Vous êtes ici

Actions syndicales : Pas de transition sous pression

Sous la bannière “Pas de transition sous pression“, Fabrice Couturier et Julien Viville ont mobilisé leur réseau sur l’ensemble du département. Photo Yannick Derhille
Sous la bannière “Pas de transition sous pression“, Fabrice Couturier et Julien Viville ont mobilisé leur réseau sur l’ensemble du département. Photo Yannick Derhille

Fnsea et Jeunes Agriculteurs avaient lancé un mot d’ordre national pour la semaine du 20 au 24 novembre
sur le thème «pas de transition sous pression». La Fdsea et les Jeunes Agriculteurs de Moselle ont manifesté mardi 21 novembre avec plus de 200 tracteurs et 300 manifestants devant la préfecture et les sous-préfectures de Sarrebourg, Sarreguemines et Thionville.

Alors que les agriculteurs subissent violemment le changement climatique et une pression administrative et normative toujours plus importante, la réponse des pouvoirs publics est insatisfaisante et insuffisante ! Hausse des charges, mise en place de nouvelles redevances, abandon par le gouvernement qui troque une agriculture répondant à des normes de qualité contre une qui n’est pas soumise au quart de normes françaises, insuffisance des moyens de l’État dans la mise en œuvre de la politique agricole commune, retrait de surfaces de production en mettant en place de la jachère alors que la France n’est plus en mesure de garantir sa souveraineté alimentaire, les sujets de mécontentement sont nombreux. La déconnexion grandissante avec la réalité agricole est de plus en plus palpable, pour la profession agricole qui réclame une prise de conscience au plus haut niveau de l’État.

Les agriculteurs mosellans se sont ainsi retrouvés sur quatre points du département, la préfecture et trois sous-préfectures. À l’occasion de ces rassemblements, des délégations ont été reçues par les représentants de l’État afin de comprendre les motifs de mécontentement du monde agricole.

Honorer les paiements Pac

Bien qu’en réflexion depuis trois ans, la nouvelle Pac peine à être payée à tous les agriculteurs, qui se sont eux adaptés rapidement pour répondre aux nouvelles évolutions. «Les moyens mis en œuvre par l’État pour instruire et débloquer les dossiers Pac sont insuffisants et il est urgent que tout le monde puisse avoir le versement de son acompte complet. Il reste encore aujourd’hui beaucoup trop de dossiers qui n’ont pas eu un centime ou d’autres qui n’ont pas encore eu de versement des écorégimes ! L’État doit ordonner la mise en paiement de tous les dossiers sans arguer des discussions avec les pays voisins ou d’autres organismes pour la reconnaissance des agriculteurs actifs», réclament les présidents de la Fdsea et des Ja.

Les agriculteurs bio ont également besoin de soutien face à une filière qui va mal avec des débouchés qui s’essoufflent dans cette période d’inflation. Il faut stopper les conversions et accompagner les producteurs bio afin qu’ils répondent à la demande sans surabonder le marché pour ne pas faire effondrer les prix.

La sécurité alimentaire et énergétique a également été débattue avec les représentants de l’État. «Comment accepter de retirer 4 % des terres agricoles à la production lorsque la souveraineté alimentaire et énergétique est menacée ?». Le président de la Fdsea demande une reconduction de la dérogation sur les jachères pour la prochaine campagne afin que les agriculteurs puissent répondre à leur vocation, produire pour nourrir.

Stopper l’empilement des normes

Chaque semaine qui passe est le témoin de nouvelles normes que l’on veut imposer au monde agricole. Directive sur les émissions industrielles, augmentation de la redevance pour pollution diffuse, augmentation de la redevance pour prélèvement sur la ressource en eau, réduction voire interdiction de l’usage de produits phytos, extension des zones sensibles et zones humides sont quelques exemples des freins aux moyens de production des agriculteurs français. Face à ce déferlement de nouvelles mesures entravant la production, Fabrice Couturier relaie les revendications nationales au préfet : «nous avons besoin d’une vraie pause normative, stopper les surtranspositions franco-françaises et donner l’envie aux jeunes de s’installer face au départ en retraite annoncé de près de 50 % des agriculteurs dans les cinq prochaines années».

Julien Viville a rebondi sur le sujet de l’installation et le manque de visibilité auquel est confronté un jeune qui s’installe. «Comment prévoir un plan de développement à maintenir sur cinq ans quand le niveau des aides à l’installation et aides Pac annoncé par l’État n’est pas honoré et que le monde agricole est confronté à la variation des cours et l’empilement des charges ? Les jeunes ont besoin d’un État qui s’engage à leurs côtés et leur garantit une vision d’avenir».

Le préfet, à l’écoute des revendications du monde agricole, souligne que tous ces problèmes relèvent du niveau national ou européen mais s’engage à être le relais au niveau national des difficultés rencontrées par le monde agricole.