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Risque chimique, ciment et contact cutané égale danger

Cicatrisation. La peau est tellement fine que plier les genoux la déchire. Photo : DR
Cicatrisation. La peau est tellement fine que plier les genoux la déchire. Photo : DR

Le ciment est régulièrement utilisé dans les exploitations agricoles pour divers travaux. Ce produit anodin peut toutefois créer des dommages importants sur les personnes. Plusieurs incidents et accidents ont, d’ailleurs, été recensés ces dernières semaines par la Caaa de la Moselle.

Le ciment humide peut causer des brûlures chimiques sur la peau : lorsque de l’eau est ajoutée au ciment, l’oxyde de calcium relativement inoffensif devient de l’hydroxyde de calcium, qui a un pH de 12-14.

Un contact momentané avec une peau intacte est peu susceptible de causer des dommages. Toutefois, un contact prolongé rend plus probable le risque de brûlure. Cette blessure à formation lente n’apparaîtra que quelques heures après l’exposition. Nombreuses sont les victimes qui n’établissent donc pas tout de suite le lien entre le ciment et la brûlure.

Pour prévenir le risque, il est important de bien porter des équipements de protection individuelle sur les parties exposées (genouillères, gants de protection chimique…). De même, il est nécessaire de bien laver à l’eau claire les zones qui auraient pu être en contact avec le produit, et de retirer rapidement tous les vêtements imbibés, le cas échéant, après les travaux.

Par ailleurs, le chrome VI contenu dans le ciment peut générer des réactions allergiques. La survenue d’allergies cutanées est favorisée par la dégradation de la peau causée par le ciment.

 

Témoignage

Un exploitant du secteur de Bitche a souhaité rapporter sa mésaventure afin de prévenir le plus de personnes possible sur les dangers du béton.

«Je fais du béton depuis de nombreuses années. Je n’ai jamais eu de soucis de brûlures par le passé. Cette fois-ci, en talochant pendant environ une heure les bordures d’une dalle à la main, à genoux sur une dalle préexistante, mais dans les jus du béton mouillé, j’ai été brûlé par le ciment. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, car les symptômes ont commencé plus tard le soir alors que nous avions travaillé en fin d’après-midi. Le soir même, mes genoux saignaient, le lendemain la peau avait disparu, au bout de 48 h la douleur était très forte, après 72 h, je me suis rendu aux urgences. L’insoutenable douleur a duré une semaine. Au bout d’un mois, une nouvelle peau très fragile s’est reconstituée, qui fissure dès que je plie les genoux. Pendant deux semaines, je n’ai rien pu faire, ni même dormir plus d’une heure d’affilée.

Une greffe de peau devait être nécessaire mais j’aurais dû être en arrêt de travail quatre à six mois, sans pouvoir marcher. En effectuant les soins correctement, je dois maintenant attendre six à huit mois avant que la peau ait de nouveau l’épaisseur nécessaire pour pouvoir plier les genoux sans qu’elle ne se déchire.

J’ai travaillé en bottes avec un pantalon doublé aux genoux, mais sans gants, et j’ai également perdu la peau de mes mains, sans douleur, certainement car je les avais rincées plusieurs fois, contrairement aux genoux. La nouvelle peau est par contre très fragile.

Le médecin des grands brûlés à Metz conseille de se rincer à l’eau claire au maximum un quart d’heure après le contact avec le béton. Si la peau comportait déjà une blessure, il faut rincer immédiatement. Les gants et bottes doivent impérativement être étanches, au risque que la réaction soit empirée.

Le service des grands brûlés est saturé de gens qui ont eu les mêmes brûlures au ciment, et trois semaines plus tard, une de mes connaissances était, elle-même, brûlée».