Depuis 2022, la guerre en Ukraine, la crise de la Covid 19 et l’actualité ont fait flamber les prix, en général,
et les prix de l’énergie, en particulier. En fonction de leurs contrats, les exploitants ont vu le prix du KiloWatt doubler, tripler voire quadrupler. À cette augmentation s’ajoute un coût de production également à la hausse. Pour pallier ces hausses, certains exploitants ont trouvé des solutions afin de limiter leurs coûts d’approvisionnement en énergie.
L’augmentation des prix pousse les exploitations à se diversifier dans leurs productions en tendant vers l’autonomie, certains allant jusqu’à la production d’électricité. Plusieurs aménagements sont envisageables. La mise en place de panneaux solaires reste la solution la plus développée. Leur installation permet une production d’électricité, mais doit répondre à une charte précise. Les panneaux solaires ne peuvent pas être posés sur n’importe quel type de toiture. L’orientation est également un facteur important ; l’exposition plein sud reste évidemment la plus avantageuse.
Utiliser la lisiothermie
Béatrice et Jean-Marc Sindt ont fait le choix, quant à eux, de la mise en place d’un tracker. L’exploitation, située en Moselle, au Pays des Trois Frontières, présente un système peu classique pour la région. Il s’agit d’une exploitation de polyculture-élevage de porcs hors sol. Béatrice et Jean-Marc Sindt travaillent tous les deux sur l’exploitation. L’activité porcine compte 200 truies dans un système naisseur-engraisseur. Les céréales produites sur l’exploitation sont, quant à elles, autoconsommées. En 2019, le couple a décidé de construire un nouveau bâtiment : «Déjà, à l’époque, la consommation énergétique était pour nous une préoccupation», fait remarquer Jean-Marc Sindt, l’élevage de porcs étant une activité énergivore.
Dans le nouveau bâtiment d’élevage, afin de diminuer la consommation d’électricité, une pompe à chaleur utilisant la lisiothermie a été mise en place pour chauffer la maternité et le post-sevrage. La lisiothermie consiste à récupérer, au moyen d’une pompe à chaleur, les calories du lisier des pré-fosses pour chauffer les bâtiments d’élevage. Le bâtiment est, quant à lui, conçu pour limiter les pertes de chaleurs.
La réflexion énergétique
Ces dernières années, et avant même la guerre en Ukraine, les éleveurs ont constaté des augmentations importantes de leurs factures d’électricité. En effet, le prix de l’électricité n’a cessé de progresser ; il est passé, sur un compteur de plus de 36 kwh de 9,67 centimes en 2021 à 57 centimes en 2023. De ce constat, le projet du tracker solaire est né. «Le but de son installation est d’atténuer les impacts de la hausse de l’électricité» explique Béatrice Sindt.
Des panneaux solaires sont déjà présents sur d’autres bâtiments, cependant, dans ce nouveau projet, cela ne convenait pas. En effet, le chef d’exploitation fait part de son expérience «Si nous avions voulu installer des panneaux solaires, la charpente n’aurait pas été la même ; nous aurions dû faire face à un surcoût lors de sa mise en œuvre. De plus, avec les évacuations d’air, l’installation aurait été différente de celle mise en place sur un bâtiment d’élevage bovins, par exemple. Les assurances ne sont également pas favorables à l’idée d’avoir une installation photovoltaïque sur un bâtiment d’élevage».
Un nouveau moyen de produire de l’électricité
Depuis maintenant quelques années, les trackers font leur apparition dans le paysage rural. Ce sont des mécanismes qui permettent, grâce à un assemblage de plusieurs panneaux solaires photovoltaïques, de suivre le mouvement du soleil. Également appelé «suiveur solaire», ce dispositif révolutionnaire permet d’augmenter la quantité d’énergie produite : à iso-puissance installée identique, les trackers solaires bi-axes et bi-faces produisent 70 % d’énergie de plus qu’une installation photovoltaïque fixe en toiture. Bi-faces car les deux côtés du panneau captent les rayons du soleil. «Dans certains cas, les exploitants installent des cailloux blancs au pied de la structure pour augmenter la réverbération. L’autre avantage de ce système est sa faible emprise foncière. Pour notre installation, donc un panneau de 110 m2, la place occupée au sol est de 6,25m2. Aucun aménagement spécifique n’est nécessaire. Un plot de béton est installé afin de maintenir le mat» constate Béatrice Sindt.
L’accompagnement et la mise en place
Les exploitants ont été directement accompagnés par la société qui a mis en place les panneaux. Une demande de travaux a dû être déposée. La société, avec qui ils ont travaillé, a réalisé une étude de projet et les a accompagnés lors des démarches administratives. Le coût global est d’environ 57.000 € Ht. Des aides de la Région et du Département sont possibles à condition de consommer au moins 70 % de l’électricité produite. Ce tracker permettrait à l’exploitation de produire 24 % de sa consommation totale qui est d’environ 148.201 kWh par an. Un autre avantage d’actualité est l’amélioration du bilan carbone de l’exploitation grâce à cette installation. Le prévisionnel est de 57 tonnes de CO2 évitées sur trente ans.
Les éleveurs ne pourront jamais être complètement autonomes, mais grâce à leurs différents systèmes, ils tendent vers une utilisation d’énergie renouvelable.