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Pourquoi les Paysans vont sauver le monde

Sylvie Brunel explique que la pauvreté est le principal ennemi de la planète, l’entrée en classe moyenne d’une population, la fait basculer vers la sensibilité environnementale. Photo Yannick DERHILLE
Sylvie Brunel explique que la pauvreté est le principal ennemi de la planète, l’entrée en classe moyenne d’une population, la fait basculer vers la sensibilité environnementale. Photo Yannick DERHILLE

Sylvie Brunel, géographe, économiste et écrivaine française est intervenue à l’issue des travaux d’assemblée générale de Lorca. Son exposé s’est concentré sur les défis qui attendent l’agriculture et sur la fierté du métier de paysans

Sylvie Brunel a commencé par exposer à son auditoire le contexte dans lequel vivent aujourd’hui les agriculteurs. Les attentes sociétales ont évolué et la France est passée du stade où il fallait produire pour nourrir la planète, depuis la période d’après-guerre, à des attentes de préservation des ressources et des idéaux environnementalistes qui poussent à la baisse de production. Cette posture a ainsi fait reculer le pays au sixième rang des exportateurs alors qu’il était deuxième en 2000. Malgré le fait qu’elle ne représente qu’1,5 % de la population, l’agriculture est le deuxième employeur de France et le troisième poste dans l’excédent de la balance commerciale.

Sylvie Brunel a démontré que c’est aujourd’hui une grande mouvance environnementale qui régit tout, politique, Pac, Europe, Green Deal, au travers de trois domaines clés : le changement climatique, la biodiversité et la transition énergétique. Mais face aux mots tels que durabilité, l’intervenante explique que «les paysages ne sont pas fixes, ils ne cessent d’évoluer et il ne faut pas parler de planète durable mais d’humanité durable. La réponse aux défis écologiques ne se fera pas sans les agriculteurs. Les terres cultivables représentent 3 % de la surface du globe et, contrairement aux idées reçues, l’agriculture est porteuse de solutions en captation de carbone».

Nourrir la planète

Sylvie Brunel évoque la période pandémique que vit la planète depuis plus d’un an. «Durant cette période, ce sont 12.000 personnes supplémentaires chaque jour qui risquent de mourir de faim à cause de la pandémie, et plus de 820 millions de personnes dans le monde qui ont faim». Face à ces chiffres, l’économiste française est convaincue qu’il va falloir continuer à produire pour nourrir près de huit milliards de personnes. Pour répondre à ce défi alimentaire, l’agriculture va devoir s’adapter avec la moitié des agriculteurs français qui prendront leur retraite dans les dix prochaines années. Le modèle agricole va donc devoir évoluer, avec des installations hors cadre familial, de la double activité ou encore des réorientations vers des productions de niches.

Sylvie Brunel conclut ses propos avec optimisme pour l’avenir de l’agriculture française. Elle souligne «qu’avec 5 % de la surface de production mondiale, la France est dans le top dix des pays exportateurs et qu’elle devra répondre au défi de l’alimentation de la planète». L’optimisme est également de rigueur pour l’élevage car «avec 3,4 milliards d’hectares dans le monde qui ne sont pas valorisables en céréales, l’élevage à encore toute sa place, sans quoi les paysages se refermeraient et tomberaient à l’abandon. Enfin, face à plus de 150 pays importateurs de céréales dans le monde, faire partie du top dix des pays exportateurs est une arme et une force pour notre sécurité alimentaire».