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AG JA : «La crise n’est pas derrière nous»

Julien Viville a présidé sa dernière assemblée générale le 21 février à Grostenquin. Photo Pierre Divoux
Julien Viville a présidé sa dernière assemblée générale le 21 février à Grostenquin. Photo Pierre Divoux

Il y a encore beaucoup d’attentes non satisfaites dans les rangs de la profession agricole. Le président national des Jeunes Agriculteurs résume la situation en affirmant que «La crise n’est pas derrière nous». L’assemblée générale des Ja de Moselle, le 21 février à Grostenquin, a été l’occasion de livrer un scoop : Terres de Jim revient à Metz en 2026.

Dans un département largement mobilisé tout au long de l’année 2024, rien de surprenant à ce que le président national des Jeunes Agriculteurs soit revenu sur les déterminants de la crise agricole lors de l’assemblée générale des JA de Moselle.

La crise agricole «a pris racine depuis longtemps», affirmait Pierrick Horel le 21 février à Grostenquin, et «au-delà de son expression physique à Paris et dans tous les territoires», il retient que «les combats menés ont abouti à la reconnaissance d’une agriculture française faite de compétences et de productions de qualité». L’élu syndical s’est aussi attaché à souligner, en contrepoint d’autres réseaux professionnels, une forme de revendication empreinte «d’un engagement de responsabilité».

Mais en contrepartie de cette posture syndicale, «il faut obtenir des résultats». Et le bât blesse incontestablement sur ce point. «On n’y arrive pas», avoue l’agriculteur des Alpes- de-Haute-Provence, «c’est trop long et ont a trop de déception, à l’exemple de la loi d’orientation agricole (Loa)», votée en 2025 après une interminable négociation à laquelle il faudra ajouter l’instabilité gouvernementale fort préjudiciable à la mise en œuvre des promesses entendues depuis l’automne 2023.

Des attentes

À la veille de l’ouverture du Salon international de l’agriculture, les agriculteurs espèrent encore des signes forts. «Nous attendons l’expression d’une vraie vision pour l’agriculture», plaide Pierrick Horel. Il en profitait pour donner un coup de griffe à la Coordination Rurale (Cr), «elle n’a pas encore communiqué sur sa vision de l’agriculture», condamnant par là même «la division entre les agriculteurs qui seront de moins en moins». Il admet tout de même «le recul de dix points face à la Cr au niveau national» et invite à la réflexion dans son réseau. «Ceux de nos adhérents qui n’ont pas voté pour nous doivent nous faire réfléchir sur la façon dont nos messages percolent jusqu’à eux».

Mais le président des Jeunes Agriculteurs affiche cependant une détermination intacte. Et s’il pose le postulat d’une «crise qui n’est pas derrière nous», il engage à «persévérer dans un syndicalisme de solution».

Une Europe divisée

La barque du syndicalisme agricole va se charger prévient Pierrick Horel. Avec le vaste chantier de la prochaine réforme de la Pac -la programmation actuelle couvrant la période de 2023 à 2027- le président de JA national attire l’attention sur la vision «d’une Europe divisée sur ce qu’elle doit être demain», faisant partager son inquiétude quant à «une Pac avec beaucoup de subsidiarité». Le principe de subsidiarité augmentée laisserait beaucoup plus de place à des distorsions de concurrence entre les États membres de l’Union. Sans le dire, il anticipe les faiblesses d’un ensemble européen qui, au lieu de chasser en meute dans un environnement géopolitique hostile, devrait prioritairement gérer des guerres intestines.

Aussi, sans équivoque, Pierrick Horel martèlera auprès du Commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural, Christophe Hansen, le message «d’une agriculture encore en crise», et plus généralement auprès de la Commission européenne que, «les sujets de prospective ne sont pas encore réglés». Une forme de pessimisme s’appuyant sur «une balance commerciale déficitaire», ou encore, «une souveraineté alimentaire perdue d’ici cinq ans si rien ne se passe».

