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Premières ventes effectives de crédits carbone

À l’occasion du versement des premiers crédits carbone, un chèque symbolique a été remis aux huit éleveurs engagés en 2019. Photo Hélène Flamant
À l’occasion du versement des premiers crédits carbone, un chèque symbolique a été remis aux huit éleveurs engagés en 2019. Photo Hélène Flamant

Les huit premiers adhérents à s’être impliqués dans la démarche ont récemment reçu le versement des premiers crédits carbone. Pour marquer le coup, l’Apal les a réunis, le 5 avril, au Gaec de Menu Prale, à Liocourt, en présence de Samuel Vandaele, président de France Carbon Agri Association, et de Stéphane Peultier, président de l’Apal.

L’élevage a été la première filière à développer une méthode de calcul de l’empreinte carbone. La méthode Carbon Agri a été labellisée en 2019. Depuis, la filière grandes cultures a développé sa démarche «et la filière viticole devrait être prête en juin 2023», précise Samuel Vandaele, président de France Carbon Agri Association.

Consciente de l’importance qu’allait prendre l’enjeu carbone, l’Apal a engagé ses premiers éleveurs dans la démarche bas carbone dès 2019. Huit exploitations ont répondu à l’appel : Bertrand Cressot (Verseilles-le-Haut, 52), Sophie Collet (Flin, 54), le Gaec des Acajous (Pierreville, 54), l’Earl du Bal Haie (Amelécourt, 57), le Gaec du Menu Prale (Liocourt, 57), le Gaec Cadet (Occey, 52), l’Earl du Val  Meusien (Gonaincourt, 52), et Laurent Cozzela (Verseilles-le-Bas, 52).

Mercredi 5 avril, ce sont sur les terres du Gaec du Menu Prale, à Liocourt, que les adhérents ont reçu un chèque symbolique, en présence de Samuel Vandaele, Stéphane Peultier, président de l’Apal, Luc Barbier, conseiller régional Grand Est, Anne Gautier, cheffe du service d’économie rurale, agricole et forestière à la Ddt 57, Sylvie Bouschbacher, conseillère départementale 57, François-Xavier Schott, chef de service à la Crage, Fabrice Couturier, président de la Frsea Grand Est, et Philippe Hennequin, administrateur régional au Crédit agricole.

Plus de prairies permanentes et temporaires

Exploitation de polyculture-élevage, le Gaec du Menu Prale est géré par Simon Jullier, sa compagne, Émilie Gigout, et Florence Jullier. Ils exploitent 317 ha, dont 190 ha de surfaces toujours en herbe et 21 ha de prairies temporaires, et élèvent un troupeau de vaches allaitantes Charolaises et leur suite, en système naisseur. 208 Ugb sont présentes, en moyenne, sur l’exploitation.

À la suite du diagnostic Cap2er réalisé en 2020, les associés ont fixé plusieurs axes d’amélioration. En premier, l’implantation de 8 ha de prairies permanentes (Pp), en plus des
21 ha de prairies temporaires (Pt) semées en 2019, pour augmenter l’autonomie fourragère des animaux. «Nous avons gagné 55 jours de pâturage», commente Émilie Gigout. Les associés travaillent également à l’amélioration des critères techniques et de reproduction. «Nous cherchons à diminuer l’âge au vêlage de trois mois et à réduire l’intervalle vêlage-vêlage de 380 à
370 jours»
, indique l’hôte du jour. Ces différents leviers devraient permettre d’éviter 1.200 t d’eqCO2 sur cinq ans.

Les autres exploitants engagés ont également témoigné des leviers mis en place sur leur ferme. Tous recherchent l’autonomie alimentaire, mais n’activent pas les mêmes solutions : l’un a implanté de la luzerne, quand d’autres augmentent les surfaces de prairies temporaires ou permanentes, et un éleveur a recours aux méteils. Tous travaillent à diminuer l’âge au vêlage. L’un a fait le choix de planter 500 m de haies. «Je laisse aussi pousser les haies existantes, pour différentes raisons : elles permettent de maintenir l’humidité, elles offrent de l’ombre aux animaux, elles ont un intérêt en termes de biodiversité, et bien sûr pour le stockage de carbone».

Une méthode en évolution

Sur cinq ans, ces huit exploitations auront conservé 859 ha Pp et 79 ha de Pt, et auront implanté 28 ha supplémentaires de Pp et 18 ha de Pt ; 19 km de linéaires de haies auront été conservés et 8.000 m supplémentaires implantés. Les leviers mis en place auront également permis d’entretenir
2.466 éq. ha de biodiversité, et de préserver les habitats pour les espèces locales et les sols de l’érosion. Et surtout, ces huit exploitations auront permis d’économiser 4.730 t de carbone, valorisées 30 €/t.

«Pour les agriculteurs qui travaillent bien dès le départ, il est difficile de mettre en œuvre des leviers d’amélioration», regrette un éleveur de Haute-Marne, en système 100 % herbe. «Les éleveurs les plus nombreux à entrer dans des projets bas-carbone, aujourd’hui, sont ceux du Cantal avec souvent des systèmes à l’herbe et peu de cultures. Des leviers d’amélioration, il en existe dans toutes les exploitations, soutient Samuel Vandaele, qui reconnaît toutefois que la méthode est perfectible. Nous ne sommes qu’au début de l’histoire de la méthodologie carbone. Le diagnostic Cap2er est amené à évoluer, on travaille à l’intégration de nouveaux indicateurs, et aussi à l’élaboration de méthodes pour le solaire, la méthanisation et l’arboriculture».