Le président du Gds a invité les éleveurs à «ne pas baisser la garde». Convaincu de «l’intérêt de travail collectif» et de la capacité à actionner les réseaux, Gilles Canteneur souligne l’importance «du rôle de l’identification dans le combat sanitaire».
Comme pour conjurer le sort, Gilles Canteneur a accueilli délégués et invités des travaux d’assemblée générale du Gds par un clin d’œil à la météo. Si «la pluie de la veille a permis aux délégués d’être présents en nombre ce matin à Delme», elle ne suffira pas à rassurer et passer les températures estivales annoncées pour la semaine à venir. C’est Jérôme Albert de Guinglange qui s’est ensuite vu confier la présentation du premier point d’ordre du jour. Son rapport financier permettait de passer en revue les comptes de l’exercice 2021.
L’occasion de constater un excédent net de l’exercice à hauteur de 31.343 €, et de faire remarquer la baisse de la subvention de la région Grand Est en conséquence de la baisse des effectifs animaux sur notre territoire.
État des lieux
La présentation de l’état des lieux sanitaire de notre département a été, comme à l’habitude, confiée au Docteur Vétérinaire Éric Moget, chef de service animal et environnement de la Direction départementale de la protection des populations (Ddpp) de Moselle. Pour éviter le risque d’un inventaire laborieux, il s’est attaché à réaliser la démonstration d’une surveillance efficace. Pour le chapitre des maladies réglementées, plusieurs suspicions donneront lieu, en 2021, à des fausses alertes. En tuberculose bovine, quatre suspicions et deux liens épidémiologiques seront, après les analyses ad hoc, écartés. Même constat pour la brucellose où quatre suspicions seront finalement écartées. La leucose bovine sera l’objet d’une suspicion elle aussi écartée.
Le tableau s’avère moins satisfaisant pour la fièvre charbonneuse. Si une suspicion a pu être écartée, un foyer se soldera par la confirmation de deux cas.
Le gros morceau de la présentation du Docteur Vétérinaire Éric Moget concernait l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène (Iahp). Si la Moselle dénombre «un foyer en faune sauvage», Éric Moget a confirmé «l’absence d’élevages touchés dans le département, et ce malgré la circulation du virus».
Concrètement pour la Moselle, alors qu’une zone de contrôle temporaire (Zct) a été mise en place après la découverte de cygnes contaminés, Éric Moget annonce pour le mois de mai «le passage d’un niveau de risque élevé (voir encadré) à un niveau de risque modéré». Une nouvelle en mesure de soulager les éleveurs aujourd’hui limités en termes d’accès aux parcours et de mouvements d’animaux.
Gagnant-gagnant
En écho aux interventions qui l’ont précédé, le président du Gds invitait les éleveurs à «ne pas baisser la garde». Convaincu de «l’intérêt de travail collectif» et de la capacité à actionner les réseaux comme dans le cas de «Schmallenberg toujours présent» où Gilles Canteneur «souhaite activer la solidarité nationale face à cette maladie pour laquelle nous n’avons pas de moyens de lutte».
Le président du Gds a consacré une partie de son rapport moral à rappeler le constat «d’un maillage vétérinaire qui se fragilise» avec ses conséquences pour les éleveurs. Au-delà des faits, Gilles Canteneur a rapporté la réflexion conduite avec l’ensemble des acteurs de la santé animale au service d’une solution «gagnant-gagnant». Sur le sujet, la candidature de la Moselle a été retenue pour participer à une action nationale dédiée à cette problématique des déserts vétérinaires.
Commentant l’évolution des effectifs de bovins dans le département et les causalités de ce phénomène, Gilles Canteneur s’est attardé sur le revenu des éleveurs. Il saluait le travail du syndicalisme et la «pression» nécessaire pour que les cours de la viande permettent de «couvrir les coûts de production».
Un propos repris un peu plus tard dans la matinée par le président de la Fdsea. Pour Fabrice Couturier, «la décapitalisation du cheptel est une conséquence de la situation économique des éleveurs». Il analyse une part du «manque d’installations pour assurer le renouvellement des générations», par «le manque de rémunération des éleveurs». Fabrice Couturier illustrait son propos en rapportant «les vertus de la bonne valorisation de la production laitière autour des fruitières du département du Doubs. Chaque départ y est couvert par une installation». Aussi, il invitait à «un travail collectif nécessaire pour couvrir les coûts de production des éleveurs».
Gilles Canteneur a conclu son rapport moral en insistant sur l’importance «du rôle de l’identification dans le combat sanitaire». Le président du Gds a rappelé l’intérêt de ce travail «géré par convention avec la Chambre d’agriculture», où domine «un esprit de solidarité et d’écoute».
Faiblesse du triptyque
Présente aux cotés de Gilles Canteneur, la présidente des Gds du Grand Est a salué «un état sanitaire remarquable» qu’elle attribue à «un travail de fond nécessaire», et organisé autour «d’un triptyque éleveur, État et Gds, qui a bien fonctionné». Mais Florence Sezeur, éleveuse dans le département de l’Aube, s’inquiète de la «faiblesse» actuelle de ce triptyque et du «recul de l’État sur certaines maladies». Elle citait en exemple la diarrhée virale bovine (Bvd).
Appel du pied donc du côté de l’État et de ses services, mais sollicitation également en direction de l’interprofession pour «incorporer les opérateurs commerciaux». En jeu, «conserver l’acquis sanitaire lorsque l’on organise les introductions et les transports». Une piste reprise par le président de la Chambre d’agriculture, qui se trouve être celui de l’interprofession régionale. Xavier Lerond a mis en avant le travail autour de l’outil informatique «camions sains». Une solution en capacité d’intégrer «la préoccupation sanitaire dans l’organisation des tournées de ramassage et de transport d’animaux, mais aussi d’optimiser les coûts de transports».
Comme le veut l’usage, la directrice départementale de la protection des populations a fermé le ban. Peggy Rasquin a souhaité reprendre le slogan du Gds «le sanitaire est l’affaire de tous». Elle a assuré les délégués de «la volonté de l’État de travailler dans le même sens que la profession» avec comme «priorité cette année, la recherche de solutions de vigilance pour ne pas se retrouver démunis dans les situations difficiles». Une transition avec le sujet que le Gds avait choisi de traiter après la partie statutaire de ses travaux. Gilles Canteneur a demandé à Anne-Charlotte Dockès, de l’Institut de l’Élevage d’intervenir sur le bien-être animal. Un sujet jamais très éloigné de celui du bien-être des éleveurs.