Vous êtes ici

Un nouvel élevage sur les rings de concours

Maxence présente Tomate, une des trois génisses sélectionnées pour Agrimax, toujours aidé par son père Yannick. Photo DR
Maxence présente Tomate, une des trois génisses sélectionnées pour Agrimax, toujours aidé par son père Yannick. Photo DR

Yannick Bidon élève des Limousines dans le petit village mosellan de Buchy. Depuis juillet 2023, son fils, Maxence, est salarié à mi-temps sur l’exploitation. Pour la deuxième année, ils seront présents lors du salon Agrimax.

Yannick Bidon a rejoint l’exploitation familiale en polyculture-élevage depuis 2008. Lors de son installation, il a gardé le modèle choisi par son père. «À l’époque de la reprise de mon père, il y avait quelques vaches laitières et un atelier d’engraissement en complément des céréales. Il a vite fait partir les laitières. À la même période, les marchés de l’engraissement fluctuaient trop pour permettre d’assurer une rentabilité de l’atelier» explique Yannick. Son père a donc transformé l’atelier d’engraissement en un atelier de vaches allaitantes limousines. L’élevage compte aujourd’hui entre vingt et vingt-cinq vêlages par an.

Un chef d’exploition aux multiples casquettes

Yannick Bidon n’a pas toujours été dans le secteur agricole. Avant son retour sur l’exploitation familiale, il a d’abord travaillé dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. C’est une des raisons qui l’a poussé à ouvrir des chambres d’hôtes à son installation. «Nous avions la chance d’avoir le château de Buchy ; afin de pouvoir conserver et rénover le monument, il a fallu faire des choix. C’est tout naturellement que je me suis lancé dans le projet. Je m’y connaissais plus en hôtellerie qu’en agriculture» se confie Yannick. Son pari fut réussi : le château a été préservé et permis l’ouverture de cinq chambres et d’un gîte.

Il a également décidé de commencer la vente directe. Ces deux ateliers lui apportaient le côté relationnel et humain qu’il avait pu rencontré dans sa première vie professionnelle. Les mâles sont donc vendus à des engraisseurs au sevrage à huit mois. Quelques génisses sont, quant à elles, gardées pour le renouvellement et la vente directe. «En volume, l’activité de vente directe ne représente pas énormément de bêtes, environ six par an. Cependant, ce poste représente environ un tiers du chiffre d’affaires» fait remarquer Yannick. La conduite de l’élevage s’organise sur un système herbager complété par quelques céréales en autoconsommation ainsi que, pour les génisses bouchères, d’un complément azoté. Leur départ s’effectue entre 22 et 30 mois ; elles sont alors prises en charge vivantes à la ferme par le boucher, qui gère toute la partie abattage et découpe, avant que la famille Bidon ne récupère l’animal en caissettes de 10 kg pour sa commercialisation. La clientèle est au rendez-vous grâce uniquement au bouche-à-oreille.

Une race de prédilection

La race Limousine a toujours été présente sur l’exploitation. Pour les deux hommes, elle présente beaucoup de qualités. Parmi elles, la facilité au vêlage et sa bonne viande continuent à séduire les éleveurs. Yannick Bidon fait part d’un autre critère important pour lui «le caractère est pour nous super important. Nous sommes connus pour disposer d’un troupeau calme, et nous souhaitons le garder. Ce point est primordial aussi bien pour notre bien-être et notre sécurité que pour celui de nos bêtes». Maxence complète les propos de son père «quand on va dans le parc, elles viennent se faire gratter et nous lécher. J’ai d’ailleurs remarqué depuis quelques années que les veaux les plus proches de nous ont une meilleure croissance et mangent plus facilement».

En complément de son retour sur l’exploitation familiale, Maxence souhaite ouvrir une entreprise de prestations de services où il proposera aux exploitants ses services en main-d’œuvre. Ce projet lui permettra d’acquérir de l’expérience, tout en demeurant son propre patron avant son installation à plus ou moins long terme sur l’exploitation familiale.

Un éleveur en herbe

Maxence est à l’origine de leur présence sur les terrains de concours. Son père n’y a jamais participé, non par manque d’envie, mais par manque de temps. Avec l’implication de plus en plus présente de Maxence sur l’exploitation, ils ont alors décidé pour la première fois en 2022 de présenter un mâle de l’année lors d’Agrimax. Il explique d’où vient cette envie «j’ai eu la chance d’effectuer mon stage chez un éleveur qui avait pour habitude de participer à des concours. Cela m’a permis de prendre conscience du travail réalisé aussi bien en amont que de prendre goût à l’ambiance et aux échanges possibles lors de ces évènements. Nous avons donc franchi le pas l’année dernière. L’expérience fut concluante car notre mâle a fini premier de sa catégorie. Nous y retournons cette année avec trois femelles de l’année». Yannick Bidon reprend «je suis uniquement là pour l’épauler. Il prépare les animaux et s’en occupe très bien. Je suis content qu’il soit aussi passionné que moi. Nous travaillions sur notre génétique et développions nos vaches, mais le manque de temps ne me permettait pas de valoriser ce travail. Grâce à lui, on continue à se faire connaître et on peut montrer que nous avons un troupeau de qualité».

Actuellement, ils possèdent un troupeau plutôt typé élevage. Leur souhait était d’abord d’apporter du squelette et de la taille, afin de permettre, par la suite, le développement musculaire et de les élargir pour avoir plus de viande. L’élevage présente de grandes bêtes bien faites et le travail de sélection se fait voir. Le père et le fils connaissent bien les critères qu’ils souhaitent mettre en avant, Maxence détaille «pour la sélection des animaux de l’élevage et ceux pour les concours, les critères sont les mêmes. En premier, je regarde le bassin : il faut qu’il soit large et bien développé pour faciliter le vêlage. Ensuite, j’observe le dos : il doit être large et avoir une bonne rectitude. Je finis par le bas de cuisse qui doit permettre le développement de la viande et avoir un bel arrondi».

Pour les aider sur la sélection des bêtes destinées aux concours, les éleveurs ont bénéficié de l’appui de James Veber de la Chambre d’agriculture, de Julie Lemoine du Herd Book Limousin ainsi que d’Olivier Tinus de la Sica Ulel. Le père et le fils ont découvert les concours bovins avec leur lot de rencontres, d’échanges, de convivialité et de stress. Une chose est sûre, l’élevage de la famille Bidon a encore de belles années devant lui.