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Butyriques,un producteur laitier sur deux pénalisés

Catherine et Jean-Claude Humbert (au centre) ont accueilli les participants de la première des trois rencontres organisées par Sodiaal sur les butyriques. Photo : H.Flamant
Catherine et Jean-Claude Humbert (au centre) ont accueilli les participants de la première des trois rencontres organisées par Sodiaal sur les butyriques. Photo : H.Flamant

Pour sensibiliser les éleveurs au risque et à la prévention des butyriques, Sodiaal a récemment organisé des rencontres pour les éleveurs de la zone Centre Est. L'une d'elle s’est déroulée le 29 mars, à Lagarde (57).

« Les butyriques, on en parle encore et toujours, mais parce qu’il y a toujours des problèmes. Chaque mois, un producteur sur deux est pénalisé. Beaucoup de citernes sont à plus de 3000 spores/litre de lait, ce n’est pas sans conséquences sur la transformation fromagère », rappelle Anne Reff, technicienne chez Sodiaal, en introduction de la journée organisée au Gaec de la Bolle, le 29 mars.

Une enquête a été réalisée par une stagiaire à l’automne 2020, chez les producteurs de lait ayant eu les meilleurs résultats butyriques sur la zone depuis 2017. « Indifféremment des éleveurs qui utilisent ou non de l’ensilage dans la ration des vaches laitières », précise la technicienne. En découle la création d’une série de fiches techniques et d’un flyer reprenant l’essentiel des bonnes pratiques. 

« Les butyriques sont des bactéries naturellement présentes dans le sol. Elles s’introduisent dans les fourrages au moment de la récolte, avec les résidus de terre.  Les vaches ne digèrent pas les butyriques, elles se concentrent dans les bouses, et contaminent le lait au moment de la traite. Plus il y en a dans la ration, plus il peut y en avoir dans le lait », avertit Anne Reff. Pour limiter le développement des butyriques, il est possible d’agir à chaque étape : récolte et conservation des fourrages, distribution de l’alimentation, conditions de logement et hygiène à la traite.

Un jour de récolte, une année d’alimentation

Premier maillon : la récolte et la conservation. « Le chantier de récolte c’est une seule journée, pour une année entière d’utilisation. Alors mieux vaut soigner la récolte et la conservation des fourrages », insiste Emmanuel Oury, technicien Sodiaal, avant de rappeler les bonnes pratiques, mises en œuvre chez la majorité des agriculteurs enquêtés : récolter dans de bonnes conditions climatiques, bien régler la hauteur de fauche, adapter la longueur des brins et bien tasser le silo. Il est ensuite recommandé de laisser le silo fermé au moins trois semaines, le temps qu’il se stabilise.

Autre étape cruciale : la distribution. « On peut avoir un super ensilage mais avoir une mauvaise gestion de l’alimentation », rappelle Emmanuel Oury. Il faut, avant tout, bien calibrer le front d’attaque. Il faut aussi surveiller l’échauffement : la différence entre la température du silo et la température extérieure doit être « inférieure à 5 % ». 

La table d’alimentation est, par ailleurs, un endroit propice à la multiplication des butyriques : 81 % des éleveurs enquêtés nettoient la table d’alimentation avant chaque distribution, une pratique qui permet de limiter la multiplication des spores juste avant l’ingestion. « Il faut aussi porter attention à la propreté des abreuvoirs. Le premier aliment des vaches c’est l’eau. Le lait est composé à 87% d’eau : pas d’eau, pas de lait, alerte Didier Schleininger, ingénieur au BTPL (Bureau Technique de Promotion Laitière). Le repère, c’est 6 cm d’abreuvoir par vache ».

Dernier rempart : l’hygiène à la traite. « C’est au moment de la traite qu’il y a un risque d’introduction de résidus de bouses dans le lait », rappelle Didier Schleininger, qui recommande aux participants d’utiliser des lavettes, lavées avec une lessive désinfectante et tout juste sorties de la machine à laver, plutôt que du papier, et d’adapter le nombre de lavettes au nombre de vaches. « Si le risque de contamination est fort, utilisez un produit moussant et du papier ou des lavettes ».