Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, s'est rendu le jeudi 8 décembre, aux Assises de la Fédération nationale des producteurs de lait, à Épinal.
A l’occasion des Assises de la FNPL, les acteurs de la filière lait se sont retrouvés pour chercher ensemble des solutions à leurs problématiques.
Des échanges pour penser la filière laitière de demain
Les ateliers du mercredi ont été complétés le jour suivant par une table ronde qui avait pour sujet : «une production laitière française en danger et pourtant reconnue comme la plus durable au monde !» Pour éclairer l’audience sur cette situation contradictoire, Olivier Delaméa, directeur général de Savencia, Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture à l'INRAE, Stéphane Joandel, vice-président de la FNPL et Jean-Marc Bèche, chargé de mission de la Confédération Nationale de l’Elevage, animateur ce jour-là, se sont relayés au micro.
Changement climatique
«Je suis venu aujourd’hui témoigner qu’il y a un enjeu de développement de cette filière française au niveau France et monde, et moi je crois qu’on en a encore sous le pied. Nous avons vraiment des possibilités pour nous développer. En revanche, nous avons un agenda commun parce que le changement climatique n’est plus un débat, c’est une réalité scientifique. Nous allons être challengés et je pense que l’agriculture est une solution» a avancé Olivier Delaméa. Au sujet de la place de l’élevage dans le changement climatique, Jean-Louis Peyraud de l’INRAE a ajouté : «arrêtons de dire que nous allons améliorer l’empreinte carbone de notre alimentation parce que nous allons diminuer la consommation de produits animaux. Il faut sûrement produire nos produits animaux d’une façon différente de celle d’aujourd’hui mais réduire leur consommation ne va pas à elle seule réduire l’empreinte carbone de notre régime. Je pense que nous avons des solutions gagnantes/gagnantes pour la société et pour les éleveurs sur la façon de produire nos produits animaux et en particulier le lait. Car dans la filière laitière, les marges de manœuvre sont très importantes notamment avec l’utilisation de légumineuses comme la luzerne dans l’alimentation des vaches laitières. Cela permettrait par exemple de réduire nos importations de soja.»
Production et coût de l’énergie
Pour nombre d’exploitants, la production d’énergie est synonyme de diversification et permet l’autoconsommation mais, selon le Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la production énergétique doit être envisagée prudemment : «je pense que le principal n’est pas tant de savoir s’il faut installer des panneaux, un méthaniseur ou autre mais de savoir si vous gardez la main sur les outils. Vous avez l’espace et la matière, il y en aura certains qui auront des idées saugrenues comme celle de s’en occuper pour vous et c’est déjà le cas. Il ne faut pas que ce soit un sujet de substitution de l’activité agricole mais le sujet principal reste : qui est l’investisseur et où va la rémunération ?» De son côté, le président de la FNPL s’inquiète davantage de l’augmentation des coûts de l’énergie, aussi a-t-il invité, le Ministre à «nous éclairer dans cette période difficile. Nous éclairer c’est important, mais surtout j’espère qu’il n’y aura pas de délestage dans vos réponses et que vous amènerez des réponses concrètes à l’ensemble des questions que nous avons pu évoquer.»