Une des solutions pour réduire l’apparition de Troubles Musculo-Squelettiques (Tms) réside dans le port d’un exosquelette. Un exemple concret permet d’aborder les contraintes à prendre en compte pour une bonne utilisation.
Les Troubles musculo-squelettiques (Tms) représentent plus de 90 % des maladies professionnelles déclarées. Face à des tâches non mécanisables, le port d’un exosquelette peut constituer une réponse mais encore faut-il se poser les bonnes questions avant, pour en être certain.
L’Earl Beaucour à Faulquemont se situe dans les précurseurs sur le sujet en Moselle. L’exploitation laitière compte 250 vaches laitières. La traite est assurée au travers d’un Roto de 1976. La salariée Laury Da Costa, en Cdi depuis trois ans, après avoir été apprentie au préalable, commençait à souffrir de douleurs aux épaules et de migraines. L’agriculteur a réfléchi aux moyens permettant d’éviter la survenance de ces Troubles Musculo-Squelettiques. En 2021, Philippe Beaucour a étudié les différents modèles d’exosquelettes existants pour en équiper sa salariée et améliorer ses conditions de travail. En février 2022, le choix s’est porté sur un exosquelette passif sans moteur avec ressort plutôt qu’un modèle avec moteur plus lourd.
Le conseiller prévention de la Caisse d’Assurance-Accidents Agricole de Moselle (Caaam), David Rivat, explique «qu’il est important de bien réfléchir au choix de l’équipement et à la formation technique lors de sa mise en service».
Pour le spécialiste, «l’outil mal réglé peut générer des problèmes articulaires ou bien des points de frictions avec des brûlures qui vont compromettre son usage. Un exosquelette sans moteur pèse entre 1,5 et 2,7 kg et si on doit se pencher, cela peut générer aussi des problèmes de lombalgie. L’environnement de travail doit donc être parfaitement adapté pour l’introduction de ce type d’équipement. Les accès à la salle de traite, la hauteur de travail, les flexions, l’approche aux mamelles, le travail avec ses collègues … doivent être finement analysés avant toute décision d’achat pour éviter de créer plus de nouveaux problèmes de santé. Dans l’idéal, l’utilisation de l’exosquelette doit être spécifique à une seule tâche sans flexion latérale ou en avant du tronc. L’ensemble des tâches doivent se situer dans un rayon de 80 à 120 degrés de flexion du coude.»
Pour prendre en compte ces éléments, Philippe Beaucour a adapté l’organisation du travail au port de l’équipement : la salariée ne fait que brancher. Le port des seaux et le fait de pousser les vaches sur l’aire d’attente sont assurés par l’exploitant.
David Rivat prévient que «le port de l’exosquelette participe à la réduction de la tonicité musculaire et qu’en conséquence, il ne faut pas le porter en permanence et qu’il faut trouver un équilibre avec d’autres tâches sans port d’exosquelette».
Pour une éventuelle prise en charge de l’investissement par la Caaa Moselle, à hauteur de 20 % pour 800 euros maximum, il faut une étude de poste préalable par un conseiller prévention. David Rivat explique avoir déconseillé le port d’exosquelette sur certaines installations de traite car l’environnement de travail aurait accentué les risques de Tms.
Après plus de six mois d’utilisation, Laury Da Costa constate que ses douleurs ont disparu à la traite. Philippe Beaucour juge son pari gagnant : améliorer les conditions de travail et fidéliser sa salariée.
Pour plus d’informations sur les exosquelettes, contacter la Caaa de Moselle au 03 87 66 12 70.