«Chaque fois que les agriculteurs sont sollicités pour collecter les informations relatives aux dégâts causés par les nuisibles, ils doivent répondre avec précision». Le responsable chasse et faune sauvage de la Fdsea rappelle les enjeux du classement des “Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts”.
«La profession agricole se mobilise fortement pour contenir les dégâts aux cultures imputables à une multitude d’espèces que nous avons l’habitude de ranger dans la catégorie des nuisibles», affirme le responsable chasse et faune sauvage de la Fdsea 57. Pour Marc Schlemer, cette mobilisation professionnelle prend plusieurs formes. «En premier lieu, il est important de connaître précisément tout ce que nous avons l’habitude de définir comme nuisibles. Il est indispensable de savoir où les dégâts aux cultures sont localisés et ce qu’ils représentent précisément». Pour Marc Schlemer, «bien connaître les causes est une clef de la réussite pour minimiser les conséquences pour l’économie de nos entreprises agricoles».
Mais la mobilisation professionnelle consiste aussi à approcher l’ensemble des acteurs susceptibles d’intervenir dans la réduction des dégâts agricoles. «Nous devons solliciter très régulièrement les services de l’État, parfois directement le préfet. Nous travaillons obligatoirement avec la fédération des chasseurs ou l’association des piégeurs» rapporte Marc Schlemer. Il avoue également devoir participer à des réunions où le tour de table «n’est pas toujours acquis à la profession agricole». Les Ong ou les associations environnementalistes se retrouvent parfois à défendre des positions contraires aux intérêts agricoles. Négociation et culture du compromis sont alors de mise.
Nuisibles ou Esod ?
On ne parle plus de nuisibles, mais d’animaux classés “Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts“, les Esod. Un vocabulaire qui n’enlève rien aux conséquences économiques pour les agriculteurs victimes de ces populations. Tout le monde pense évidemment au sanglier. Surveillée comme le lait sur le feu, la dynamique des populations de sangliers en Moselle donne aujourd’hui des signes d’amélioration de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique. «Mais il y a tout le reste», avertit le responsable chasse et faune sauvage de la Fdsea, qui pointe du doigt les corvidés.
Et bien connaître les corvidés, c’est d’abord faire la distinction entre les différentes espèces qui pose aujourd’hui des difficultés. Aussi, l’élu rapporte le travail de communication qui est réalisé auprès des agriculteurs pour bien distinguer «corbeaux freux, corneilles noires et choucas». Toutes noires avec un bec et deux pattes, ses espèces doivent être différenciées. Le choucas est protégé, pas les deux autres. Mais si corbeaux freux et corneilles noires ne sont pas protégés, ils ne sont pas pour autant considérés, a priori, comme nuisibles. «Nous devons apporter la preuve des destructions de cultures et de récoltes pour chaque espèce».
Enquête systématique
Pour obtenir le classement en Esod, la Fdsea procède à des enquêtes systématiques sur l’ensemble du territoire mosellan. «Chaque hiver, nous allons à la rencontre de nos adhérents pour recueillir des déclarations individuelles pour chaque espèce identifiée comme responsable de dégâts sur nos cultures ou nos récoltes», explique Marc Schlemer. De la qualité de ce travail de recensement dépendra la solidité des arguments défendus pour aboutir au classement d’une espèce. «Et sans classement, pas de moyen de lutte», avertit Marc Schlemer. Il cite l’exemple de l’arrêté préfectoral de lutte collective contre les corvidés rendu possible par la pression de la profession agricole mais dont la légitimité repose sur le classement en Esod du corbeau freux et de la corneille noire.
Aussi, le responsable chasse et faune sauvage de la Fdsea insiste, «chaque fois que les agriculteurs sont sollicités pour collecter les informations relatives aux dégâts causés par les nuisibles, ils doivent répondre avec précision». Nous sommes actuellement en période de renouvellement des classements d’espèces nuisibles et le travail du réseau Fdsea s’avère essentiel à la bonne fin des demandes de la profession agricole.