Réapprendre à vivre avec l’inflation et s’adapter aux ruptures brutales. C'était le message de Serge Moly lors des travaux de l'assemblée générale d'Unicoolait. Les délégués de la coopérative se sont retrouvés 28 avril à Niderviller et avaient invité le directeur approvisionnement lait du groupe Lactalis pour une analyse des marchés laitiers.
Directeur approvisionnement lait du groupe Lactalis, Serge Moly a ouvert son propos relatif au contexte des marchés par un message, «il faut réapprendre à vivre avec l’inflation» et «s’adapter aux ruptures brutales». Pour le retour de l’inflation, nous en sommes au début. Quant aux ruptures brutales, les exemples ont ponctué le propos. Pandémie, conflits ukrainien, mais aussi plus modestement, consommation erratique hors foyer et dans les circuits courts, ou encore déconsommation bio, les phénomènes ne manquent pas. Mais Serge Moly trouve ailleurs les raisons de la «hausse du prix du lait initiée depuis le deuxième semestre 2021», une hausse «inédite par son ampleur». Il observe, «partout dans le monde, et depuis plusieurs mois, une décroissance de la production laitière alors que la consommation reste correctement orientée».
Baisse de la production
La baisse de la production résulte de la baisse des effectifs, mais aussi de la baisse de rendement par vache. La concurrence des productions végétales dont les marchés sont bien orientés pèse aussi. Plus fondamental, le difficile renouvellement des générations plombe le potentiel de production. Après des années de croissance des volumes mis sur le marché – de l’ordre de 2 % l’an – Serge Moly envisage un recul en 2022, particulièrement en Europe. Voilà pour les volumes. Pour les prix, après la progression de 2021, dès le premier trimestre 2022, la tendance se confirme. Et pour le directeur appro de Lactalis, «aucun signal ne semble inverser cette tendance, même si certains pays augmentent leur production». Problème pour le transformateur, «l’inflation des prix de revient industriel est constatée à hauteur de 15 %» quand dans le même temps «les prix sortie usine ne sont revalorisés que de 3 %». Si en 2021, la revalorisation des prix a résulté essentiellement de la progression des prix des produits exportés, pour Serge Moly, «l’insuffisance de la revalorisation des marchés domestiques est intenable». Début avril, les industriels ont demandé une révision des négociations commerciales.