«Nous observons des signes de retour à une présence trop élevée de nuisibles», témoigne Marc Schlemer. Les signalements de dégâts dans les maïs se multiplient de façon inquiétante pour le responsable chasse et faune sauvage Fdsea.
La Moselle Agricole : Comment évoluent les dégâts de sangliers en Moselle ?
Marc Schlemer : «Tout le monde a en tête la dynamique des populations de sangliers ces dernières décennies et le ras-le-bol des agriculteurs dans les secteurs de trop forte pression cynégétique. Ce n’est pas une spécificité mosellane. Au début des années 1990, un peu plus de 100.000 prélèvements de sangliers étaient réalisés chaque année ; en 2017, ce nombre est passé à 700.000, selon les chiffres du Réseau Ongulés sauvages de l’Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage. L’augmentation de ces prélèvements s’explique en partie par l’augmentation de la population de sangliers, en France, depuis 30 ans. Dans dix départements français, le nombre de prélèvements est supérieur à 15.000 sangliers. C’est, malheureusement pour les agriculteurs impactés, le cas de la Moselle. Et jusqu’à l’année dernière, la situation ne s’est pas significativement améliorée. Voilà seulement quelques mois où la pression s’avère beaucoup moins forte sur nos cultures.
Mais rien n’est définitivement acquis. Depuis plusieurs semaines, nous observons des signes de retour à une présence trop élevée de nuisibles dans plusieurs secteurs du département. Et les appels des agriculteurs se multiplient de façon inquiétante. Les maïs subissent des dégâts».
- En Moselle, les chasseurs disposent-ils des moyens pour faire face ?
- M. S. : «Oui, notre département a la spécificité d’une palette très large des moyens pour contenir les populations de sangliers. La profession agricole a multiplié les interventions auprès des services de l’État pour doter les chasseurs d’une boîte à outils la plus complète de France. Nous avons aussi progressé de façon spectaculaire, avec l’appui du monde de la forêt, à l’occasion de la révision du schéma départemental cynégétique. Le nouveau cadre de l’agrainage limite significativement des pratiques déviantes que nous observions dans la précédente version du schéma. Mon seul regret concerne l’abandon de l’expérimentation sur la lunette thermique. Mais, même avec tous les outils à notre disposition, des points noirs persistent».
- Les dégâts sont-ils pris en charge à hauteur des préjudices ?
- M. S. : «En Alsace-Moselle, des dispositions particulières définissent l’indemnisation des dégâts de sangliers. Le Fonds d’Indemnisation des Dégâts de Sangliers (Fdids), assure la gestion des dégâts et l’indemnisation. Régulièrement, la profession négocie les barèmes sur lesquels se base le Fdids pour prendre en charge le préjudice subi par l’agriculteur.
Mais nous constatons que l’évaluation des surfaces détruites reste un point potentiellement litigieux entre l’exploitant, victime des dégâts, et le Fdids en charge des indemnisations. Les exploitants doivent y regarder de près pour préserver leurs intérêts».
- Comment gérer ces situations conflictuelles ?
- M. S. : «Nous avons approché notre partenaire Groupama pour accompagner efficacement nos adhérents dans ces situations de désaccord. La Fdsea et Groupama s’attachent les compétences d’un expert en capacité d’évaluer la réalité de la situation. Depuis la mise en place de ce dispositif, nous avons acquis la certitude que, dans les situations de contestations, l’intervention d’un tiers expert se justifie pleinement. Plusieurs exemples nous sont régulièrement communiqués, avec un écart significatif d’évaluation du préjudice. J’ai le sentiment que nous devons poursuivre sur cette piste en multipliant ce type de partenariat».