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Gagner du temps au quotidien

Lucien à côté de son père Charles Guerder, avec en arrière-plan dans la colline, l’ouvrage du Hackenberg surnommé «le monstre de la ligne Maginot» de par son étendue. Photo Cédric COILLOT
Lucien à côté de son père Charles Guerder, avec en arrière-plan dans la colline, l’ouvrage du Hackenberg surnommé «le monstre de la ligne Maginot» de par son étendue. Photo Cédric COILLOT

Retour d’expérience sur le parcours d’un éleveur qui fait le pari de l’automatisation sur sa ferme. Objectif, maintenir la coexistence entre un cheptel laitier et un cheptel allaitant, tout en gagnant en productivité.

Sur la commune d’Oudrenne, dans le canton de Metzervisse (57), l’Earl du Hackenberg a fait le choix de la robotisation. En 2007, Charles Guerder rejoint la ferme familiale du Hackenberg avec son père Clément. Avant de s’installer, l’agriculteur diplômé d’un Bts Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole, a d’abord été durant plusieurs années technico-commerciale à Sicalor (Lemud, 57), puis responsable d’équipement d’élevage à la Cal (Toul, 54). 

L’exploitation comptait à son arrivée 90 vaches laitières Prim’Holstein, un troupeau de Salers avec 50 mères, plus un atelier d’engraissement pour tous les veaux mâles de la ferme. La Sau totalise 250 hectares pour 140 hectares de surfaces fourragères, avec 1,5 salarié équivalent temps plein, en plus des deux chefs d’exploitation. 

Augmentation de la production laitière

Aujourd’hui, l’exploitation compte 75 vaches laitières, plus 45 vaches Salers et 25 vaches Rouge des Prés, avec un seul exploitant et aucun salarié. Les 750.000 litres de lait produits sont vendus à la coopérative laitière Freiwald, dont le lait est valorisé en Allemagne par l’entreprise Hochwald.

Face à la difficulté croissante de trouver et de conserver de la main-d’œuvre, Charles Guerder s’est interrogé sur l’avenir des productions de l’exploitation : «étant donné le manque de main-d’œuvre, soit je partais uniquement en vaches allaitantes avec engraissement concomitamment à l’arrêt du lait, soit je robotisais au maximum pour garder les troupeaux laitier et allaitant».

La première étape sur la voie de la robotisation a été le passage en 2020 d’un système en logettes paillées à un système tout lisier avec l’acquisition d’un robot d’aspiration Lely Discovery Collector en complément d’un séparateur de phases. Charles Guerder précise que «le robot racleur permet d’avoir des sols plus propres, ce qui améliore la santé des pattes. La séparation des phases liquide et solide a également réduit les besoins de stockage d’effluents liquides de l’ordre de 30 %». L’utilisation de la phase solide en litière fait économiser environ 200 bottes de paille annuelles sur 100 places de couchage. 

Des heures de travail en moins

Une deuxième étape a été franchie avec l’acquisition d’un robot d’alimentation Lely Vector, en juin 2021 : «j’ai gagné l’équivalent d’un salarié à temps plein (Etp), si l’on ramène les heures de travail économisées sur sept jours par semaine pour l’alimentation de tous les animaux». L’exploitant note une meilleure efficacité alimentaire avec une diminution des refus.

En décembre 2021, la traite a également été robotisée avec l’arrivée d’un robot Lely Astronaut A5. Charles Guerder a constaté, depuis, une augmentation de la productivité du troupeau de 10 kg par vache et par jour. L’exploitant est satisfait de son investissement qui le libère de 0,5 Etp.

Courant 2022, l’agriculteur va s’équiper d’un deuxième robot de traite pour augmenter la production à 1,4 million de litres de lait avec 100 vaches. Charles Guerder considère que «pour optimiser la production laitière, il faut faciliter l’accès au robot en évitant un effectif trop élevé par robot».

L’activité d’engraissement va être arrêtée, avec des broutards qui seront vendus : «ma surface n’étant pas extensible, cela me permettra de récupérer de la surface fourragère pour alimenter mes vaches laitières supplémentaires».  

Charles Guerder considère que «le montant des investissements liés à la robotisation, qui se chiffre à 550.000 euros, est élevé mais il permet de générer une économie importante sur la main-d’œuvre. Cela m’apporte également une meilleure gestion financière de l’exploitation avec une productivité en constante augmentation, à la différence d’un système d’exploitation avec salarié qui est davantage contraint».

Avec le temps dégagé, Charles Guerder en a profité pour développer une entreprise de travaux agricoles avec un voisin qui assure des prestations de semis, pressage, enrubannage, et prestations mécaniques.

L’agriculteur réfléchit maintenant à de nouveaux projets tels que la construction d’un bâtiment autonome d’engraissement et de la méthanisation, tout en préparant l’arrivée de son fils aîné, Lucien, dix-sept ans, qui est actuellement en première au lycée agricole de Courcelles-Chaussy. Des portes ouvertes Lely seront organisées sur la ferme du Hackenberg, le 19 mai prochain.

L’astreinte de l’alimentation des animaux n’existe plus , grâce à son automatisation
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