Pour protéger les troupeaux contre la Fco 3, la Fco 8 et la Mhe, il est conseillé de vacciner les animaux avant la mise à l’herbe et le retour de l’activité des culicoïdes. La vaccination des ruminants est le seul outil de prévention efficace, il permet de protéger le cheptel mais aussi de mieux sécuriser l’avenir économique de toute la filière.
S’il a été regrettable que les vaccins contre la Fco 3 (fièvre catarrhale ovine sérotype 3) et la Mhe (maladie hémorragique épizootique) ne soient pas arrivés plus tôt pour apporter une protection et limiter les conséquences de ces maladies, aujourd’hui ils existent sur le marché.
C’est une bonne chose pour les élevages de ruminants car la reprise et l’expansion de ces épidémies sont plus que probables au printemps 2025, quand les culicoïdes, ces moucherons vecteurs communs des différents virus en cause, retrouveront des conditions favorables.
La situation actuelle
Détectées durant l’été 2023, une nouvelle souche de Fco 8 (plus virulente que la souche de 2006) et la Mhe (virus Ehdv-8), sont apparues dans le Centre et dans le Sud-ouest de la France continentale et gagnent du territoire vers l’Est et le Nord. Le sérotype 3 de la Fco (virus Btv-3) est apparu quant à lui en Hollande en automne 2023 et a atteint la France en été 2024, il a touché la Moselle de plein fouet en août et septembre 2024. Ces maladies émergentes aux caractéristiques communes ont, comme cela était hélas prévisible et annoncé, poursuivi leur expansion sur le territoire français. Pour rappel, la Mhe impacte principalement les bovins, les ovins et caprins sont asymptomatiques.
À ce jour, la Lorraine ne compte que des cas cliniques de Fco 3, mais le variant Fco-8 est déjà présent en Haute-Saône et dans le Grand Est en Haute-Marne (voir carte ci-contre). Quant à la Mhe, elle remonte lentement du Sud-Ouest mais ses derniers sauts de puces l’indiquent active à 400 km environ (Cher et Sarthe). Notre département se trouve en zone régulée Fco 3 (ainsi que Fco 8 et 4 depuis 2018) ; avec une contrainte pour les échanges européens, cette contrainte va augmenter avec le déplacement probable de la zone réglementée Mhe qui atteint déjà les frontières du Grand Est dans l’Aube.
Pourquoi vacciner ?
La réponse principale à cette question vient du double constat : ces maladies ont causé et causent toujours de lourdes pertes dans les troupeaux, et il n’y a pas de traitement pour ces virus (hormis des traitements symptomatiques). Le vaccin est donc le seul outil disponible pour limiter l’impact clinique. Pour ce qui est de la Fco 3, on peut ajouter que malgré une bonne moitié des troupeaux mosellans ayant eu au moins un résultat d’analyse Fco positif, la couverture immunitaire est bien insuffisante pour empêcher une circulation au printemps. Au sein d’un troupeau ou d’une zone qui a subi la maladie, différentes études estiment que seuls un tiers à deux tiers des animaux ont des anticorps, et la vaccination n’a pas encore été assez suivie, notamment en élevages bovins.
Les épidémies de Fco en cours sont plus graves pour la majorité des troupeaux ovins que pour les troupeaux bovins qui pourtant ne sont pas épargnés non plus. Il en est tout autre pour la Mhe avec en élevages bovins des cas sérieux, des mortalités et des vaches clouées au sol pendant des jours (tel que décrit par les départements du Sud-Ouest touchés depuis plus d’un an).
Bénéfices attendus
Le premier bénéfice attendu est une réduction des symptômes de la maladie, de la mortalité et des impacts sur la reproduction, et tous les vaccins disponibles répondent à cette exigence. L’autre objectif est une prévention de la virémie qui limite la propagation de la maladie et permet des échanges d’animaux vaccinés (assuré par les vaccins Fco 4 - 8, Bultavo 3 et Hepizovac).
Il reste bien sûr de nombreuses questions et interrogations pour les éleveurs, en fonction des situations et expériences de chacun. Le Gds de Moselle a envoyé un mail avec des fiches techniques et des “questions-réponses” pour répondre aux principaux sujets de questionnement.
Les conditions de vaccination
Pour se prémunir contre toutes ces épidémies circulant en France, il faudra travailler avec plusieurs vaccins (Fco 3, Fco 8 et Mhe en bovins et Fco 3 et Fco 8 en ovins/caprins) et prévoir des injections séparées car il n’existe pas de vaccin combiné.
Il faut se rapprocher rapidement des vétérinaires pour commander les doses nécessaires avant que les stocks ne s’épuisent, sachant qu’à ce jour, seul un peu de Bluevac 3 est encore disponible en stock État. Les autres vaccins, dont le Bultavo-3 qui permet la certification Fco 3 aux échanges pour les bovins, sont accessibles sur commande par les vétérinaires auprès des fabricants. Ils sont à la charge des éleveurs.
Des indisponibilités temporaires peuvent être rencontrées en ce moment ; il est recommandé d’effectuer des précommandes par anticipation pour réserver les doses nécessaires et pouvoir engager la vaccination dès qu’ils pourront être livrés.
Comment faire ?
Les vaccinations peuvent être réalisées par l’éleveur pour protéger ses animaux mais, pour les mouvements, elles doivent être réalisées et certifiées par le vétérinaire.
On privilégiera en général les bêtes de reproduction et d’élevage, pour des raisons financières, logistiques et scientifiques. En effet, des jeunes abattus tôt représentent moins de risques en termes de réservoir viral.
Dans la mesure où la vaccination le même jour contre ces différents virus n’a pas été validée, il faut prévoir un délai de trois semaines entre deux injections d’un même vaccin et d’une semaine entre deux vaccins différents. Il faudra que les éleveurs se rapprochent de leur vétérinaire pour organiser concrètement une vaccination adaptée à l’élevage.
Rappel : Le vaccin est un produit fragile, il est vraiment nécessaire de le conserver au frais, sans rupture de température et au propre pour qu’il conserve toute son efficacité.
En conclusion
Cette mise en place va représenter un coût non négligeable (financier, de temps et d’organisation). Chaque éleveur doit faire des choix mais du point de vue de la santé animale, l’investissement vaccinal est largement rentabilisé en comparaison des pertes engendrées par le passage clinique. Chaque situation est particulière (passage ou non du Btv-3 en 2024, vaccination antérieure, état général de santé du troupeau, besoin de certification pour les échanges, etc), il ne faut pas hésiter à s’entourer d’informations des vétérinaires et du Gds.
La situation sanitaire évoluant en permanence, il convient de rester attentif aux actualités, via notamment la page Facebook “Gds Alsace Moselle Vosges” ou le site internet gdsreseau3m.com mais aussi les sites du ministère de l’Agriculture ou de Gds France.