Pour la deuxième année consécutive, les Jeunes Agriculteurs de Moselle et le Point Accueil Installation de la Moselle organisaient une table ronde sur le thème de l’installation en agriculture. Les invités ont échangé sur leur parcours, leurs choix et ont donné leurs conseils pour s’installer sereinement.
Aujourd’hui plus que jamais, la sécurité alimentaire est au cœur des enjeux sociétaux. Un agriculteur nourrit, chaque jour, environ 133 personnes. Cependant, un chef d’exploitation sur deux prendra sa retraite d’ici 2030. Il est donc nécessaire de trouver des jeunes pour reprendre les reines de notre souveraineté alimentaire ! Cette conférence cherchait à présenter le parcours à l’installation et à mettre en avant le caractère unique de chaque projet, à travers différents témoignages de jeunes installés.
Jonathan Nondier, Président du Point Accueil Installation (Pai) de la Moselle, évoquait les projets d’installations déposés en Moselle qui sont en hausse cette année. Il soulevait notamment la montée en puissance des projets incluant des ateliers de transformations, avec 29 % des dossiers, ou un mode de commercialisation en circuits courts, à hauteur de 44 %.
Devenir agriculteur, une vocation ?
Théo Thumser Henner, installé sur un Gaec à 5 associés en polyculture lait, viande et céréales Bio, s’est installé hors cadre familial en 2020. Il a parlé de l’émergence de son attrait pour le monde agricole. Désireux de devenir garde forestier, il a commencé ses études par une seconde générale, tout en partageant des moments avec son cousin sur l’exploitation de son oncle. Il a fini par rejoindre le lycée agricole et envisager de s’installer un jour : «J’ai commencé à prendre goût au travail sur la ferme puis, avec mon cousin, on s’est mis à rêver de projets communs».
Simon Canteneur est installé sur l’exploitation familiale en polyculture et élevage ovin. Il a réalisé des études générales, puis a eu l’opportunité de s’installer aux côtés de son père : «je me suis installé sur l’exploitation par passion avant tout».
Albéric Lorain s’est installé sur l’exploitation familiale en 2021. Ils y produisent du lait et le transforment à la ferme en vente directe. Avant cela, il a travaillé quelques années en tant que commercial. C’est une expérience qui lui a permis d’apprendre à se connaître et de découvrir le monde du salariat : «Aujourd’hui, j’ai été salarié, ça m’a permis de voir ce que c’était et cette expérience me conforte tous les jours dans mon choix de devenir chef d’exploitation».
Quelles sont les étapes à suivre, quel rythme adopter ?
Après avoir quitté son poste de commercial, Albéric a pris le temps de voyager à l’étranger : «Je suis parti avec mon sac à dos. J’ai découvert pleins de choses, mais ça m’a surtout permis de me recentrer sur moi-même. Vous ne pensez plus qu’à vous et la vie que vous voulez avoir». Son retour a été forcé par l’arrivée du Covid, mais le confinement lui a permis de mûrir son projet d’installation : amener un revenu supplémentaire sans augmenter les hectares. Grâce à cette expérience, il revendique son choix et son métier, mais aussi le cadre de vie que cela apporte et qui le rassure pour fonder une famille.
Simon et Théo se sont installés à des moments différents de leur vie, l’un tout de suite après ses études et l’autre un peu plus tard. Mais ils ont tous les deux su saisir les opportunités qui se sont offertes à eux, que ce soit au sein de la famille ou en dehors.
Se sentir soutenu, quelle importance ?
Trois jeunes installés étaient présents, avec trois parcours très différents. Toutefois, chacun d’eux a trouvé du soutien dans leur projet.
Théo, qui s’est installé en dehors du cadre familial, a trouvé en ses associés des qualités de mentors : «Ils connaissent le métier, ont une autre vision, délèguent le travail. On continue d’apprendre. On s’installe encore un peu tous les jours.». Ensemble, ils s’épaulent et, pour lui, le secret c’est une bonne communication «on se fixe des moments d’échanges sur la ferme mais aussi en dehors».
Simon a relevé l’intérêt du chemin à l’installation et des stages. Le stage Ressources Humaines qui aborde la communication semble aujourd’hui encore efficace pour lui : «Je me suis installé avec mon père donc ça aide pour les conflits en famille». Le stage 21H lui a permis de rencontrer des jeunes du monde agricole et des environs. Ayant fait des études générales, cela lui a permis de créer des liens et de trouver du soutien, tout comme sa présence au sein du réseau des Jeunes Agriculteurs. Albéric partage ce sentiment. Il été engagé avant de s’installer mais «vivre les problèmes en tant que chef d’exploitation donne encore plus envie d’aider». Grâce à son engagement, il rencontre du monde et se tient informé, ce qui lui permet aussi de progresser dans son métier.
Un projet d’installation est caractérisé comme le projet d’une vie. Ils ont partagé leur parcours et leurs projets, propres à chacun, mais s’accordent sur le mot de la fin : «Une installation réussie, c’est une installation réfléchie» !