Les agricultrices du Grand Est ont assisté à l’assemblée générale de la Commission nationale des agricultrices, jeudi 5 décembre à Paris, présidée par Catherine Faivre-Pierret. Une journée de témoignages et d’échanges autour de la thématique du collectif.
La présidente de la Commission nationale des agricultrices (Cna), Catherine Faivre-Pierret, a accueilli les commissions départementales et régionales avec l’engouement et le dynamisme qui la caractérisent. «Osez vous engager, osez prendre la parole, osez prendre votre place dans le réseau… En 2024, vous avez osé ! Et c’est collectivement que nous avons fait bouger les choses».
Renforcer la place des agricultrices
La partie communication du rapport d’activité a été présentée par Christine Maillet, membre de la commission de la Marne et secrétaire générale adjointe de la Cna. Aujourd’hui il est question d’une communication régulière et efficace à destination de tout le réseau au travers de la newsletter. D’autres outils tels que Instagram, Facebook ou bien encore des articles de presse, des reportages télévisés ou des podcasts thématiques ont permis de renforcer la communication et de mettre en lumière les différents combats et défis relevés par les agricultrices. «Nous avons également dévoilé une nouvelle identité visuelle révélant une meilleure identification des agricultrices dans les événements».
Par ailleurs, six webinaires ont été proposés pour transférer des informations telles que le partenariat Afdi-Cna, le statut du conjoint collaborateur… Les agricultrices se sont déplacées sur le terrain : Agrimax, Space, Sommet de l’Élevage… pour rencontrer leurs homologues, expliquer les missions de la Cna, ou bien encore encourager les femmes à sortir de l’ombre. De fait, les agricultrices se forment, travaillent pour défendre leurs acquis et leurs métiers et prévoient des actions fédératrices pour valoriser l’agriculture et promouvoir ses métiers.
L’heure est grave
La journée s’est poursuivie avec l’intervention d’Arnaud Rousseau, président de la Fnsea, à la suite des différents événements politiques. «En l’absence de majorité et quel que soit le Premier ministre, nous avons les mêmes effets : pas de stabilisation avant juillet 2025. Tous les projets de loi en cours d’examen sont interrompus». Le président a poursuivi en affirmant que quel que soit le parti politique des agriculteurs, la réalité est que les promesses qui représentaient 400 millions d’euros sont tombées. Ce qui compte avant tout c’est d’avoir des annonces. «Du fait de la motion de censure, le Plfss a été rejeté donc les mesures concernant les retraites, le To-De, les bovins, la Tfnb, le Gnr, l’installation et la transmission… tout est en l’air».
Arnaud Rousseau a demandé aux adhérents de se rapprocher de leurs députés pour connaître leurs positions sur les mesures attendues : financières, budgétaires et sanitaires. Il a également souhaité que toutes les actions se fassent dans le respect des biens et des personnes. Et d’ajouter : «L’absence d’État doit se traduire par une absence de contrôle dans nos fermes. Pas question de baisser les bras ou de de renoncer, la réponse est toujours la même : celle du réseau et celle de se serrer les coudes».
Il a aussi fait part de son inquiétude sur le plan humain. «Je suis frappé de voir nos responsables avec le moral au fond du trou. Il faut que nous soyons vigilants. Tout ne va pas mal partout, même s’il y a des situations économiques compliquées. Ma mission est d’aller jusqu’au bout en trouvant des solutions et en portant attention à tout le monde». Il a réinsisté sur l’importance du réseau, du maillage et de la structuration et a remercié les agricultrices pour leur engagement. Il a assuré la continuité des travaux sur la féminisation à la Cna, qu’il considère comme l’un des piliers de la Fnsea. «Nous avons à cœur d’accueillir plus de femmes dans notre conseil d’administration, mais la réalité est que le vivier n’est pas si important». Une réflexion est en cours sur le sujet.
Continuer sur la lancée
La présidente a ensuite fait le point sur les dossiers techniques et les actions menées par le réseau des agricultrices. «Le statut de conjoint collaborateur arrive au bout des cinq ans. Il va donc falloir trouver une solution, c’est un gros travail à entreprendre aux côtés de nos partenaires tels que la Msa, pour ne laisser personne sur le côté». Il faut rappeler qu’environ 15.000 agricultrices ont obtenu le statut de conjoint collaborateur et qu’environ 20.000 demeureraient sans statut.
En 2024, les actions des commissions se sont multipliées partout en France : Tour de France, Octobre rose (400 paires de bottines roses vendues), création de nouvelles commissions en Haute-Marne et dans l’Orne, édition d’un guide avec toutes les informations nécessaires à connaître avant, pendant et après être agricultrice… Brigitte Paquin, la présidente de la Commission du Grand Est a présenté le rallye organisé dans son département, en Meurthe-et-Moselle, aux côtés des Ja pour promouvoir l’agriculture. «Des agricultrices ont ouvert leur exploitation pour montrer tout ce qui bouge sur notre territoire. Nous avons sollicité tous nos partenaires pour cet événement. Ce fut une très belle journée, riche en échanges et en convivialité. Nous souhaitons renouveler l’expérience mais sous une forme différente, pourquoi pas une marche gourmande».
Catherine Faivre-Pierret a donné la parole aux acteurs du territoire pour s’arrêter sur la force du collectif. Laurie Freville témoigne : «J’ai quitté l’hôpital pour devenir infirmière libérale et ainsi retrouver du contact humain à domicile. Je suis adhérente chez Ja (conjoint agriculteur) pour partager des moments d’échanges entre nous, avec les autres cantons et les agriculteurs». Béatrice Moreau, vice-présidente de la Région Grand Est poursuit : «Je suis engagée syndicalement depuis toujours : Ja, Fdsea, Cda, conseillère régionale. Être élue politique n’est pas un métier, cela fait partie de mes valeurs». Elle se plait à rappeler le proverbe «Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin». Pascal Gouttenoire, vice-président de la Fdsea du Rhône est pompier volontaire : «Je suis référent entre les pompiers et les agriculteurs à la “commission feux de forêts”. Cette convention a pour objectif d’harmoniser les forces. J’ai été victime d’un incendie sur mon exploitation et à la suite de cette catastrophe je peux assurer qu’il y a toujours une lueur d’espoir ! La force du collectif aide à rebondir».
La présidente a conclu cette journée en assurant : «En 2025, nous continuerons sur cette lancée, en poursuivant nos efforts pour défendre nos métiers, faire évoluer nos pratiques et garantir à toutes les agricultrices de pouvoir exercer leur activité dans des conditions dignes».