magasins de producteurs et à la ferme. Ils ont également 100 brebis de souche Texel destinées à la production de viande.
Les 250 brebis produisent 300 agneaux, tous élevés à l’herbe et vendus en direct. L’éco-pâturage est une pratique ancienne mais habituellement peu, voire pas cadrée. Ce projet est le premier contrat d’éco-pâturage officiel sur le département de la Moselle et, un moteur pour que d’autres se mettent en place.