Vous êtes ici

AG Fredon Grand Est : Une convergence d’intérêt

F. Couturier invite les détenteurs de cages à «faire remonter auprès de la Fredon les chiffres du piégeage. Il en va de la poursuite de l’accompagnement financier de la lutte collective et du classement de ces corvidés en nuisibles». Photo Pierre DIVOUX
F. Couturier invite les détenteurs de cages à «faire remonter auprès de la Fredon les chiffres du piégeage. Il en va de la poursuite de l’accompagnement financier de la lutte collective et du classement de ces corvidés en nuisibles». Photo Pierre DIVOUX

Lors de ses travaux d’assemblée générale, l’Organisme à Vocation Sanitaire a mis en avant l’exemple du plan de lutte collective contre les corvidés initié en Moselle.

«Pourquoi se retrouver à Rémilly pour tenir les travaux de l’assemblée générale de la Fredon Grand Est ?». Dans l’introduction de son rapport moral, Thierry Paul pose la question et livre sa réponse. «Il y a deux ans, j’ai été alerté par un administrateur mosellan, Florent Dory», rapporte le président de la Fredon. Les dégâts aux cultures attribués à l’explosion des populations de corvidés prenaient des proportions inquiétantes en Moselle.

Florent Dory se tourne alors vers la Fredon dans le cadre de son statut d’Organisme à Vocation Sanitaire. Ce sera le début de la mise en place du premier plan de lutte collective pour la maîtrise des corvidés en Moselle. La municipalité de Rémilly s’avérera, au fil de sa mise en place, un acteur engagé.

En 2022, la Moselle a entamé son second plan de lutte. L’assemblée générale de la Fredon Grand Est, le 8 juin, a donc été l’occasion d’un retour sur la genèse de cette action collective.

La profession démunie

Fabrice Couturier a rappelé le contexte, «la profession s’est trouvée démunie avec la disparition des moyens de protection des semences». Dans le même temps, l’évaluation des dégâts aux cultures révèle un impact considérable. Le président de la Fdsea se souvient de la prise de conscience du problème. Les surfaces détruites par les corvidés, principalement des semis de cultures de printemps, sont supérieures à celles attribuées aux sangliers. «Nous savions évaluer l’ampleur du préjudice, mais nous n’avions pas de moyens, pas de solutions seuls», se souvient Fabrice Couturier. «Nous avons aussi pris conscience de la nécessité d’avoir plus de connaissances sur la biologie de ces nuisibles», rapporte le président de la Fdsea.

Parlementaires, collectivités, services de l’État, sont approchés pour un travail de sensibilisation. «En prenant notre bâton de pèlerin, nous avons découvert que les agriculteurs n’étaient pas seuls, et qu’une problématique potentiellement clivante avec la société, est apparue une convergence d’intérêt». Et le président de la Fdsea de décrire par le menu la diversité des impacts imputables aux populations de corvidés en excès. Les riverains des zones de nidification témoignent de nuisances sonores.

De nombreux témoignages rapportent l’impossibilité de profiter normalement des abords d’habitations en proximité des dortoirs des volatiles. Joints de fenêtres, joints de portières de véhicules sont endommagés. Et l’abondance de fientes amène une problématique de santé publique. Pour Fabrice Couturier, «l’Homme a une influence sur son milieu et il lui appartient de rétablir des équilibres».

Un propos partagé par le maire de Rémilly. «La nature et l’Homme doivent cohabiter», affirme Jean-Luc Saccani. Il se dit «attaché à la biodiversité et sa sauvegarde», mais convaincu de «la nécessité de réguler pour préserver». Des principes mis en œuvre dès la première année de lutte collective. Une campagne de destruction a été encadrée par un arrêté municipal. Avec une efficacité remarquée, les chasseurs, emmenés par Gilles Drouin, exploitant agricole, ont accompli plusieurs séquences de tirs à proximité d’une vaste corbeautière. La satisfaction de la population au regard des résultats a conduit le maire de Rémilly à renouveler l’arrêté municipal en 2022. Jean-Luc Saccani a souhaité y associer les maires des communes environnantes en cohérence avec le principe de la lutte collective.

Lutte collective

Si dans son rôle d’Organisme à vocation sanitaire (Ovs), la Fredon Grand Est s’est vu attribuer l’animation de la lutte collective, le cadre formel trouvera sa place dans un arrêté préfectoral. Toutes les parties prenantes se réfèrent à ce document. Agriculteurs, chasseurs, piégeurs, collectivités, louvetiers s’appuient sur cet outil.

Restait à trouver les moyens financiers de l’animation du dispositif et de l’investissement dans les cages de piégeage. À ce titre, Thierry Paul a «salué l’engagement du Département de la Moselle et de son président Patrick Weiten». «Ce n’est pas le cas partout» a précisé le président de la Fredon. Une remarque à l’adresse des départements qui, aujourd’hui, emboîtent le pas à la Moselle face  à cette même problématique de populations de corvidés en excès. Thierry Paul s’est attardé sur la difficulté à mobiliser les financements indispensables dans la réalisation des missions de la Fredon. «J’en ai marre de faire le mendiant» a-t-il déclaré tout en rappelant «l’indépendance et l’impartialité imposées dans le cadre du statut d’Ovs de la Fredon Grand Est».

Pour solutionner cet écueil, Thierry Paul a évoqué le projet d’éco-participation sanitaire. «À l’image de l’écotaxe» qui s’applique aux actions générant des dommages environnementaux, «l’éco-participation sanitaire serait acquittée par tous les acquéreurs de végétaux». Le président de la Fredon Grand Est milite dans le cadre de son organisation au niveau national pour  défendre le principe «d’une large assiette avec un petit taux de prélèvement». Il se dit «déterminé à aboutir dans ce combat pour une solution équitable nécessaire à une surveillance sanitaire régulière, pérenne et sur tout le territoire». Et comme pour illustrer son propos, Thierry Paul a pris l’exemple du Bulletin de santé du végétal (Bsv).

«Mis en place en 2009 pour se substituer aux avertissements agricoles, le Bsv est un réseau d’épidémio-surveillance dont l’objectif est de contribuer à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires» explique-t-il avant de dénoncer «des financements qui baissent régulièrement alors que l’outil de surveillance n’est pas responsable des évolutions des usages de phytosanitaires». «Le Bsv n’est que le thermomètre» se désole Thierry Paul, «inquiet pour l’avenir de cet outil».

Les autres thèmes abordés en marge des travaux statutaires ont permis de sensibiliser l’auditoire au développement des populations de ragondins. Un autre fléau aux multiples impacts dont des conséquences sont à craindre au-delà des dommages hydrauliques. En effet, aux dires du président des piégeurs, Didier Lefèvre, les populations explosent dans les dix départements du Grand Est.