Le comité de ressource en eau de la Moselle s’est réuni le 12 juillet dernier. Le but de cette réunion était d’échanger sur la situation actuelle des niveaux de l’eau sur le département. Les fortes précipitations des derniers mois placent le département dans une situation toute autre que les deux années précédentes.
L’année 2023 a connu un début très sec mais une fin d’année très pluvieuse. Ces variations importantes ont permis un excédent d’eau de 10 %. Pour rappel, le département était, en 2022, déficitaire de 20 % au niveau des précipitations. Le manque d’eau du début d’année a, néanmoins, placé le département en alerte puis, par secteur, en alerte renforcée sécheresse entraînant des restrictions sur l’utilisation de l’eau.
Pour terminer 2023 en positif au vu du début d’année, cela montre que les quatre derniers mois de 2023 ont subi des précipitations bien au-delà des moyennes.
L’année 2024
Les fortes précipitations de l’hiver ont permis aux nappes phréatiques de se recharger sans difficulté. Sur ce secteur, le niveau d’eau a même été au-dessus de celui attendu. La période de décharge a été amorcée mais sans grande conséquence car la pluviométrie de l’été reste importante.
Un tour de table a été réalisé afin de prendre connaissance des conséquences de cet excédent d’eau pour les différents acteurs du territoire. Pour la Dreal, il n’y a pas d’alerte particulière, mis à part les inondations survenues sur certaines installations classées. Corentin Pavoine, représentant du Sdis 57, constate : «Nous n’avons pas de remarque particulière, pour nous c’est une année qui commence calmement, et c’est plutôt positif. Il n’y a pas d’alerte et de difficultés, même pour les feux d’artifice du 14 juillet qui posaient question les années précédentes».
Pour l’Ofb et les représentants de la protection de l’environnement, cette forte hydrométrie a été bénéfique pour la reproduction des espèces aquatiques. Ils souhaitent attirer tout de même l’attention sur le tassement des sols consécutifs aux travaux agricoles ou forestiers qui seraient néfastes à la biodiversité du sol. Les professions concernées ont tout de suite fait le même constat : «le sol est notre outil de production principal, bien sûr que nous faisons tout pour le préserver et cela dans sa totalité».
Alain Larcher de l’Ofb reprend la parole pour les constations sur le secteur forestier : «L’hydrométrie a été positive pour la végétation mais les arbres mal-en-point, à cause des sécheresses passées, ont continué à dépérir. Nous avons également subi, sur plusieurs lieux, des glissements de terrain. L’automne n’a pas permis l’exploitation forestière ce qui entraîne actuellement du bois qui pourrit en forêt, ce qui n’est pas le but».
La profession agricole (représentée par Florent Dory de la Fdsea 57, Albéric Lorain des Ja 57, et Xavier Lerond de la Chambre d’agriculture) a pu faire part de ses inquiétudes. Les glissements de terrain ont également impacté des viticulteurs qui ont vu leurs vignes se déplacer. Les inondations du mois de mai ont mis beaucoup d’agriculteurs dans des situations compliquées, en raison de dégâts matériels subis mais également des dégâts des fourrages. La première ou la deuxième coupe, en fonction de la localisation, a été difficile à réaliser. Au 12 juillet, certains agriculteurs ne peuvent toujours pas entrer dans leurs parcelles. Les rendements et la qualité des céréales se voient également fortement pénalisés par la pluviométrie. L’année ne s’annonce, à nouveau, pas favorable pour le secteur agricole.
Le maire de Cheminot, François Hénot, fait le même constat, et s’inquiète pour ses agriculteurs. Il souhaite également que le dossier de l’entretien des cours d’eau soit travaillé en partenariat avec les collectivités, les agriculteurs et les syndicats de rivières afin d’éviter, autant que possible, des conséquences parfois désastreuses.
Situation «très satisfaisante», à de rares exceptions
Les nappes phréatiques restent toujours à des niveaux «très satisfaisants» sur plus de deux tiers de la France, laissant envisager une saison estivale «moins compliquée» qu’en 2023 sur le plan de la sécheresse. Juin 2024 «se classe au troisième rang des mois de juin les plus humides pour les nappes depuis 30 ans (après juin 2001 et juin 2013)», a annoncé le 12 juillet le Brgm. Au 1er juillet, 70 % des nappes métropolitaines sont au-dessus des normales, exactement comme il y a un mois, alors qu’en cette saison, le niveau a plutôt tendance à baisser sous l’effet de l’absorption de l’eau par la végétation, et de la hausse des températures. Seuls 17 % des points d’observation sont sous les normales mensuelles, encore moins qu’au 1er juin (19 %), dont 5 % à des niveaux très bas dans les Pyrénées-Orientales et une partie de la Corse, qui n’ont quasiment pas eu de pluie. En résumé, cette année, «l’état des nappes, de juin, est très satisfaisant» en raison d’une recharge 2023-2024.