Sécheresse, détresse des éleveurs, renouvellement des générations, les sujets de la rentrée syndicale sont nombreux.
Pour sa sixième édition, Pays’an Fêtes a, une nouvelle fois, été la grande manifestation rurale que propose chaque année les Jeunes Agriculteurs. Succès populaire incontestable, ce rendez-vous a rassemblé, sur le site de la Mutche à Morhange, près de 8.000 visiteurs. Mais au-delà de la vaste vitrine proposée par la profession agricole à destination du grand public, ces deux journées de la fin de l’été marquent aussi la rentrée syndicale.
Ainsi, depuis la tribune où le président du jury de la finale départementale de labour proclame les résultats, se sont succédés responsables professionnels et élus des collectivités. Pour les premiers, c’est l’occasion d’un bilan à chaud de la campagne agricole écoulée et d’un inventaire des dossiers qui animent l’actualité syndicale. Pour les seconds, l’essentiel du propos tient dans un discours de soutien au secteur économique agricole. L’ensemble est clôturé par le préfet.
Des vocations à venir
On l’a dit, Pays’an Fête est un lieu de rencontre entre la profession agricole et le grand public. Une vocation rappelée par Julien Viville, «nous souhaitons aller à la rencontre des consommateurs, concitoyens, pour contribuer à une cohabitation sereine». Le président des Jeunes Agriculteurs n’oublie pas que derrière cette belle vitrine, la réalité du quotidien reste préoccupante. Et 2022 sera pour lui «au-delà des capacités d’adaptation» dont la profession a su faire preuve. Aussi, il s’est attaché à souligner les conséquences de la sécheresse et la «détresse des éleveurs». Julien Viville a également insisté auprès des élus et du préfet pour que «la demande des Jeunes Agriculteurs d’une aide à l’Ugb» soit entendue.
Parmi les points forts de l’intervention de Julien Viville, le dossier du renouvellement des générations. Loin de se satisfaire des 44 installations aidées sur l’année écoulée, «nous sommes dans la moyenne», il s’inquiète de l’écart au nombre de départs, «160 pour la même période». Aussi, le patron des Ja «souhaite que Pays’an Fête soit l’occasion de vocation à venir» pour étoffer les rangs des actifs agricoles. Pour relever ce défi, «la seule passion ne suffit pas», prévient Fabrice Couturier. Pour le président de la Fdsea, «la cote d’alerte est dépassée». Et ce ne sont pas les seules conséquences d’une météo calamiteuse qui plombent les comptes de l’agriculture.
Aides conjoncturelles
Ainsi, il fustigeait, consommateurs et élus politiques, «Ils souhaitent du local mais pas de prix et plus d’importations». Même sentence pour les décideurs européens qui «poursuivent la course vers la neutralité carbone et le zéro pollution, confisquent progressivement notre outil de production en imposant de la jachère». Pour le président de la Fdsea, il n’est «pas question de s’opposer au progrès», mais Fabrice Couturier dit «non à la décroissance». Si la Fdsea évoque la nécessité d’un accompagnement «structurant» pour les exploitations agricole, elle rappelle le travail syndical réalisé tout au long de l’été sur le déclenchement des aides conjoncturelles. Dérogations Sie et Cipan, reconnaissance en calamités agricoles, dégrèvement collectif de Tfnb et prises en charges de cotisations sociales doivent contribuer à passer cette période difficile «pour les éleveurs particulièrement, mais pas seulement».
Dans sa prise de parole, le président de la Chambre d’agriculture a enfoncé le clou sur la situation des éleveurs. «À chaque épisode de sécheresse, nous en laissons sur le bord de la route». Un propos illustré par la fonte des effectifs du cheptel bovins. Et toujours dans le registre de la sécheresse, Xavier Lerond appelait de ses vœux «une gestion intelligente de l’eau» où l’on puisse engager un débat sur le stockage hivernal des eaux de pluie, ainsi que leur utilisation au profit des cultures.
Il est de tradition que le préfet clôture les discours. Aussi, Laurent Touvet s’est attaché à un inventaire détaillé de l’accompagnement du gouvernement et des services de l’État dans cette période difficile. Il délivrait également un message d’optimisme en invitant chacun à «se projeter dans l’avenir et anticiper les besoins de la profession sur la question de la transmission». Pour le préfet de Moselle, «tout le monde doit réfléchir pour permettre à des jeunes de conforter des projets d’avenir». Les Jeunes Agriculteurs peuvent se targuer d’avoir été écoutés.