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L’agriculture comme solution dans la transition écologique

Le président de la Chambre régionale, Maximin Charpentier, invite à «entendre le cri du cœur des agriculteurs réclamant une agilité, dont ils ne peuvent se passer». Photo Pierre Divoux
Le président de la Chambre régionale, Maximin Charpentier, invite à «entendre le cri du cœur des agriculteurs réclamant une agilité, dont ils ne peuvent se passer». Photo Pierre Divoux

Sur fond de planification écologique où l’agriculture vante ses vertus, Maximin Charpentier a sollicité le président du Grand Est et la préfète de Région, afin d’introduire auprès du gouvernement la demande de «création d’une commission» encadrant les initiatives «au service de la simplification».

Au premier abord, l’ordre du jour de la session de la Chambre régionale d’Agriculture aurait pu paraître un brin hors sol. Parler de planification écologique, à un public de responsables professionnels agricoles, en plein cœur d’un mouvement de contestation largement dominé par les questions d’environnement, participe d’une relative prise de risque. Mais au fil de la matinée, le 6 mars à Metz, Maximin Charpentier et son équipe, ont travaillé à démontrer devant le secrétaire général à la Planification écologique, les vertus de l’agriculture du Grand Est au service de la transition écologique.

Antoine Pellion totalise déjà quatre déplacements sur la région, dans le cadre de ses fonctions. Un poste créé par la Première ministre, Élisabeth Borne au printemps 2022, pour élaborer les stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire.

Connu comme l’éminence verte du président Macron, Antoine Pellion définit la planification écologique comme «la réussite d’une mobilisation collective, de l’État des entreprises, des collectivités et des citoyens», sur les différentes dimensions du défi de la transition écologique dont «la baisse des émissions des gaz à effet de serre, l’adaptation de notre pays aux changements climatiques, la restauration de la biodiversité, l’économie circulaire», ou encore, les sujets «de santé et environnement, l’accès aux ressources naturelles comme la biomasse».

Face à cet inventaire «extrêmement vaste», il insiste sur la nécessité de «réussir cette mobilisation collective». Une précaution oratoire peut être héritée de l’expérience de la taxe carbone, dont il porte une part de la paternité, et qui a provoqué le soulèvement des gilets jaunes.

Au cœur du réacteur

Pas d’opposition de l’assemblée à l’embarquement de l’agriculture dans la transition écologique. Les prises de parole, lors des tables rondes, feront d’ailleurs la démonstration d’une agriculture s’imposant comme une solution.

Mais si «les agriculteurs seront au cœur du réacteur de la planification écologique, ils ont des attentes», prévient Jérémy Jenneson, représentant de la Frsea. Constatant que «le monde d’hier, construit sur la consommation, avait enrichi les acteurs de la distribution», il ambitionne pour «le monde de demain», où l’agriculture répondrait à des demandes «de matériaux, d’énergie, de paysages, de biomasse, en plus de produits alimentaires de qualité, une rémunération au prix de chacune de ces productions». «On nous demande de faire de l’environnement, nous voulons être rémunérés pour ce travail et les efforts réalisés», martèle le représentant du syndicalisme majoritaire.

De l’agilité

Des attentes encore, exprimées celles-ci par Maximin Charpentier, pour qui «une partie de la solution appartient aux territoires au travers d’une contractualisation entre les gens qui habitent un territoire et ceux qui fournissent des produits et des services». Et face à la difficulté représentée par «des attentes structurantes dans le temps long, comme la neutralité carbone en 2050» et «dans le même temps, répondre à son quotidien vis-à-vis d’un changement climatique où l’agriculture est la première touchée de façon violente», le président de la Chambre régionale invite à «entendre le cri du cœur des agriculteurs réclamant une agilité dont ils ne peuvent se passer». Et de prendre pour exemple l’impressionnante variabilité des dates de semis des orges de printemps ces dernières campagnes.

Les agriculteurs ont donc besoin que l’on «rende de l’agilité aux territoires» dans un cadre administratif où «les mêmes dates pourraient s’imposer partout».

Maximin Charpentier attend également de la part de l’État «une réduction de 30 % de la bulle réglementaire», mais surtout «un accompagnement des Régions à travers une subsidiarité redonnée aux collectivités»«le bon sens» serait la règle entre les acteurs locaux que sont les préfets et les services déconcentrés. Très officiellement, Maximin Charpentier a sollicité le président du Grand Est, Franck Leroy, et la préfète Josiane Chevalier, afin d’introduire auprès du gouvernement la demande de «création d’une commission» encadrant les initiatives «au service de cette agilité et de la simplification, attendues par le monde agricole».

En écho au président de la Chambre régionale d’agriculture, la préfète de Région attend elle aussi «plus de pouvoir de dérogation pour son action en lien avec les attentes du territoire».

Tous les acteurs expriment donc des attentes, mais le constat est fait de la bonne volonté de part et d’autre. Et il en faudra pour permettre de réduire nos émissions de carbone de 190 millions de tonnes d’ici à 2030. Ce qui suppose, d’aller deux fois et demi plus vite dans les cinq années à venir que ce qui a été réalisé entre 1990 et aujourd’hui. Un véritable défi qui implique, pour le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, «que l’on accorde plus de confiance à la profession et plus de souplesse dans l’application des règles au niveau des territoires». Les messages de la profession sont passés.