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Le Grand Est défend la cohésion

Fabrice Couturier qualifie de «dangereux» les choix géopolitiques, qui ont pour conséquence de «malmener nos marchés, de dégrader notre productivité». Photo Pierre Divoux
Fabrice Couturier qualifie de «dangereux» les choix géopolitiques, qui ont pour conséquence de «malmener nos marchés, de dégrader notre productivité». Photo Pierre Divoux

Face à l’adversité qui a caractérisé la période récente de la crise paysanne, le président de la Frsea Grand Est, Fabrice Couturier, a lancé un appel à la confiance dans le réseau syndical. Sans démagogie ni désinformation. Grâce à la proximité, l’expertise et la rigueur.

Soixante-sept personnes constituaient la délégation du Grand Est, lors du congrès de la Fnsea à Dunkerque, en provenance des dix départements. Une étape importante pour les élus de terrain, après la large mobilisation de ces derniers mois. Avec des mots-clés qui portent l’éventail des revendications «dignité, juste revenu, conditions d’exercice favorable du métier…».

Un certain attachement des concitoyens

Comme le veut la tradition, chaque région s’exprime à tour de rôle. Fabrice Couturier, le président de la Frsea Grand Est, a livré un plaidoyer en faveur de la solidarité de tous les acteurs du réseau «clé de voûte des victoires syndicales d’aujourd’hui et à venir». Le leader lorrain mesure l’intensité des enjeux qui se présentent à la profession «nous luttons sur tous les fronts». Méditant une réflexion de François Mitterrand qui qualifiait l’époque qui s’ouvrait, à la fois de «si prometteuse, si périlleuse». Trois décennies plus tard, cette réflexion reste d’actualité, et «décrit bien la situation de notre société et, in fine, celle de l’agriculture».

Au rang des promesses, Fabrice Couturier énumère : l’augmentation constante de la population mondiale qui induit des besoins croissants de matières premières agricoles ; de nouvelles attentes synonymes de perspectives de marché et d’opportunités économiques ; une nouvelle génération d’agriculteurs, entreprenante, ouverte aux pratiques nouvelles. Le tout couronné «par un certain attachement de nos concitoyens à l’agriculture».

Le revers de la médaille se trouve dans les «périls» mis en relief par Fabrice Couturier. Une consommation effrénée des ressources, entraînant plus de pollution ; la remise en cause des moyens de production «souvent par des minorités médiatisées». Le président de la Frsea relève une défiance à l’endroit des technologies agricoles «notamment lorsqu’elles touchent au vivant». Il qualifie de «dangereux» les choix géopolitiques, qui ont pour conséquence de «malmener nos marchés, de dégrader notre productivité». Enfin, il pointe le changement d’alimentation «qu’on voudrait nous imposer, basé sur de nouveaux process industriels, qui remplaceraient demain le lait et la viande , grâce à quelques milliardaires éclairés et philanthropes…».

Autour de valeurs communes

Le contexte rappelé, Fabrice Couturier livre son message : «Notre réseau est mis à rude épreuve, prenons garde à conserver ce que nous avons de très précieux entre nous : la confiance. Jamais nous ne devons céder à la démagogie, aux jugements à l’emporte-pièce et à la désinformation… Bien au contraire, dès qu’il y a un doute, une incompréhension, une polémique, demandons des explications à nos confrères qui sont concernés : faisons-leur confiance».

Le chef de file du syndicalisme du Grand Est formule le vœu que «la Fnsea reste cette organisation puissante et omniprésente, reconnue pour la proximité de son réseau, son expertise et sa rigueur. C’est cela qui nous distingue des autres !». Avant de réaffirmer la «confiance» dans les dirigeants nationaux, conscient de leurs «travail, implication, et sacrifices».

Lors des manifestations, un mot d’ordre était : pas de reprise politique. «Je crois que cela a été unanimement apprécié, estime Fabrice Couturier. L’important est de nous retrouver autour de nos valeurs communes, de notre vision partagée de la société, et de la place que doit y tenir l’agriculture. Face à un gouvernement qui, vraisemblablement, tente de gérer la crise agricole comme il a géré celles des gilets jaunes, notre force, la clé de voûte de notre structure, c’est la cohésion et il n’y a pas de cohésion sans confiance !».