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Les réseaux Fdsea et Ja attendent le gouvernement sur des actes forts

À Laquenexy, les adhérents ont partagé leurs vives inquiétudes quant aux conséquences économiques des importations de productions agricoles et de produits transformés depuis l’Ukraine. Photo Pierre Divoux
À Laquenexy, les adhérents ont partagé leurs vives inquiétudes quant aux conséquences économiques des importations de productions agricoles et de produits transformés depuis l’Ukraine. Photo Pierre Divoux

Avec la montée en puissance de la mobilisation des réseaux Fdsea et Ja, le déroulement des assemblées cantonales évolue. Les débats se concentrent sur le mode opératoire des actions syndicales. La détermination des adhérents présage d’une très forte mobilisation pour les actions en cours et à venir. La profession agricole attend des actes.

Tribune fournie ce mardi soir à Laquenexy pour les assemblées générales des cantons syndicaux de Pange Nord et Sud. Aux côtés de Fabrice Couturier, son secrétaire général adjoint, Jean-Baptiste Kaiser, le trésorier de la Fdsea ; Béatrice Charpentier, et les deux présidents cantonaux, Marie-Claude Scharff et Germain Bach.

Sans surprise, la soirée sera consacrée à l’actualité brûlante de la mobilisation des syndicats majoritaires Fdsea et Ja.

La pression monte sur tout le territoire. «Cette dynamique s’inscrit dans la stratégie que nous menons depuis novembre sous la bannière “On marche sur la tête”», explique le président de la Fdsea. «Cela fait des mois que nous alertons sur l’accumulation de sujets de mécontentement», développe Fabrice Couturier. Pour le leader syndical, les réponses apportées par le gouvernement «s’avèrent au mieux un manque d’écoute», «au pire une indifférence totale». Il identifie deux éléments déclencheurs de la montée en puissance du mouvement.

D’une part, la très forte mobilisation des agriculteurs allemands. «C’est une bonne surprise». Nos voisins d’outre-Rhin ne sont pas coutumiers des mouvements de protestation. «Ils n’ont pas bougé sur les récents mots d’ordre de mobilisation lancés au niveau européen». Pourtant, les sujets impactaient fortement leur agriculture à l’exemple des textes européens sur les émissions industrielles et les réductions de produits phyto.

D’autre part, «toutes nos entreprises souffrent durement du manque de trésorerie. Le ciseau des prix que nous redoutions frappe de plein fouet les entreprises agricoles», constate le président de la Fdsea.

Les réseaux Fdsea et Ja s’étaient déjà mobilisés en novembre avec des acquis tangibles. Mais la liste des revendications s’avère bien loin de l’épuisement.

Paiements Pac, trop de retards

Pour preuve, lors de l’assemblée commune des cantons d’Albestroff et de Sarralbe, un agriculteur pousse un coup de gueule expliquant attendre toujours ses aides Pac alors que son dossier ne pose théoriquement aucun problème.

Florent Dory, secrétaire général de la Fdsea, explique que la Fdsea continue de travailler avec l’administration pour essayer de régler ces problèmes au plus vite. Pour l’élu de la Fdsea, de tels problèmes sont absolument intolérables : «l’État demande au quotidien aux agriculteurs une rigueur absolue sur de nombreux sujets alors que lui-même n’est pas capable de faire ce à quoi il s’engage». Plusieurs adhérents expriment leurs ras-le-bol administratif. Un agriculteur prend l’exemple du permis de construire pour un bâtiment agricole : «il y a quarante ans, c’était trois à quatre feuilles ; aujourd’hui, c’est un pavé». Plusieurs membres de l’assemblée demandent à suivre l’exemple des agriculteurs allemands qui manifestent.

Une très large palette de revendications

À Laquenexy, les adhérents en appellent au bon sens lorsque le débat s’engage sur les nouvelles contraintes apportées par le septième programme d’action de la directive nitrates. C’est dans l’exercice quotidien de leur métier que les agriculteurs vivent d’insurmontables contraintes. Leurs relations avec l’administration ne sont que passage obligé sans lien avec l’accompagnement attendu. «Nous avons besoin de retrouver de la dignité», plaide un adhérent sceptique quant à «la capacité de la profession à assurer dans cette absence de reconnaissance, le renouvellement des générations».

Revenu, compétitivité, respect de la loi Egalim, sont au menu d’une très large palette de revendications pour lesquelles «nous devons maintenir la pression sur le gouvernement pour obtenir de réelles avancées et non des promesses en l’air», martèle Fabrice Couturier.

Sur les dossiers locaux, le président du canton de Sarralbe se fait l’écho de nombreux agriculteurs, qui sont approchés sur le photovoltaïque «jusque dans les champs en raison d’un poste de source à Insming». Pour un adhérent confronté à plusieurs commerciaux : «nous sommes confrontés à des vendeurs de rêve et c’est particulièrement malsain». Florent Dory rappelle que la juriste de la Fdsea, Marie Pescheteau, sera toujours de bon conseil sur le sujet. Elle a acquis, au fil des cas qui lui sont présentés, une grande connaissance du dossier «il ne faut pas hésiter à la contacter», affirme le secrétaire général de la Fdsea.

En Moselle, trois points de blocage

Dans ce contexte de grogne, tous les cantons des réseaux Fdsea et Ja ont pris la décision d’accentuer la pression et de se mobiliser.

À peine sorti d’une conférence avec l’ensemble des responsables cantonaux, Fabrice Couturier a annoncé «des blocages sur trois points en Moselle».

À Fey, Thionville et Freyming-Merlebach, l’autoroute sera coupée depuis jeudi 10h au vendredi 16h.

«Nous nous préparons à porter nos revendications dans la durée» prévient Fabrice Couturier, «jusqu’au début du Salon de l’agriculture s’y -il le faut». Les agriculteurs attendent des réponses claires de la part du Président de la République.

À Laquenexy, une partie des débats a été consacrée aux problématiques d’emploi en agriculture. Sur cette question, tout le territoire est concerné, même si «le manque de personnels s’avère pus accru le long de la frontière luxembourgeoise», témoigne Jean-Baptiste Kaiser. Le secrétaire général adjoint de la Fdsea a mis à profit ce temps consacré aux questions de main-d’œuvre pour relater le fonctionnement du service de remplacement départemental. Plusieurs pistes d’évolution ont été évoquées dans le sens de l’amélioration du service rendu aux utilisateurs.