Renouvellement des générations

«Pour Ja, l’installation et le renouvellement des générations est bien plus qu’un sujet à défendre, c’est son Adn», rappelait Julien Viville lors de sa prise de parole. Cependant, 2024 ne sera pas un bon cru avec «vingt-sept installations aidées et validées». «Une diminution de presque 70 % par rapport à l’année dernière, qui comptabilisait 75 installations», constatait le président des JA de Moselle. Une moindre performance qu’il souhaitait pondérer en lissant le nombre d’installations aidées et validées sur les deux dernières années, «cela revient à une moyenne de cinquante installations par an, ce qui correspond aux objectifs» que se sont fixés les JA, particulièrement attentifs au récent vote de la Loa.

Une loi permettant à «France Service Agriculture de voir le jour en 2027», et avec elle les négociations sur l’organisation du parcours à l’installation dans les départements. Julien Viville s’est adressé «à nos nouveaux élus Chambre d’agriculture pour travailler ensemble dans cette nouvelle organisation». Autre message qui leur a été délivré, celui de la nécessité, dans un contexte économique compliqué, «Il est urgent qu’on arrive en Moselle, à faire fonctionner notre cellule Reagir». «Elle fonctionne dans les autres départements pourquoi pas chez nous», questionnait Julien Viville en posant le constat «de détails, de petites modifications, à apporter sur l’exploitation pour permettre de grandes évolutions».

La Der

Au fil de son propos le président des JA de Moselle a annoncé qu’il allait bientôt tirer sa révérence. Grostenquin sera la “Der” de Julien, «l’année 2025 sera pour moi la dernière année en tant que président des Jeunes Agriculteurs de Moselle, c’est donc la dernière fois que je préside une assemblée générale».  Il lui reste, cependant, douze mois durant lesquels «les intérêts des jeunes agriculteurs resteront ma priorité», a-t-il promis.

Autre leader des Jeunes Agriculteurs mosellan, Marc Bodo a consacré une large partie de son rapport moral à retracer la chronologie des événements où le syndicalisme départemental s’est investi en 2024. Une copieuse liste dont les temps forts étaient impulsés par le mouvement national de mobilisation Ja-Fnsea.

Autre temps fort, celui d’un dossier dont il a la charge, les nuisibles. Les acteurs de la chasse, depuis les adjudicataires jusqu’aux services de l’État, étaient concernés par les invectives du secrétaire général de JA. Tirs administratifs, comité sanglier, points noirs récurrents, «ces secteurs récurrents perdus au nom de l’administration», lunette thermique, même si les dégâts ont été moins importants en 2024, le sujet reste donc entier en Moselle.

Il revenait également à Marc Bodo d’annoncer le canton en charge de la prochaine édition de la finale départementale de labours. En 2025, Pays’an Fête est organisé par les Jeunes Agriculteurs de Rémilly. Mais ce qui aura retenu toute l’attention de l’assemblée, c’est le scoop du département sélectionné pour accueillir l’édition 2026 de Terres de Jim. «Maintenant, le plus dur est devant nous, mais avec la même ardeur que celle avec laquelle nous réalisons nos autres événements, nous espérons être à la hauteur de nos prédécesseurs de 2015».

Optimisme

Invités à participer à la clôture des travaux, Fabrice Couturier, Xavier Lerond et Claude Souiller ont délivré des messages d’optimisme. «Nous avons besoin de jeunes responsables» pour nourrir les rangs du syndicalisme agricole, quand bien même «le travail y est plus ingrat qu’ailleurs», affirmait le président de la Fdsea. Le président de la Chambre d’agriculture a souhaité rassurer quant «à l’organisation prochaine de France service pour y accueillir les missions avec les Jeunes Agriculteurs».

Enfin, le directeur départemental des territoires présentait la toute nouvelle Loa comme «une réforme majeure pour l’agriculture» et particulièrement son axe dédié au renouvellement des générations.