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ELITEST en route pour de nouveaux défis

Philippe Sibille, directeur d’Élitest, et Damien Tiha, président sortant. Photo Pierre DIVOUX
Philippe Sibille, directeur d’Élitest, et Damien Tiha, président sortant. Photo Pierre DIVOUX

Élitest pose la première pierre d’un projet génétique de dimension européenne. Un tournant pour la coopérative qui tourne également une page de son histoire avec le départ de son président, Damien Tiha.

Le monde de la génétique du Grand Est avait fait le déplacement au grand complet à Haut-Clocher en Moselle pour cette assemblée générale de la coopérative Élitest. Et pour cause, Damien Tiha, après vingt-huit années de présidence, officiait avant de tirer sa révérence.

Le caractère solennel de cette journée n’a cependant rien sacrifié à la rigueur des travaux des délégués. Ainsi, la matinée du 25 mars a débuté par le rapport technique du directeur. Les participants ont pu entendre l’analyse de Philippe Sibille sur les principaux indicateurs de l’activité de la coopérative. Boussole d’Élitest, le nombre de mise en place de doses. Philippe Sibille a présenté «globalement en érosion», une évolution «relativement maîtrisée jusqu’à présent mais qui s’accélère». Avec une baisse de 1,6 % des inséminations artificielles premières (Iap), la coopérative «résiste mieux que l’ensemble du territoire national». Entre fin septembre 2020 et fin septembre 2021, l’activité Iap nationale perd 2,5 %. «L’Ouest et le Nord sont particulièrement impactés» rapporte Philippe Sibille. L’évolution est regardée à la loupe, et sur les premiers mois de la nouvelle campagne, la baisse d’activité se poursuit. 

Au 15 mars, le directeur affiche un recul de 2 % des Iap, avec des différences marquées entre les Iap sur femelles laitières, qui reculent de 2,6 %, alors qu’elles progressent de 1,3 % pour les femelles allaitantes. Mais le phénomène remarquable vient «de l’activité de croisement sur femelles du troupeau laitier, il poursuit une forte hausse à + 10,5 %», se félicite Philippe Sibille. Pour l’exercice clos le 30 septembre 2020, la progression avait été de 19,3 % avec 20.503 Iap.

Baisse d’activité

Cependant, le directeur d’Élitest prévient, «le nombre de vaches qui financent le développement de la génétique est en forte régression».

Derrière cette tendance de l’activité globale se cache une baisse du nombre d’élevages. La coopérative perd 30 % d’élevages en dix ans. Le nombre Iap par élevage progresse lui de 37 % sur la même période. Quant aux races représentées, pour le lait, les taureaux Prim’Holstein tiennent le haut du pavé avec 75 % des paillettes mises en place. Et pour les femelles allaitantes, la Charolaise domine de loin. Elle pèse 61 % des mises en place du troupeau allaitant.

Dans les points de repères livrés à l’assemblée, Philippe Sibille a détaillé l’évolution des génotypages femelles. Là encore, la Prim’Holstein se place en tête en volume, et affiche une progression de 6 % de l’activité. C’est la Monbéliarde qui progresse le plus. L’activité de génotypage femelles s’accroît de 38 %. Autre indicateur de la stratégie génétique en troupeaux laitiers, le pourcentage d’Iap en doses sexées. «La technologie du sexage prend de plus en plus de place dans l’activité de la coopérative», témoigne Philippe Sibille. Pour 2021, 11,7 % des Iap chez Élitest sont sexées. La transplantation embryonnaire a été également présentée comme un «outil stratégique de la création génétique».

Autre indicateur de l’intérêt des éleveurs pour l’amélioration de la reproduction dans leurs troupeaux, la forte progression des prestations de suivi. 317 élevages totalisant 32.918 femelles ont fait confiance à Élitest pour cet accompagnement en 2021. Actuellement, 48 inséminateurs sur les 90 que compte la coopérative sont formés pour délivrer cette prestation dans les élevages.

