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AG de la FDSEA : «Aller chercher des victoires plus importantes»

Fabrice Couturier, président de la Fdsea : «la souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique majeur face aux tensions géopolitiques actuelles». photo Emilie Kintzinger
Fabrice Couturier, président de la Fdsea : «la souveraineté alimentaire est un enjeu stratégique majeur face aux tensions géopolitiques actuelles». photo Emilie Kintzinger

 

Recentrer l’action du syndicalisme majoritaire, et travailler collectif. Les deux axes forts du rapport d’orientation de Fabrice Couturier vont s’appuyer sur une étroite collaboration avec le nouveau patron de la Chambre régionale d’Agriculture du Grand Est.

À l’issue des travaux de l’assemblée générale de la Fdsea, son président, Fabrice Couturier, a livré un rapport d’orientation résolument offensif. «Nous avons la volonté de travailler collectif, de chasser en meute» a-t-il annoncé depuis la tribune. «Notre but est d’aller chercher des victoires plus importantes en agrégeant nos efforts, nos réflexions, avec toutes les équipes qui voudront s’engager sur la même stratégie». Battant en brèche l’idée d’un syndicalisme majoritaire paralysé par le résultat des dernières échéances consulaires, le patron de la Fdsea refuse ainsi de s’isoler «dans un paysage où les acteurs du monde agricole travailleraient en silos».

Dans son introduction, Fabrice Couturier est tout de même revenu sur le résultat des élections aux Chambres d’agriculture. Revenant sur «notre séminaire des présidents de syndicats locaux en automne 2019» qui avait défini «des priorités de notre action» et sur «les moyens considérables consacrés ces six dernières années pour satisfaire aux attentes des adhérents de la Fdsea de la Moselle», il revendiquait «en retour de cet investissement, des acquis syndicaux locaux, complémentaires aux victoires de notre réseau au niveau national».

Aussi, l’analyse de Fabrice Couturier met en évidence un «paradoxe» où «contrairement au sens commun qui voudrait que cette besogne se traduise également dans les urnes, nous avons trébuché au test de représentativité que sont aussi les élections à la Chambre d’agriculture».

Recentrer notre action

En conséquence, le président de la Fdsea a rapporté le travail de ses instances, Bureau et Conseil d’administration, qui «affirment aujourd’hui la volonté de recentrer notre action sur les fondamentaux de notre syndicalisme». Et de citer «la préservation de nos moyens de production au service d’un revenu acceptable».

Pour ce faire, plusieurs pistes de travail étaient avancées. «Nous avons besoin d’accéder à l’innovation» plaide le patron de la Fdsea, afin «d’améliorer, l’exercice de nos métiers au quotidien, notre performance dans un développement durable de la Ferme France pour répondre à tous les marchés». Il citait ainsi l’alimentation, l’énergie, mais également les services. Au-delà des marchés, ce sont «tous les consommateurs» que visent les agriculteurs mosellans, en s’appuyant sur «la vente directe» mais aussi «au travers des outils de nos filières». Une façon d’adresser un message aux outils collectifs dont le syndicalisme majoritaire revendique la genèse et soutient l’action.

Chasser en meute

Une fois les objectifs clarifiés, se pose la question des moyens nécessaires pour y parvenir.

La stratégie proposée par le président de la Fdsea trouve son champ d’action au niveau régional. Fabrice Couturier préside, en effet, la Frsea du Grand Est depuis mars 2023. À la tête des dix départements d’une des puissantes régions syndicales de la Fnsea, il a travaillé avec le président sortant de la Chambre régionale du Grand Est (Crage). C’est le candidat proposé par la Frsea, Jérôme Mathieu, qui a pris place, le 12 mars dernier, à la tête de la Crage à la suite de Maximin Charpentier. «Nous partageons tous les deux la conviction d’une complémentarité nécessaire et terriblement efficace au service des intérêts des agriculteurs et des agricultures», se félicite Fabrice Couturier. Et de prendre pour exemple d’efficacité de cette synergie, la «négociation avec les collectivités». Avec pour méthode, «un front commun, sur des analyses partagées, et avec des propositions concrètes d’accompagnement cohérentes».

S’adapter aux évolutions

Fait du hasard, la Fdsea tenait son assemblée générale quelques jours après la journée internationale des droits des femmes. Partant du constat d’une présence des femmes à hauteur de 25 % dans la population des chefs d’exploitations, et affirmant la volonté de «s’adapter aux évolutions du monde agricole et de la société», le réseau de la Fnsea se prépare à «fixer un objectif de 25 % de femmes dans nos instances».

Fabrice Couturier a posé le décor de cette évolution, «Je crains que pour permettre l’émergence de nouveaux talents, et accompagner la montée en compétence des agricultrices qui souhaitent s’impliquer dans la vie syndicale, il nous faudra leur apporter des solutions adaptées au travers des services de remplacement, et des moyens de financement nouveaux pour la formation et le remplacement». Réponse dans quelques jours lors du congrès de la Fnsea à Grenoble.

Des distorsions intenables

Après s’être exprimé sur les priorités d’actions et les ambitions portées par la Fdsea, Fabrice Couturier a abordé le contexte dans lequel évolue l’agriculture.

Les événements géopolitiques mondiaux et européens ont été évoqués pour dénoncer «des distorsions intenables».

Fustigeant l’inefficacité du «dispositif des clauses de sauvegarde exigé pour les filières agricoles les plus impactées» par les conséquences du conflit ukrainien, il prévenait, «ce n’est pas en affaiblissant l’agriculture française et européenne que nous permettrons un soutien durable à l’Ukraine».

Plus vindicatif cette fois, Fabrice Couturier a condamné l’accord commercial entre les Vingt-Sept et les pays du Mercosur. «Cette validation est non seulement une provocation pour les agriculteurs européens qui appliquent les standards de production les plus élevés au monde, mais aussi un déni de démocratie», a martelé le patron de la Fdsea.

Encore au niveau du commerce mondial, les agriculteurs mosellans s’inquiètent des prises de position du nouveau locataire de la Maison-Blanche. En janvier, le président des États-Unis a, en effet, annoncé une série de droits de douane à l’égard de ses principaux partenaires commerciaux.

Réforme de la Pac et négociations commerciales sur fond de contournement des règles des lois Egalim «en particulier par le déplacement des centrales d’achat à l’étranger», génèrent aussi leurs lots de questionnements, compte tenu des enjeux sur le revenu.