Depuis 2015 et la création de leur bâtiment d’élevage, les associés du Gaec de l’Anger allient pâturage et traite robotisée. Au fil des années de pratique, ils ont fait évoluer leur système tout en augmentant leur production.
Le Gaec de l’Anger est une exploitation laitière dirigée par trois associés : Jean-François Maire et Cédric et Cyril Petelot. Au quotidien, ils sont épaulés par Jules Pierrot, leur salarié. Située à Gendreville dans la plaine vosgienne, l’exploitation compte 135 vaches laitières de race Montbéliarde pour une production d’1,2 million de litres de lait livrés à la coopérative l’Ermitage. La Sau de l’exploitation compte un total de 270 ha répartis comme suit : 200 ha de prairies permanentes, 10 ha de mélange de légumineuses (luzerne et trèfle), 23 ha de blé, 12 ha d’orge et 25 ha de maïs.
Circulation libre
Les vaches de l’exploitation ont toujours pâturé. Pour les associés, ce fonctionnement a de nombreux avantages : «les vaches fauchent, récoltent, stockent et épandent pour nous». Alors, en 2015, quand ils ont décidé de construire un nouveau bâtiment d’élevage pour accueillir le troupeau laitier, ils sont passés d’un système avec salle de traite à un système robotisé tout en conservant l’accès au pâturage. Ils ont fait installer deux robots de traite DeLaval Vms. D’une surface de 1.800 m2, le bâtiment est prolongé d’un chemin bétonné qui dessert les différentes parcelles à pâturer. Au bout de ce chemin se trouve une zone stabilisée, empierrée, avec un point d’eau d’une capacité de 2.000 l, approvisionné par une pompe électrique.
En 2023, le Gaec de l’Anger a équipé son bâtiment d’un troisième robot de traite et a rajouté 20 logettes pour augmenter sa production. L’exploitation s’est aussi équipée d’une porte intelligente. Placée à la sortie du bâtiment, cette dernière, en plus de faciliter le travail des éleveurs, a permis de fluidifier la circulation des animaux à l’intérieur. En effet, l’année dernière encore, le bâtiment fonctionnait en circuit. L’ajout de la porte intelligente a permis de passer en circulation libre et de réduire le temps d’attente des vaches au robot tout en empêchant celles qui ne seraient pas allées se faire traire d’accéder à la pâture.
La période de pâturage débute au 1er avril. Pendant un mois, les vaches sont sorties de 8h à 19h pour faciliter le travail de l’inséminateur. De mai à septembre inclus, elles ont accès au pâturage en continu. Au mois d’octobre, elles ont de nouveau un accès limité à la pâture de 8h à 19h.
Pâturage au fil
En début de période (du 1er avril au 15 juin) le troupeau pâture sur 14 ha. Cette zone s’étend ensuite à 23 ha, voire 29 ha du 15 juin jusqu’à fin octobre.
Jusqu’en 2016, l’accès aux prairies se faisait en accès libre tournant. La pâture attenante au bâtiment était découpée en neuf parcelles que les éleveurs ouvraient successivement. Cette gestion a été abandonnée, car elle générait trop de fluctuations dans la production de lait. Depuis, elle est remplacée par le pâturage au fil et les éleveurs rationnent les vaches en fonction des refus de la veille.
Si les méthodes ont évolué, la composition des prairies est, quant à elle, restée inchangée. Les pâtures sont composées de trèfle (blanc et violet), raygrass, fétuque, du dactyle et de la minette. Les exploitants ont recours au sursemis en fonction de la quantité de dégâts de sangliers, environ une fois tous les cinq ans. En plus du pâturage, l’alimentation des laitières est complétée par une ration à l’auge composée de 16 kg d’ensilage de maïs, 6 kg d’enrubanné, 2 kg de céréales aplaties et 3 kg d’amidon de pommes de terre achetés pour éviter les incidences uréiques dans le lait et optimiser au mieux l’azote de l’herbe.
Depuis 2015, les exploitants ont aussi fait évoluer leur pratique de fauche. Actuellement, fin février-début mars, ils passent d’abord la herse de prairie pour casser les bouses qui ne seraient pas assez décomposées et corriger les dégâts de sanglier. Ils procèdent ensuite à une fauche des refus à la mi-juin et à une fauche de nettoyage fin septembre. Pour la fertilisation des prairies, les associés alternent les apports chaque année, entre 35 m3/ha lisier et 15 et 20t/ha de fumier.
Coût alimentaire réduit
Le choix du pâturage représente une charge de travail d’environ 40 heures à l’année pour repousser les fils quotidiennement, temps auquel vient s’ajouter une demi-journée d’entretien des clôtures électriques. Aussi, pendant la période de pâturage, moins d’animaux peuvent passer au robot : le maximum est de 45 à 54 vaches par stalle. Mais la difficulté principale à laquelle se heurtent les éleveurs reste la météo et les effets du changement climatique qui sont venus bousculer leurs pratiques. Ils constatent qu’avant, la pousse d’herbe était ralentie entre le 14 juillet et 15 août alors que maintenant elle s’étend plutôt du 15 juin au 15 septembre.
Actuellement, la production quotidienne moyenne de lait par vache est de 25 kg avec 2,6 traites par vache par jour. Une production un peu plus faible que pendant la période hivernale mais dont le coût alimentaire est plus avantageux puisqu’il est compris entre 120 et 150 € les 1.000 l contre 160 et 190 € en hiver.
Avec le complément apporté à l’auge, il y a également peu d’écart dans la composition du lait entre la période hivernale et la période de pâturage. En ce début juin, la production est à une moyenne de 42 de Tb et 34 de Tp, contre 43 de Tb et 35 de Tp en hiver.
Malgré l’astreinte quotidienne qu’implique le pâturage au fil, les associés ont trouvé un fonctionnement qui leur permet de combiner pâturage et traite robotisée. Un système intéressant pour les éleveurs car il permet de réduire le coût alimentaire tout en gagnant en flexibilité grâce à la traite robotisée.