Pour clore le rapport d’activité technique, Philippe Sibille a présenté un focus sur la Redyblack, soulignant l’effort d’accompagnement de la Région Grand Est et de l’État pour l’essor de cette nouvelle race. Elle compte désormais plus de 300 animaux en France. Ils sont répartis dans 36 élevages.

Brumath renforcé

«Nous avons pris la décision de renforcer le pôle de Brumath avec un nouvel essor au niveau de la verraterie et de la taurellerie» a annoncé Damien Tiha. De quoi lever les inquiétudes des éleveurs alsaciens sur la pérennité de cet outil. «Ce site a maintenant une capacité de 60 places de taureaux, autant en verraterie», précisait le président d’Élitest. Et pour sa branche porcine, Brumath bénéficie d’un nouveau partenariat avec une coopérative de Bretagne. Optimisation de la production de doses, mutualisation des achats, contrôle qualité des intrants s’ajoutent à une nouvelle prestation d’accompagnement des éleveurs porcins en élevage pour les techniques de reproduction. Damien Tiha soulignait également «une offre nouvelle de prestation vers les éleveurs belges».

Élitest affiche donc bien «une volonté d’essor pour ce site». Et pour en témoigner, Philippe Sibille annonçait avoir «passé le cap du million de doses produites en 2021 à Brumath».

Optimisme encore lorsque les délégués se sont vu présenter «une évolution majeure dans l’indexation». Le Single Step est une «nouvelle technologie, elle ne révolutionne pas les choses» précise Philippe Sibille, «elle améliore la précision» aux fins de «mieux valoriser le travail génétique réalisé par les acteurs de la sélection».

Dimension européenne

Dans un monde qui bouge de plus en plus vite, Élitest vient de poser la première pierre d’un projet génétique de dimension européenne. L’enjeu de l’alliance avec le partenaire allemand PhöniXGroup est d’accéder à un potentiel génétique nouveau tout en conservant les outils de la coopérative. Pour Damien Tiha, c’est là «un choix stratégique du conseil d’administration pour maintenir la capacité d’Élitest à fournir la meilleure génétique au meilleur prix». Les vice-présidents, Nicolas Courot, Jean-Louis Lacroix et Philippe Richert, comme les représentants de PhöniXGroup présents ce 25 mars à Haut-Clocher, ont tous abondé dans le sens d’une initiative prometteuse et originale au niveau européen.

La coop en chiffres

Le conseil d’administration a pris la décision de maintenir les tarifs malgré l’impact combiné de la baisse d’activité et de la crise ukrainienne. Une décision qui conforte la stabilité, en longue période, du prix de l’Ia pour les coopérateurs. En 2012, l’Ia était facturée 52,69 €. En 2021, l’éleveur acquitte 52,38 € pour la même prestation. Une somme qui se répartit entre le coût de la génétique pour 25,54 € et la mise en place pour 26,84 €.

On l’a dit, le chiffre d’affaires recule mais sans que la coopérative ne perde de parts de marché (91,7 %). Il contribue à un résultat d’exploitation de 66.380 €. Le résultat net s’élève lui à 1.834.455 €. Il est fortement impacté par un résultat exceptionnel, conséquence de la vente du site de Gunsbach à la Communauté de communes de Munster. Une situation financière qui permet de servir aux adhérents une remise sur activité à hauteur de 472.000 € ainsi qu’une remise de fidélité pour 1.258.000 €.

Le conseil d’administration d’Élitest, réuni le 28 mars, a procédé au renouvellement de sa gouvernance, Pascal Moretti, éleveur dans la Meuse, a été élu Président. Photo Pierre DIVOUX
Le conseil d’administration d’Élitest, réuni le 28 mars, a procédé au renouvellement de sa gouvernance, Pascal Moretti, éleveur dans la Meuse, a été élu Président. Photo Pierre DIVOUX