Géopolitique et agenda électoral se sont imposés à l’ordre du jour du Conseil d’administration de la Fdsea. Fabrice Couturier défend «une croissance durable comme levier du développement de l’agriculture».
Le 19 avril, les administrateurs de la Fdsea se sont retrouvés à Morhange pour une séquence de travail dont l’ordre du jour témoignait d’une actualité chargée. Géopolitique et agenda électoral se sont imposés dans les préoccupations professionnelles.
Croissance durable
La crise sanitaire qui a mis à l’arrêt l’économie mondiale, puis la guerre en Ukraine, «ont démontré à beaucoup qui n’en avaient pas conscience, que la production agricole était indispensable pour faire face au défi alimentaire», et ce, bien au-delà des limites nationales. Le constat dressé par Fabrice Couturier est largement partagé au sein du Conseil d’administration. Mais beaucoup doutent de la pérennité de cette prise de conscience. «Des inflexions sont perceptibles dans les discours, plus timidement dans les actes», commente Florent Dory. Faire de la production, alimentaire une véritable priorité des politiques publiques, passe par «une remise en cause de la logique de décroissance portée par la Commission européenne», affirme le président de la Fdsea qui défend «une croissance durable comme levier du développement de l’agriculture».
Les administrateurs ont bien pris acte des évolutions décidées par l’Europe après la déclaration de guerre de la Russie, et notamment la dérogation temporaire visant à autoriser la production de cultures sur jachères.
Prudence
Cependant, plusieurs présidents de cantons ont appelé à la prudence. «Le plan stratégique présenté par la France dans la réforme de la Pac est vivement critiqué par la Commission européenne», alerte l’un d’entre eux. «Les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine, et l’envolée des prix des produits alimentaires qui touche toutes les matières premières et en particulier les céréales, n’est pas encore intégrée par la Commission», ajoute un autre.
Et puis, il y a le quotidien avec l’envolée des coûts de production. Fabrice Couturier évoquait les difficultés des éleveurs et particulièrement les producteurs de porcs et de volailles dont l’explosion des coûts alimentaires met en péril les exploitations. Le coût des carburants a fait l’objet de nombreuses remarques, l’occasion pour Florent Dory de relater la rencontre du 6 avril avec le préfet Touvet. Une entrevue demandée par la Fdsea et les Jeunes Agriculteurs, où une large partie des échanges a porté sur les conséquences mesurables du conflit en Ukraine. Les difficultés d’accès aux intrants ont ainsi motivé plusieurs demandes professionnelles dont la nécessité de déroger à l’implantation de Cipan en zones vulnérables. «Accès aux semences, prix des carburants et stockage du carbone dans les sols, tout pousse à autoriser les couverts spontanés en lieu et place des Cipan», défend le secrétaire général de la Fdsea.
Toujours concernant les zones vulnérables, la Fdsea et les Jeunes Agriculteurs ont demandé au Préfet d’instruire une demande de report de mise aux normes à quatre ans. «Cette période permettra de retrouver la visibilité économique nécessaire à l’arbitrage des investissements de mise aux normes. Elle sera aussi de nature à ne pas contraindre des exploitants en fin de carrière, à remplacer un outil déjà amorti pour un investissement qu’ils ne rentabiliseront jamais», explique Fabrice Couturier.
Les administrateurs ont passé en revue les différentes mesures du plan de résilience annoncé en mars par le Premier ministre.
Zones de non traitement
La parution du décret et de l'arrêté du 26 janvier 2022 modifiant les dispositions réglementaires relatives à l'actualisation des chartes riverains de 2020 oblige à «remettre l’ouvrage sur le métier» annonce le président de la Fdsea. Il rapporte avoir «acquis auprès du Caf de la Moselle le principe de travailler à l’adaptation locale du modèle de charte riverains proposé par la Fnsea».
Les administrateurs sont aussi revenus sur les demandes de la profession concernant l’indemnisation des surfaces perdues pour la production agricole et le principe de réciprocité dans l’élaboration des documents d’urbanisme.
Le Conseil d’administration a entendu Marc Schlemer sur l’avancement des travaux de réécriture du protocole d’indemnisation des dégâts de sangliers. Un dossier très sensible pour lequel les agriculteurs défendent «une nécessaire prise en compte de la réalité des préjudices subis».
Dans un contexte de multiplication des initiatives (syndicats de rivières, collectivités territoriales) d’acteurs publics, pour le recensement de zones humides sur le territoire mosellan, le débat du Conseil a porté sur l’exigence de préserver les intérêts des propriétaires de foncier visés par ce classement en zones humides. Fabrice Couturier a recueilli les avis des présidents cantonaux «afin de positionner au mieux l’action de la Fdsea». Entre «opposition au principe même du classement et la participation active au travail de fixation des critères puis aux actions d’inventaire», le président de la Fdsea, «sur ce dossier comme sur d’autres sujets pour lesquels le syndicat est saisi par les adhérents, souhaite répondre au plus près des attentes du réseau».