Mobiliser son réseau et l’ensemble de ses partenaires pour accueillir un congrès, va bien au-delà de la contribution à la vie statutaire de nos organisations syndicales.
Lorsque le Bureau de Fdsea de la Moselle a relevé le défi pour porter la candidature de notre département auprès du président de la Fédération Nationale Bovine, notre préoccupation était avant tout celle de mettre en avant une filière et des éleveurs.
L’agriculture mosellane se caractérise par une forte présence des systèmes de polyculture-élevage. Son économie s’articule autour du triptyque des grandes cultures, de la production laitière et de production de viande bovine.
La Moselle est une terre d’élevage, et nous prétendons qu’elle a vocation à le rester.
Nous avons la chance d’avoir encore sur notre territoire la capacité de valoriser ces trois productions au travers de filières fortes et d’outils de transformation performants.
Pour la filière viande bovine, la coopération et les acteurs privés collectent notre production. En amont, nous pouvons souligner le travail de la coopération en matière de sélection, testage et d’insémination. Nous nous félicitons ainsi du travail d’Élitest sur le charolais sans corne, la taurellerie et à quelques kilomètres de Metz. Notre association d’éleveurs, l’Apal, s’investit sur l’émergence d’une nouvelle race bovine, la Redyblack, dont les caractéristiques attendues s’inscrivent dans les nouvelles contraintes de cette filière et cherchent à mieux coller aux attentes du marché.
Sur notre territoire, plusieurs abattoirs permettent de transformer nos animaux. Un nouveau projet, sur le nord mosellan, devrait bientôt renforcer nos capacités. Et plusieurs entreprises agroalimentaires valorisent cette production locale.
Cependant, il faut bien avouer que les éleveurs, au quotidien, doivent faire face à un environnement économique, réglementaire et climatique des plus contraignants.
Malgré ces atouts, nous faisons chaque année le constat de revenus à la traîne pour nos éleveurs.
Concernant l’environnement économique, l’embellie de ces derniers mois ne nous détourne pas de l’objectif d’une meilleure rémunération pour ces familles d’agriculteurs. Les prix de vente, à des niveaux variables, sont orientés à la hausse. Mais gardons à l’esprit plus généralement, que les soldes de gestion sont encore peu impactés par la hausse des prix de nos intrants. L’envolée des prix des intrants se prolonge. Et le risque de retournement de marché, avec pour conséquence un redoutable “effet ciseaux”, incite à la plus grande prudence. Aujourd’hui, personne n’est en capacité d’en prédire ni le moment ni l’ampleur. Nous sommes fortement tributaires du contexte géopolitique.
Quant à la pression réglementaire, je ne prendrai que l’exemple du récent classement de la quasi-totalité de notre département en zone vulnérable. Un doublement des surfaces avec le lot de contraintes que nous réserve le prochain Programme d’action national (Pan).
Et puis, il y a le climat. Après une année 2021 très pluvieuse, l’année 2022 éjecte du podium 1976 qui était jusqu’à aujourd’hui notre référence à tous en matière de sécheresse.
Dans ce contexte météorologique compliqué, les rendements de nos productions fourragères n’ont pas été satisfaisants. Nous sommes encore plus déçus des conclusions du Cngra de mi-janvier. Le système des calamités agricoles ne répond pas du tout à la réalité des conséquences subies par les éleveurs.
Malgré tout, loin de moi l’idée de renoncer à notre mission. Si nous accueillons le congrès de la Fnb en Moselle, c’est aussi pour affirmer notre volonté de permettre aux agriculteurs et aux agricultrices de vivre dignement de leur métier et de moderniser leurs exploitations en se battant pour des prix rémunérateurs.
Nous affirmons participer à la défense professionnelle dans un syndicalisme de projets.
Un seul exemple, dans le droit fil du principe de “juste prix“, la Fdsea de la Moselle s’est investie, depuis près de deux ans, dans la structuration d’une offre de productions locales, pour la restauration hors domicile, en s’appuyant sur nos professionnels et nos filières.
Nous nous sommes fixés l’objectif de développer la part des produits locaux consommés par les Mosellans, et en matière de rémunération des éleveurs, nous visons le coût de production défini par l’interprofession. Notre chantier s’inscrit pleinement dans une des priorités des élus du Département. Son Président, Patrick Weiten, a déjà fait la démonstration de son engagement personnel au service du développement de l’approvisionnement local auprès de la restauration hors domicile dont il a la gestion.
L’opération “La Baguette Mosl dans les collèges“ nous a ouvert la voie. Depuis plusieurs mois maintenant, nos chères têtes blondes consomment une baguette pétrie et cuite en Moselle. La recette est le fruit de l’expertise d’un Mof mosellan.
Pendant deux jours en Moselle, et toujours dans cet esprit d’un syndicalisme de solution, nous attendons des délégations de notre fédération et de nos invités qu’ils travaillent ardemment à relever les nouveaux défis de l’agriculture.
Bienvenue en Moselle, terre d’élevage.