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GPB DIEUZE-MORHANGE : Une conjoncture difficile

Jean-Marie Guerber et Pierre Jacquin ont présenté l’activité de la coopérative lors de l’assemblée générale du 12 décembre à Dieuze. Photo GPB
Jean-Marie Guerber et Pierre Jacquin ont présenté l’activité de la coopérative lors de l’assemblée générale du 12 décembre à Dieuze. Photo GPB

La coopérative Gpb tenait son assemblée générale, le 12 décembre, aux Salines Royales de Dieuze. L’occasion pour le président et le directeur de dresser un bilan de l’exercice clos au 30 juin 2024, qui concerne la moisson de l’été 2023.

En ouverture des travaux d’assemblée générale, Jean-Marie Guerber, président du Gpb, a, malheureusement, dressé un bilan qui ressemble à celui de l’année précédente. Il constate, en effet, qu’«il y a toujours eu des crises, mais pas toutes en même temps ! L’Europe est fragilisée face à l’Amérique qui prône le protectionnisme avec le retour de Trump, la Russie qui produit de plus en plus de céréales malgré la guerre et la Chine qui produit avec un gigantisme impressionnant. À cela s’ajoute une présidente de la Commission européenne qui sacrifie l’agriculture au profit de l’industrie dans le cadre des accords du Mercosur».

Le climat joue, bien évidemment, un rôle non négligeable dans ces crises qui s’empilent. Avec des conséquences sur les rendements des adhérents de la coopérative pour la moisson de l’été 2023.

Des rendements victimes de la sécheresse

Comme l’explique le président, «le potentiel était là, les cultures semblaient prometteuses, mais c’était sans compter sur une période de sept semaines sans pluie au moment de la floraison qui est venue tout gâcher». Mais cette baisse de rendement n’est que locale. La récolte mondiale de céréales a augmenté de 39 millions de tonnes comparée à l’année précédente déjà considérée comme record. Les prix n’ont ainsi pas pu compenser la baisse de rendements.

Pendant son discours, Jean-Marie Guerber a fait plusieurs fois allusion aux années 80. En effet, les rendements constatés sont proches de ceux réalisés il y a quarante ans, malgré tout le progrès technique enregistré depuis. Le blé, avec des grandes hétérogénéités en fonction des exploitations, se situe aux environs des 60 quintaux par hectare, avec une qualité à peine correcte et un prix qui a fortement chuté. Dans un contexte du coût des intrants qui ont, certes, baissé mais qui restent tout de même élevés face au prix des céréales, l’effet ciseaux est important.

Volumes et prix en baisse

La collecte totale de la coopérative s’élève à près de 71.000 tonnes, soit une baisse de 9 % par rapport à l’exercice précédent, identique au recul constaté ailleurs dans la région. En plus d’une diminution des quantités, les prix ont également été fortement impactés. Avec un recul de 75 et 74 euros par tonne, le blé et l’orge subissent un infléchissement qui reste moins marqué qu’en colza lequel perd 125 euros en plus des 150 euros déjà perdus sur l’exercice précédent. «Avec de tels écarts de prix par rapport à l’année précédente, la trésorerie de nos exploitations est fortement impactée», explique le président. Le résultat de la coopérative connaît une baisse anormale atteignant - 172.000 euros (11.317 € en 2022-2023), qui s’explique par une augmentation des charges financières sur les lignes CT, des engrais en stock  de l’année précédente liquidés à un prix inférieur à la provision, et une augmentation de la provision sur créances adhérents.

Une commercialisation difficile

Pierre Jacquin, directeur de la coopérative, a présenté l’exercice en chiffres. Il a débuté par le compte de résultats qui traduit un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros (- 21,96 %). La baisse s’explique principalemennt par des prix moins élevés en céréales et en engrais et une collecte en recul de 9 %. Après avoir détaillé la collecte, il a poursuivi avec les difficultés rencontrées durant la commercialisation. «Depuis plus de cinquante ans, les marchés n’ont jamais été aussi difficiles à analyser, à appréhender, à prévoir. Le poids de la géopolitique, extrêmement important, obscurcit toute vision objective, permise en théorie par les fondamentaux, c’est-à-dire offre et demande internationales».

Il explique également que «la position des fonds non commerciaux est également un gros facteur de stabilité même s’ils apportent des liquidités au marché. Entre avril et juin, le Matif blé a gagné, puis perdu 50 €/t sans raison, la demande sur le physique n’étant pas là et les stocks assez lourds».

Perspectives 2024

Le président n’a pas manqué d’évoquer les premiers éléments de l’exercice 2024-2025, dont la récolte s’est achevée avec la collecte des derniers maïs et tournesols. Après la sécheresse des dernières années, c’est l’excès de pluie que Jean-Marie Guerber relève, «1.300 mm en un an, c’est deux fois plus qu’une année normale». Ces excès d’eau ont eu pour conséquence de compliquer les semis, de perturber les désherbages d’automne, lesquels ont engendré un salissement important des parcelles. Les rendements, comparables aux années 1980, s’approchent plus de ceux des années 1960 en 2024. En effet, les blés se situent aux environs de 50 quintaux par hectare et les colzas à 30-32 quintaux. Le président évoque l’année des trois “NI” pour les blés où ni les rendements, ni la qualité, ni les prix ne sont au rendez-vous. Seul le maïs tire réellement son épingle du jeu avec des records de rendements pour la région. Pour conclure, Jean-Marie Guerber a tenu à souligner l’engagement qu’il avait pris un an plus tôt et se satisfait de l’augmentation des échanges entre la coopérative et les adhérents avec plus de tours de plaine et plus d’informations par sms aux adhérents.