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VIANDE BOVINE : Coûts de productions en légère augmentation sur le deuxième semestre 2023

Après un deuxième semestre 2023, qui a vu une forte pression des prix à la baisse, le début de l’année 2024 voit la tendance s’inverser. Photo Actuagri
Après un deuxième semestre 2023, qui a vu une forte pression des prix à la baisse, le début de l’année 2024 voit la tendance s’inverser. Photo Actuagri

Après une fin 2023 marquée par une pression incompréhensible à la baisse des cotations sur le marché de la femelle et du broutard, janvier et février 2024 ont livré des signaux positifs pour les producteurs. «Plus que jamais, dans ce contexte, il est primordial que les lois Egalim s’appliquent au plus vite» tance la Fédération Nationale Bovine (Fnb).

Dans une note dédiée au marché de la viande bovine, la Fnb analyse les fondamentaux et les tendances des prix des matières premières et des cours pour les différentes catégories d’animaux.

Après des mois d’inflation, la Fnb constate ainsi une lente diminution, enclenchée sur l’année 2023, des prix des matières premières. Entre décembre 2022 et décembre 2023, le prix des aliments achetés recule de 9,8 %. Les engrais et amendements affichent - 36,6 % et le poste énergie et lubrifiants - 2,8 %.

Les prix de revient augmentent

Mais dans ce contexte, la Fnb attire l’attention «les indicateurs de prix de revient en viande bovine augmentent tout de même de 0,4 % sur le deuxième semestre 2023». Elle explique cette hausse, entre autres, par «l’intégration des effets de l’application de la réforme de la Pac, qui implique pour les éleveurs bovins viande une diminution de leurs aides de l’ordre de 8 centimes/kg».

Avec la publication du dernier indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa) qui mesure les variations des prix d’achat supportés par les exploitations agricoles pour leurs intrants de production et leurs dépenses d’investissement, la Fnb constate que «sur le mois de février 2024, les tendances vont sur une très légère augmentation de l’Ipampa», soit une hausse de 0,8 point par rapport à janvier 2024. Une hausse essentiellement due à «une augmentation du poste énergie et lubrifiants».

Cependant, l’estimation de la Fnb pour l’évolution du coût de production sur le mois de février, baisse, «mais reste à un niveau élevé», comme en témoigne le tableau ci-dessous.

La décapitalisation du cheptel bovin allaitant enclenchée depuis 2016, a été encore la tendance de l’année 2023, montre la Fnb, «ce sont 98.000 vaches allaitantes en moins en moyenne sur l’année 2023 par rapport à 2022».

Une offre limitée

Alors que la consommation par bilan diminue globalement, avec une diminution plus marquée sur la deuxième partie de l’année 2023, la décapitalisation elle aussi poursuit son chemin et se traduit par la poursuite de la tendance à la baisse des abattages, plus rapide que la baisse de la consommation.

Sur 2024, les chiffres traduisent ce manque d’animaux. Ainsi, sur le début de l’année 2024, ce sont 3,18 % d’abattages en moins.

La décapitalisation se traduit également par une baisse des naissances de 141.000 animaux sur l’année 2023 ( - 4,2 %). «Cette baisse implique donc une réduction des effectifs d’animaux mis sur le marché», en déduit la Fnb.

Avec une offre réduite et une demande accrue pour l’engraissement sur le marché français, les exports d’animaux vifs se sont réduits en 2023 de 7 % (tous marchés confondus), passant sous le seuil symbolique du million de têtes exportées.

Dans ce contexte, avec une telle réduction de l’offre, les volumes exportés ont été restreints en début d’année (- 7 % en cumul jusqu’en semaine 7) et alors que la demande nationale, italienne et espagnole est dynamique, les cours sont restés orientés à la hausse.

Des cotations toujours insuffisantes

Après un deuxième semestre 2023, qui a vu une forte pression des prix à la baisse (diminution de 0,28 €/kg sur le prix moyen pondéré entre la semaine 26 et 52) et ceci malgré une offre limitée en animaux, le début de l’année 2024 voit la tendance s’inverser. «Le mois de février est marqué par des hausses sur l’ensemble des catégories», se félicite la Fnb qui constate «une augmentation du prix moyen pondéré de 0,04 €/kg entre la semaine 05-2024 et la semaine 09-2024» : le prix moyen pondéré passe en effet sur cette période de 5,01 €/kg à 5,05 €/kg.

Une satisfaction qui trouve aussi son explication, sur le mois de février 2024, dans «la réduction de l’écart entre le prix de revient interprofessionnel et la cotation sur une majorité de catégories animales». La vache allaitante fait exception.

Les signes d’une amélioration de la rémunération des éleveurs bovins «ne sont pourtant pas au rendez-vous sur ce mois de février» tempère l’association spécialisée de la Fnsea. Bien que les charges se stabilisent, «la hausse des cotations gros bovins entrée abattoir n’est pas suffisante», constate-t-elle. «Le prix payé producteur est donc toujours à perte, lorsqu’il est comparé au prix de revient», conclut la Fnb.

L’indicateur prix de revient

Véritable cheval de bataille, la Fnb rappelle aux éleveurs que «dans le cadre d’Egalim 2, l’éleveur doit établir sa proposition de contrat à son premier acheteur et non l’inverse. Et le prix de revient interprofessionnel est, dans cette proposition, le socle indispensable à toute négociation, et doit donc être majoritaire».

Autre intérêt majeur dans la logique d’Egalim, «le résultat de la mécanique de prix issue de la négociation, présente dans le contrat, ne sera alors plus négociable par l’aval de la filière».

«Par la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans le contrat, l’éleveur a l’assurance de garder une viabilité économique sur son exploitation, face aux aléas extérieurs, flambée des matières premières, réforme de la Pac, hausse du Smic…», martèle la Fnb.

Par le contrat, l’éleveur est aussi assuré, de mieux contrer les éventuelles pressions à la baisse, saisonnières ou non, appliquées par les opérateurs. Il convient également de rappeler que la prise en compte de l’indicateur interprofessionnel dans un contrat, amène toujours à une meilleure valorisation que le prix du marché, même quand celui-ci augmente fortement comme en 2022.