Deux agriculteurs du Saulnois ont fait le pari d’une diversification dans la production de poulets fermiers.
À Blanche - Église, en Moselle, les membres du Gaec Rousselle sont à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage de 115 hectares, avec engraissement de jeunes bovins et de génisses. Olivier Rousselle, 57 ans, a été rejoint le 1er mars 2020 par son fils, Stéphane.
En 2013, Olivier Rousselle avait pris part à une visite pour découvrir la filière volaille en Alsace. À l’époque, malgré la volonté de se lancer dans la production de poulets fermiers, cela n’avait pas été possible faute de candidats mosellans en nombre suffisant : «la filière doit avoir assez de volume pour permettre un abattage régulier et l’approvisionnement des circuits de distribution», indique l’agriculteur.
Un groupement de producteurs
Le groupement de producteurs Organisme de défense et de gestion (Odg) Alsace Volaille produit, depuis trente ans, du poulet fermier. Une diversification est intervenue, il y a trois ans, avec, exclusivement pour la Moselle, un poulet fermier cou nu à chair blanche, plumage noir. Olivier Rousselle, dans le cadre d’un projet de diversification, prend part le 25 janvier 2018 au lancement de cette nouvelle filière, avec cinq autres exploitations.
Un premier bâtiment de 400 m2 sort de terre, la même année. Deux autres bâtiments sont construits en 2020, dans le cadre du projet d’installation de Stéphane, avec mise en production en janvier 2021.
Un bon suivi technique
La vie des Rousselle est désormais rythmée par le suivi quotidien de la production de volaille. Stéphane considère que «le très bon accompagnement technique d’Alsace Volaille et du fournisseur d’aliments a été essentiel». Olivier Rousselle apprécie aussi «la qualité des échanges entre les producteurs d’Alsace Volaille», dont il est administrateur.
Le planning de mise en place ainsi que celui de l’enlèvement est défini par l’Odg. Les poussins arrivent à un jour en provenance des Couvoirs de l’Est de Willgottheim (67) et ils sont engraissés jusqu’au 81e jour. Les exploitants évaluent le temps d’astreinte quotidienne à vingt minutes par bâtiment, chaque matin et soir, pendant les quinze premiers jours, puis à dix-quinze minutes ensuite. La préparation de la mise en place et le déchargement des poussins nécessitent cinq heures. À partir du 43e jour, les poulets accèdent au parcours. Tous les soirs, les poulets sont rentrés pour diminuer les risques de prédation.
Le ramassage des 4.400 volailles se fait en deux heures, en début de soirée, avec une équipe de huit personnes dotées de lampes frontales rouges pour éviter de réveiller les animaux.
Le nettoyage et la désinfection du bâtiment nécessite 15 à 20 heures. Un vide sanitaire de quinze jours est ensuite mis en place.
L’œil de l’éleveur essentiel
Olivier Rousselle explique que «l’installation n’aurait pas pu avoir lieu sans le développement d’un atelier hors-sol». L’investissement par bâtiment a été de 130.000 euros permettant de commercialiser chaque année environ 13.000 poulets. La durée d’amortissement est de 12 ans. La Région et le Département ont soutenu le projet avec 44.000 € par bâtiment (plus majoration Ja).
«La valeur d’achat par les abattoirs Siebert de Ergersheim (67) est calculée sur la base des coûts de production, dont l’alimentation représente 60 % des charges opérationnelles : le prix d’achat moyen sur 2020 a été de 1,70 euro le kg en vif. La marge nette mensuelle par bâtiment est de 500 à 600 euros», selon Stéphane. Les membres du Gaec ne regrettent pas leur choix car «le poulet fermier a permis de sécuriser notre revenu».